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Voyage en Germanie

Voyage en Germanie

Titel: Voyage en Germanie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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impression lorsqu’il déambulait dans la vaste cape pourpre. Sa femme avait vingt ans de moins. Dans les cercles patriciens, on a tendance à marier les filles à l’âge où elles fréquentent encore l’école. Lorsque les unions se font au nom de raisons politiques brutes, l’accent est mis sur la fraîcheur et la docilité. Les hommes de ce niveau n’ont pas droit aux alliances qu’orchestre le hasard et qui bousillent l’existence du commun des mortels. Florius Gracilis avait d’abord été marié aux alentours de sa vingtième année, quand il visait le Sénat, pour ensuite éjecter la femme en question dès que les convenances le permirent ; après quoi il s’était habilement pourvu d’une nouvelle épouse – issue d’une famille encore plus ancienne, encore plus riche –, et ce dix-huit mois auparavant. Probablement à l’époque où il commença à briguer son commandement de légion et eut besoin de passer pour un homme public probe.
    Mænia Priscilla me reçut dans un salon noir et or, le genre de pièce tellement reluisante que je ne manque jamais de repérer ma piqûre de puce de la veille. Une demi-douzaine de suivantes l’accompagnaient, jeunes filles à large front, légèrement échevelées, qui semblaient avoir été achetées en lot au marché des esclaves. Elles n’avaient pas l’air très proches de leur maîtresse, assises en deux groupes muets, brodant des ouvrages passablement mornes.
    Priscilla ne leur prêtait aucune attention. C’était une petite femme. D’un tempérament plus doux, elle aurait eu une prestance délicate. Temps et argent lui avaient été prodigués, sans toutefois parvenir à masquer sa fondamentale maussaderie. Elle arborait une expression languide, féline, qui se faisait plus dure lorsqu’elle cessait de la travailler. Mænia Priscilla était sans doute la fille de quelque obscur préteur qui ne s’éclaira que lorsque sa progéniture féminine atteignit l’âge de faire de flamboyants mariages dynastiques. À présent, elle était mariée à Gracilis. Rien de très drôle non plus, sans doute.
    Elle mit quelques minutes à s’installer au centre d’un ondoyant drapé mauve. Elle portait des perles aux lobes, des bracelets piqués d’améthystes et au moins trois tresses d’or au cou, d’autres pouvant toutefois se cacher sous l’étoffe lustrée qui l’environnait. C’était là sa panoplie du jeudi matin, complétée de l’habituelle batterie de bagues. Quelque part, dans cette quincaillerie, se trouvait une alliance d’un bon centimètre de large. Mais on peinait à la repérer.
    — Didius Falco, madame.
    — Vraiment ?
    Soutenir une conversation était par trop fatigant. Ma mère aurait mis cette molle petite chose au régime viande rouge-arrachage de navets pendant une semaine.
    — Je suis un représentant impérial.
    S’entretenir avec un envoyé de l’empereur aurait dû illuminer la matinée de la dame. De fait, vivre dans l’un des plus dangereux secteurs de l’Empire aurait enthousiasmé certaines jeunes femmes, mais je compris que la curiosité de Mænia Priscilla ne s’attachait guère aux affaires courantes. Une linotte ayant réussi à éviter le savoir. Elle méprisait les arts. Je ne pouvais me l’imaginer s’occupant de bonnes œuvres. L’un dans l’autre, en tant que conjointe de l’un des diplomates de l’Empire occupant un poste des plus en vue, elle n’avait rien de remarquable.
    — Comme ça doit être bien !
    Rien d’étonnant à ce que l’Empire craque aux entournures, ces derniers temps. Je m’abstins de réagir, mais la remarque était malvenue et inexcusable. Cette fille arborait un mélange d’arrogance et d’ignorance adolescentes qui risquait de créer des ennuis. Si Gracilis ne la surveillait pas, je lui donnais six mois avant qu’éclate un scandale avec un centurion ou un incident dans un baraquement à la suite de quoi des gens seraient précipitamment renvoyés chez eux.
    — Excuse-moi de m’ingérer dans ta tranquillité domestique. Il faut que je voie ton mari, mais il n’est pas au principia…
    — Il n’est pas ici non plus !
    Cette fois, elle riposta d’un ton vif, dans lequel transparaissait cette note triomphante qui tient lieu d’esprit à certains. Les yeux marron de mon interlocutrice me toisèrent de la tête aux pieds, ce qui n’était que justice puisque j’en avais fait autant à son égard. Elle ne voyait rien, cependant ; elle tâchait simplement de

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