Will
bientôt la fleur rosée d’un feu s’éleva au milieu de la
masse de brindilles. Avec la patience née d’une longue pratique, Angharad
entretint les flammes, les nourrissant lentement de branches plus grandes
jusqu’à ce que le feu jette des ombres mouvantes sur les parois de la grotte.
Ensuite, elle ôta ses chaussures et sa robe détrempée, tira
son sous-vêtement par-dessus sa tête puis accrocha ses habits glacés au jeu de
crochets fixés dans les murs de roche de la grotte pour qu’ils puissent sécher.
Elle déroula sa peau d’ours préférée près du feu grandissant et s’y installa.
Les yeux fermés, elle s’abandonna à la chaleur bienfaitrice qui s’infiltrait
dans ses vieux os.
Au bout d’un moment, Angharad se releva et, après s’être
enveloppée d’une cape sèche qu’elle gardait dans un panier, entreprit de se
préparer un modeste repas en chantant.
Ô Sage Chef,
Roc et Rédempteur,
Dans mes
actes, dans mes paroles, dans mes vœux,
Dans ma
raison et dans l’accomplissement de mes désirs,
Tu es là.
Dans mon
sommeil, dans mes rêves, dans mon repos,
Dans mes
pensées, dans mon cœur et dans mon âme toujours,
Tu es là.
Et puisse Ton
princier Fils toujours résider,
Oui !
toujours mon cœur et mon âme.
Puisse le
glorieux Fils longtemps attendu demeurer en moi.
Après avoir ôté le couvercle d’une jarre, elle mit une
double poignée de farine d’orge dans un bol de bois et y ajouta quelques
gouttes d’eau ainsi qu’un peu de saindoux puisé dans le sac de cuir qu’elle
avait apporté avec elle. Elle pétrit la pâte et la mit de côté pour la faire
reposer le temps qu’elle remplisse sa bouilloire et la mette sur le feu. Puis
elle façonna des petits gâteaux et les posa sur les pierres rondes qui
entouraient le feu.
Alors, en attendant que l’eau bouille et que les gâteaux
finissent de cuire, elle reprit sa chanson…
Dans mon
sommeil, dans mes rêves, dans mon repos,
Dans mes
pensées, dans mon cœur et dans mon âme toujours,
Tu es là.
Toi, flamme
brillante devant moi,
Toi, étoile
éclairante au-dessus de moi,
Toi, sentier
régulier sous mes pieds,
Et Toi,
solide bouclier protecteur,
Aujourd’hui,
ce soir et à tout jamais.
Ce jour,
cette nuit et pour toujours Viens à moi, ô Jésus…
Jésus, mon
Druide et ma Paix.
Elle se reposa un peu, écoutant les flammes dévorer le
combustible et l’eau chauffer dans la bouilloire. Quand l’eau entra en
ébullition, elle se réveilla et retourna les gâteaux. Puis elle se releva, alla
prendre une poignée d’herbes sèches et de racines dans une de ses nombreuses
jarres, et jeta le tout dans le bain fumant. Elle retira la bouilloire du feu
pour laisser le mélange macérer et se refroidir.
Quand ce fut prêt, elle versa un peu de potion dans un bol
de bois et la but, savourant l’effet relaxant de la bière qui atténuait la
raideur de ses vieux muscles. Elle mangea quelques gâteaux et sentit ses forces
revenir. La chaleur du feu et de la nourriture, combinée aux efforts des
derniers jours, la rendait somnolente.
Avec force bâillements, elle se releva et alla mettre un peu
plus de bois à côté du foyer pour en avoir à portée de main. Puis, après avoir
couvert le feu pour la nuit, elle s’allongea pour dormir. Elle s’étendit sur la
peau d’ours, tira sa cape sur elle et y ajouta une couverture confectionnée
dans la peau d’un jeune daim. Tout cela n’avait aucune signification
particulière, mais, à l’instar des sages qui appréciaient la peau de bœuf pour
ses qualités propices aux rêves et aux visions, Angharad avait toujours eu de
bons résultats avec cette combinaison spécifique.
Aussitôt, l’épuisement dû à sa longue promenade la submergea
et l’entraîna dans les profondeurs de l’inconnu. Elle s’endormit, les paroles
de sa chanson résonnant encore dans son esprit et son cœur…
Dans mon
sommeil, dans mes rêves, dans mon repos,
Dans mes
pensées, dans mon cœur et dans mon âme toujours,
Tu es là.
Toi, flamme
brillante devant moi,
Toi, étoile
éclairante au-dessus de moi,
Toi, sentier
régulier sous mes pieds,
Et Toi,
solide bouclier protecteur,
Aujourd’hui,
ce soir et à tout jamais.
Elle était venue à sa grotte pour rêver. Elle était venue
pour réfléchir et passer du temps seule, loin de Bran et des autres, pour
discerner les voies du possible qui s’ouvraient devant eux. Après la dernière
embuscade,
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