Will
renoncerai à mes chiens – ils nous ont aidés à survivre tous ces
jours passés. »
Rien que Manawyddan puisse dire ne détournerait Pryderi de
son projet. Le jeune guerrier se dirigea résolument vers l’étrange forteresse
et, une fois devant, regarda alentour. Il ne découvrit ni homme ni bête ni
sanglier blanc, ni ses bons chiens de chasse, ni même d’habitations ou même de grand-salle
à l’intérieur du caer. La seule chose qu’il vit au centre de la vaste cour vide
était une fontaine entourée d’une maçonnerie de marbre. Près de la fontaine se
trouvait une coupe d’or au dessin exquis, suspendue au-dessus du bloc de marbre
au moyen de quatre chaînes ; mais les chaînes montaient dans les airs, et
il ne pouvait pas en voir la fin.
Subjugué par la beauté remarquable de la coupe, il marcha à
grands pas jusqu’à la fontaine et étendit le bras pour toucher sa surface
brillante. Sitôt ses doigts en contact avec l’or, cependant, ses mains
restèrent collées à la coupe et ses deux pieds à la dalle sur laquelle il se
tenait. Il voulut crier, mais la faculté de parler l’avait quitté, de sorte
qu’il resta muet.
Manawyddan, pendant ce temps, attendait son ami à l’entrée
du caer, se refusant à y pénétrer. Tard dans l’après-midi, lorsqu’il fut
certain de ne pas voir réapparaître Pryderi ou les chiens, il repartit le cœur
triste en direction du campement. Quand il y arriva d’un pas traînant, tête basse,
sa lance raclant la terre, Rhiannon le dévisagea. « Où est mon fils ?
Et incidemment, où sont les chiens ?
— Hélas, répondit-il, tout ne va pas bien. Je ne sais
pas ce qui est arrivé à Pryderi et pour comble de malheur, les chiens ont
disparu eux aussi. » Et il lui parla de l’étrange forteresse et de la
détermination de Pryderi d’y pénétrer.
« Vraiment, dit Rhiannon, vous vous êtes montré un bien
piètre camarade pour l’excellent ami que vous avez perdu. »
Sur ces mots, elle jeta sa cape autour de ses épaules et
partit pour le caer, bien décidée à sauver son fils. L’atteignant au moment
précis où la lune se levait, elle vit que la porte de la forteresse était
grande ouverte, ainsi que Manawyddan le lui avait dit ; de plus, l’endroit
était sans protection. Elle passa la porte, et aussitôt qu’elle fut entrée dans
la cour elle aperçut Pryderi qui se tenait là, les pieds ancrés à la plaque de
marbre, les mains fixées sur le bol. Elle se précipita à son secours.
« Oh, mon fils ! Que fais-tu ici ? »
s’exclama-t-elle. Sans réfléchir, elle lui prit la main et tenta de le libérer.
À l’instant où elle toucha la coupe, cependant, ses deux mains s'y collèrent à
leur tour et ses pieds se soudèrent au marbre. La reine Rhiannon était piégée,
elle non plus ne pouvait crier pour appeler à l’aide. La nuit tomba sur le
caer. Mais regardez, écoutez ! Un puissant roulement de tonnerre retentit
alors et une brume brillante enveloppa la forteresse, si épaisse quelle
disparut.
Comme Rhiannon et Pryderi ne revenaient pas, Cigfa, fille de
Gwyn Gloyw et épouse du jeune Pryderi, voulut savoir ce qui leur était arrivé.
À contrecœur, Manawyddan lui relata toute l’histoire, après quoi Cigfa pleura
son mari et se lamenta sur cette existence qui ne valait pas mieux que la mort.
« J’aurais préféré être enlevée avec lui. »
Manawyddan la regarda avec incrédulité. « Vous avez
tort de vouloir votre mort, ma dame. Dieu m’en est témoin, je jure de vous
protéger jusqu’à mon dernier souffle en mémoire de Pryderi et de ma chère
épouse. N’ayez pas peur. Je m’occuperai de vous autant que j’en suis capable,
aussi longtemps que Dieu voudra que nous restions dans ce misérable
état. »
Et la jeune femme fut rassurée. « Je vais vous prendre
au mot, père. Qu’allons-nous faire ?
— J’y ai réfléchi, dit Manawyddan, et aussi vrai que je
le déplore, je crois que nous ne pouvons plus rester en ces lieux insalubres.
Nous avons perdu nos chiens, et sans leur aide pour chasser, nous ne pourrons
survivre longtemps, quels que soient nos efforts. Bien qu’il m’en coûte de le dire,
je crois que nous devons abandonner le Dyfed et partir pour l’Angleterre.
Peut-être y trouverons-nous un moyen de subvenir à nos besoins.
— Si c’est ce qui vous semble le mieux, qu’il en soit
ainsi », répondit Cigfa à travers ses larmes ; car elle répugnait à
quitter l’endroit où
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