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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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eut terminé la lettre et commencé à énumérer
les signatures à voix haute, William grinçait tellement des dents qu’on aurait
dit un bruit de meuleuse.
    « Sang et tonnerre ! a-t-il hurlé lorsque
l’ecclésiastique s’est tu. Pensent-ils pouvoir se débarrasser de moi comme un
vieil os rongé ? » Il s’est tourné vers les deux chevaliers qui
l’accompagnaient et les a foudroyés du regard. « C’est de la trahison,
entendez-moi bien ! Je ne le supporterai pas davantage. Par la Vierge,
certainement pas ! »
    Bran, qui avait bien observé la réaction de William le
Rouge, a lancé un regard à Mérian, qui lui a répondu par un petit sourire
discret. Droit comme un I dans sa robe noire de prêtre, les mains croisées
devant lui pour attendre le jugement royal, il dégageait en cet instant plus de
noblesse que le monarque anglais, dont le visage portait encore les marques
rougeaudes d’une longue marche. Le roi a continué de fulminer et d’éructer un
moment, puis, comme on pouvait s’y attendre d’un gars pareil, il a rapidement
poursuivi sur le seul sujet d’importance : comment en finir avec ses
ennemis. « De quelle manière vous êtes-vous procuré cette lettre ?
a-t-il demandé en récupérant le parchemin des mains de l’ecclésiastique. Où l’avez-vous
eue ? »
    Bran, aussi calme et imperturbable qu’une colombe dans sa
volière, a répondu simplement : « Je l’ai volée, sire.
    — Il l’a volée ! s’est écrié William quand les
paroles de Bran lui eurent été traduites. Ha ! J’aime ça ! Il l’a
volée, par la Croix !
    — À qui l’avez-vous volée ? a demandé un des
chevaliers en s’avançant.
    — Nous l’avons trouvée parmi les marchandises envoyées
en Elfael par le baron de Braose à son neveu, le comte Falkes. La lettre, ainsi
qu’une paire de gants et un anneau papal, a été dérobée au cours d’une attaque
de chariots de provisions.
    — Vous avez volé des chariots ? s’est étranglé le
chevalier.
    — Tout juste. Les autres articles ont été rendus à de
Braose, avec une copie conforme de la lettre qui vient d’être lue. Vous avez
devant vous l’original, et ils ne sont pas plus avancés. »
    Le chevalier dévisagea Bran, perplexe. « Du vol, et
vous vous prétendez prêtre. Et vous osez l’admettre ?
    — Je ne suis pas celui que vous croyez, a répondu l’énigmatique
Gallois. Je m’appelle Bran ap Brychan, souverain légitime de l’Elfael. J’ai été
dépossédé de mes terres par la tromperie du baron de Braose. Le jour où mon
père est venu prêter fidélité à Votre Majesté, le baron l’a fait tuer et a
massacré toute sa garde. Il a placé son neveu, le comte Falkes de Braose, sur
nos terres, et lui fournit depuis soldats, argent et provisions pour l’aider à
établir son autorité. Ensemble, ils ont réduit mes gens en esclavage et les ont
forcés à construire des forteresses depuis lesquelles ils peuvent les opprimer
un peu plus encore. Ils nous ont contraints, moi et mes fidèles, à vivre dans
la forêt comme des hors-la-loi sur la terre même que notre peuple possédait
depuis des temps immémoriaux. Tout cela n’a été rendu possible qu’avec la
complicité du cardinal Ranulf de Bayeux, qui agit avec la bénédiction et
l’autorité de la couronne, au nom même du roi. » Bran a marqué une pause
le temps de laisser sa dague faire mouche, puis a conclu : « Je suis
venu devant vous en ce jour pour échanger les noms des traîtres…» Il a pointé
un doigt sur la lettre, que le roi serrait toujours dans ses griffes. «… contre
la restitution de mon trône et la libération de mon peuple. »
    Brisant le silence provoqué par sa revendication vigoureuse,
Bran a ajouté : « Un trône pour un trône – un anglais pour un
gallois. Un échange équitable, je pense. Et justice sera rendue. »
    Oh, c’était brillant ! Je me sentais gonflé d’orgueil
comme devant un soleil levant qui m’aurait baigné de sa chaleur et de sa
gloire. Pas moins.
    « Espèce de coquin éhonté et impudent ! a grondé
le plus vieux des deux chevaliers. Vous vous tenez devant votre roi et vous
osez insinuer…
    — Leicester ! a crié le roi William. Il
suffit ! Cet homme m’a rendu un fier service, et malgré des modalités,
disons, discutables…» Il s’est de nouveau tourné vers Bran. «… je l’honorerai
dans le même esprit que celui dans lequel il a été rendu. »
    À ces mots, Mérian,

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