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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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barbe en rouge vif, puis jura de ne plus se couper un poil tant qu’il n’aurait pas chassé tous les Romains jusqu’au dernier.
    Cette précision folklorique donnait à ma mission une touche pittoresque qui ne me plut pas du tout.
    — Exactement le genre de cinglé tribal que j’adore essayer de défier ! Il lui est arrivé de se raser, depuis ?
    — Après Vetera.
    Nous gardâmes le silence quelques minutes, repensant au siège.
    — Un fort pareil aurait dû tenir le coup.
    Justinus hocha négativement la tête.
    — Je n’y étais pas, Falco, mais tous les comptes rendus affirment que Vetera était mal entretenu et manquait d’hommes.
    Tandis que nous nous oubliions dans l’ignoble vinasse du tribun, je me rappelai avec amertume ce que j’avais entendu à propos de Vetera. Ç’avait été un double fort, mais plus du tout à la hauteur de ses capacités dès lors que Vitellius y eut prélevé d’importants détachements de vexillaires en vue de sa marche sur Rome. Le reliquat de la garnison fit de son mieux. Beaucoup d’initiatives. Mais Civilis était rompu à la technique romaine du siège. Il fit construire par ses prisonniers des béliers et des catapultes. De leur côté, les légions assiégées ne manquèrent pas d’imagination : les hommes avaient mis au point un grappin articulé capable de cueillir les attaquants et de les balancer à l’intérieur du fort. Cela dit, au moment où ils se rendirent, ils avaient vraiment mangé tous les mulets et les rats, et en étaient à se nourrir des racines et de l’herbe qu’ils arrachaient sur les remparts. Qui plus est, la guerre civile faisant rage en Italie, ils durent se sentir complètement isolés. Vetera étant l’un des forts les plus reculés au nord de l’Europe, Rome avait d’autres chats à fouetter.
    On expédia pourtant un détachement de renfort, commandé par Dillius Vocula, mais ce dernier s’y prit on ne peut plus mal. Civilis l’arrêta sans grande peine puis, muni des étendards romains dont il venait de s’emparer, il défila autour du fort de Vetera, ce qui ne fit qu’accroître l’abattement des assiégés. Plus tard, Vocula enfonça les lignes de Civilis et leva le siège, mais il fut mal accueilli par la garnison. Ses propres hommes se mutinèrent, et lui-même fut assassiné par les soldats à Vetera.
    Le fort se rendit. Une fois leur commandant liquidé, les légionnaires jurèrent allégeance à l’Empire de Gaule. Ils furent désarmés par les rebelles, on leur donna l’ordre de sortir en ordre du camp… puis ils tombèrent dans une embuscade et furent massacrés.
    — Dis-moi, Justinus, Civilis avait-il une réputation susceptible d’amener nos hommes à craindre qu’il trahisse ?
    — Je ne pense pas, répondit lentement le jeune homme, qui ne voulait pas médire du Batave. À mon avis, les légionnaires pensèrent qu’un ancien commandant de réserve de l’armée romaine respecterait leur parole. On dit que Civilis eut des mots avec ses alliés à ce sujet.
    Un nouveau silence plana entre nous.
    — Quel genre d’homme est-il ? m’enquis-je.
    — Quelqu’un de très intelligent. Une présence intense. Éminemment dangereux ! À un moment donné, la majeure partie de la Gaule plus diverses tribus de Germania libera le soutenaient, et il réussit à voyager en toute liberté à travers la Germanie inférieure entière. Il se considère comme un deuxième Hannibal… ou plutôt Hasdrubal, en fait, étant donné que lui aussi a perdu un œil.
    Je gémis.
    — Me voilà donc à la recherche d’un prince de haute taille, borgne, à longue barbe rouge vif, qui voue à Rome une haine brûlante. En tout cas, il ne doit pas passer inaperçu sur la place publique… (Je me demandai tout à coup :) A-t-il protesté aussi quand Munius Lupercus fut pris dans l’embuscade et expédié en guise de cadeau à Veleda ?
    — J’en doute. Civilis est favorable à l’autorité prophétique qu’exerce Veleda. Ils passent pour associés. Quand Civilis s’empara du vaisseau amiral de Petilius Cerialis, il l’envoya également à la prophétesse.
    — Je ne suis plus en état de te demander comment s’est produit cette catastrophe !
    J’avais entendu dire que notre général Cerialis avait ses failles. Il était impulsif et faisait régner une piètre discipline, ce qui fut à l’origine de pertes qu’il aurait pu éviter.
    — Veleda reçut donc son bateau d’apparat personnel – en plus d’un haut gradé

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