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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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Rome appelle la Germanie est le flanc est de la Gaule. Il y a soixante ans, Auguste a décidé de ne pas franchir la frontière naturelle qu’est le grand fleuve Rhenus – décision que lui arracha la déroute de Quinctilius Varus, lors de laquelle trois légions romaines tombèrent dans une embuscade et furent anéanties par les tribus germaines. Auguste ne s’en remit jamais. D’ailleurs c’était sans doute cette salle du trône qu’il avait coutume d’arpenter en gémissant : « Varus, Varus, rends-moi mes légions… »
    En dépit de la durée écoulée depuis le massacre, je répugnais moi-même grandement à aller séjourner là-bas.
    — Eh bien ! Falco ?
    Je tâchai d’adopter un ton neutre.
    — Je sais que la Gaule et nos provinces rhénanes ont joué un grand rôle dans la guerre civile.
    C’est la récente révolte du procurateur Vindex, en Gaule, qui avait tout déclenché en provoquant la chute de Néron. Le gouverneur de la Germanie supérieure écrasa cette révolte, mais lorsqu’il fut rappelé à Rome, Galba revendiquant le trône, ses soldats refusèrent de vouer allégeance à ce dernier lors du serment de Nouvel An. Galba mort, Othon lui succéda à Rome, mais les légions du Rhin le rejetèrent et décidèrent d’élire leur propre empereur.
    Elles choisirent Vitellius, alors gouverneur de Germanie inférieure, à qui on prêtait une réputation d’ivrogne débauché et violent – tempérament manifestement impérial d’après les critères de l’époque. Vespasien le défia depuis la Judée. Cherchant à coincer les légions de Germanie, dans les rangs desquelles se trouvaient les principaux partisans de son rival, Vespasien se mit en relation avec un chef local susceptible de fomenter une diversion. Le stratagème fonctionna… trop bien. Vespasien s’empara de la couronne impériale, mais la rébellion en Germanie prit une ampleur complètement démesurée.
    — Épisode qui connut une apogée spectaculaire à l’occasion de la révolte de Civilis, César.
    Ma prudente neutralité arracha un sourire au vieil homme.
    — Tu connais bien la chronologie des faits ?
    — Je lis la Gazette Quotidienne.
    J’adoptai son ton lugubre : l’épisode faisait partie des moments durs de l’histoire romaine.
    La défaite en Germanie avait tout bouleversé. À l’époque, Rome elle-même était une cité déchirée, mais les scènes effroyables qui se déroulèrent alors sur le Rhin dépassaient même nos propres problèmes de terreur, d’incendies et de peste. Le chef rebelle – une tête brûlée de Batave nommé Civilis – avait tenté d’unir toutes les tribus d’Europe en leur faisant miroiter je ne sais quelle impossible perspective de Gaule indépendante. Lors de la boucherie qu’il parvint à provoquer, toute une série de forts romains furent pris et incendiés. Notre flotte rhénane, qui comprenait des rameurs indigènes, passa à l’ennemi. Vetera, l’unique garnison qui résista avec un semblant d’honneur, fut contrainte de se rendre, affamée par un siège impitoyable, sur quoi les soldats se virent attaqués et massacrés alors qu’ils sortaient désarmés du fort.
    À mesure que la révolte des peuplades indigènes faisait rage dans tous les coins d’Europe, le moral de nos propres armées se détériorait. Des mutineries se mirent à éclater partout. Les officiers témoignant le plus léger soupçon d’humeur se faisaient agresser par leurs hommes. Des anecdotes incroyables circulaient à propos de commandants de légions lapidés qui prirent la fuite et se terrèrent dans des tentes, déguisés en esclaves. L’un fut assassiné par un déserteur. Deux autres exécutés par Civilis. Le gouverneur de la Germanie supérieure fut arraché à sa couche de malade et assassiné. Épisode particulièrement épouvantable, le légat du fort de Vetera, qui se rendit, fut expédié fers aux pieds par Civilis à une prêtresse influente vivant dans une contrée barbare de Germanie, en guise de cadeau. À ce jour encore, on ignorait tout de son sort. Pour finir, au plus fort des soulèvements, quatre de nos légions rhénanes vendirent tout simplement leurs services et nous dûmes souffrir l’outrage suprême : des soldats romains jurant allégeance aux barbares. Cela paraît incroyable. C’eût été impossible à toute autre époque.
    Pourtant, en cette année des Quatre Empereurs où l’Empire tout entier s’effondrait en flammes pendant que ses détracteurs le

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