Will
qui avait compris la majeure partie de
la discussion, a joint ses mains en poussant un petit cri de joie. « Dieu
soit loué ! a-t-elle soupiré.
— Voyons, mon seigneur, a protesté celui qui s’appelait
Leicester. Vous n’avez pas l’intention…
— Gardez votre calme, l’a averti William. Je ne sais
pas encore ce que j’ai l’intention de faire. Avant tout, je dois savoir ce que
mon espiègle ami Bran ap Brychan attend de moi. » Puis, à Bran :
« Vous espérez déjà beaucoup, que demandez-vous pour ces
traîtres ? »
Tous les yeux se sont braqués sur Bran lorsque Jago lui a
traduit les paroles royales. D’une voix ferme, il a répondu : « Je
vous laisse juge de leur punition, sire. Pour ma part, je ne demande que la
restitution de mes terres et la reconnaissance de mon droit à gouverner mon
peuple en paix.
— Vous demandez beaucoup, voleur, a fait remarquer le
deuxième noble.
— Ce n’est pourtant pas plus que mon dû.
— Et qu’est-ce qui nous dit que cette lettre est
authentique ? a observé le jeune chevalier.
— Ne faites pas l’âne, a grogné le roi. Elle l’est. Cet
imbécile de De Braose y a apposé son sceau. Je ne le sais que trop bien. Nous
devons à présent penser au coup suivant, et en vitesse. Nous avons un jour,
probablement moins, avant que les autres n’arrivent en force. Nous devons
œuvrer prestement si nous voulons nous sortir du piège qu’ils nous ont
tendu. »
Le roi William a plié le parchemin, l’a glissé sous son
bras, puis s’est avancé jusqu’à Bran en lui tendant la main. « Mes
remerciements et mon amitié. Vous et vos hommes êtes pardonnés sur-le-champ de
tous vos méfaits dans cette affaire. Venez, mon ami, nous allons nous asseoir
et rompre le jeûne ensemble. Ensuite, nous déciderons quoi faire de ceux qui
veulent me voler mon royaume. »
CHAPITRE 43
Toutes ces palabres avec le haut et puissant étaient
pénibles pour le simple forestier que j’étais, je peux vous le dire. Le vieux
Will a eu son comptant de Ffreincs jusqu’à la fin de ses jours, et même trois
fois plus. Si le dernier de ces étrangers au visage chevalin devait mettre les
voiles une bonne fois pour toutes en direction de la Normandie, ce fils de
Bretagne chanterait de joie comme une alouette jusqu’à ce que mort s’ensuive.
Mais pour l’instant, les os de nos cous se trouvaient à la merci de Normands de
toute nature, et la plupart d’entre eux avaient de l’acier affûté près de la
main.
Ça ne me faisait pas moins regretter le réconfort de la
forêt, pour sûr.
Et je n’étais pas le seul à grincer des dents. Le pauvre
Siarles était à peu près aussi agité qu’un têtard dans un baril d’anguilles. Il
ne pouvait ni s’asseoir ni rester debout, et bondissait sur ses pieds à chaque
respiration pour courir à la porte voir si des Ffreincs ne se cachaient pas
derrière, prêts à fondre sur nous. Bien que nous puissions entendre des hommes
se déplacer dans le palais, à l’intérieur comme à l’extérieur, à mesure que les
nobles arrivaient pour leur conseil, ils nous laissaient tranquilles. La
matinée a passé, et l’attente a commencé à nous miner.
Pour ma part, les élancements dans ma main et le labeur des
quelques jours précédents me retournaient comme une meule, aussi me suis-je
pelotonné dans un coin pour fermer les yeux.
« Nous devrions aller voir ce qui se passe, ai-je
entendu Mérian dire.
— Oui, a répondu Iwan. Bran pourrait avoir besoin de
notre aide. »
Tous deux se préparaient à aller voir ce qu’ils pourraient
découvrir, Siarles se faisait du mauvais sang et Cinnia – trop effrayée
pour savoir que faire – était venue s’asseoir à côté de moi, quand la
porte s’est ouverte et Bran et Jago sont entrés dans la pièce avec nonchalance.
Nous avons couru pour les accueillir. Avant qu’aucun d’eux
puisse parler, Iwan a fondu sur eux. « Alors ?
— Qu’est-ce que le roi a dit ? a demandé Mérian.
Va-t-il nous aider ?
— Va-t-il nous rendre nos terres ? a ajouté
Siarles en se joignant au groupe resserré autour de Bran. Quand allons-nous
pouvoir partir ? »
Je me suis réveillé, Cinnia m’a aidé à me relever, et nous
avons rejoint les autres.
« Allez, Bran, a supplié Iwan. Qu’est-ce que le roi a
dit ? »
Notre seigneur a poussé un soupir de résignation. « Il
a dit beaucoup de choses. Pas toutes bienséantes, ou même raisonnables. »
La
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