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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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quelque chose à manger ici, ce serait fort
miséricordieux de votre part.
    — Je m’en occupe », a répondu le chanoine en se
retirant.
    « Ça s’est bien passé, a remarqué Bran avec
enthousiasme.
    — Par les ossements de Job, Bran, a marmonné Iwan. Tu
n’as peur de rien. Comment peux-tu penser à manger dans un moment pareil ?
    — J’ai faim.
    — Je suis d’accord avec Iwan, a dit Siarles. Je
préférerais cent fois un bon vieux combat de derrière les fagots. Rôder ainsi
autour du camp ennemi me hérisse les poils.
    — Du calme, les garçons, a dit Mérian d’une voix
altérée par ses dents en bois. Tout ce que vous devez faire est de garder vos
yeux ouverts et vos bouches fermées. Laissez Bran s’occuper du reste. » Sa
prompte défense a arraché un sourire à notre seigneur. « Quant à toi,
fais-nous sortir d’ici dans le même état que nous y sommes entrés, et je
réfléchirai peut-être à l’idée de me marier avec toi.
    — Oh, si je pensais que c’était possible, mon amour,
a-t-il répondu en lui prenant la main et en l’embrassant, tu serais stupéfaite
de voir ce que je peux accomplir. »
    De quelle manière cette petite danse aurait pu se
poursuivre, nous ne le saurons jamais, car à ce moment-là la porte s’est
ouverte et trois domestiques sont entrés dans la pièce, les bras chargés de
pain, de saucisses et de pots de vin coupé d’eau. Et sur leurs talons, nul
autre que le roi William d’Angleterre, (bien) en chair et en os. Nous l’avons
tout de suite reconnu : ses cheveux rouge flamboyant, son teint rougeaud,
ses jambes trapues légèrement arquées, son ventre énorme et ses bras de
bœuf – tout ce qu’on disait de lui était vrai. De qui d’autre pouvait-il
s’agir ?
    Deux nobles accompagnaient le roi et le chanoine Laurent,
qui semblait incapable de se tenir loin des opérations.
    Le roi d’Angleterre était plus jeune que je l’avais imaginé,
mais la vie qu’il menait – tous ces combats, toute cette boisson, et que
sais-je encore – se payait cher. Toujours est-il que je le trouvais
impressionnant : avec ses longs bras épais, ses lourdes épaules et sa
poitrine bombée, il devait faire un ennemi effrayant sur un champ de bataille.
Ses courtes jambes étaient légèrement arquées, signe d’une vie passée en selle,
tout comme celles de son père avaient la réputation d’avoir été, et tout comme
son père ses cheveux étaient roux, mais commençaient à grisonner et à se
raréfier. Il ressemblait à ces chiens de combat que je pouvais voir sur les
places de marché, où leurs propriétaires leur faisaient combattre des ours ou
des taureaux pour les parieurs d’un jour de fête.
    Oh, il avait livré quelques combats, notre satané William le
Rouge, et en avait gagné sa part, pour sûr. Tandis qu’il pénétrait d’un pas
lourd dans la pièce, ses yeux de fouine injectés de sang parcourant en un
instant les lieux de droite à gauche, on eût dit qu’il s’attendait à tomber sur
une armée ennemie. Pareil à un bouledogue, décidément, il ne semblait que trop
prêt à donner un coup de dents à quiconque se mettrait sur sa route.
    «  Que signifie cette intrusion impolie ?*  »
a tonné le roi en se hérissant. Il parlait vite, et j’avais du mal à comprendre
sa voix quelque peu pincée.
    «  Pax vobiscum, meus senior rex regis, a dit frère
Alfonso en s’inclinant respectueusement.
    — Du latin ? » s’est étonné le roi. Même moi
je pouvais le comprendre. « Du latin ? Jésus Marie Joseph, que
quelqu’un lui dise de parler français.
    —  Paix, mon seigneur* », a repris frère
Alfonso d’un ton doucereux, avant de poursuivre les présentations.
    « Quand vous saurez pourquoi nous sommes venus, a dit
Bran en prenant place devant le roi tandis que Jago traduisait ses paroles en
français, vous nous pardonnerez cette intrusion.
    — Vraiment, par la Croix ? a grondé le roi.
Essayez toujours. Mais je vous préviens, je n’ai pas le pardon facile, et
jamais pour les imbéciles qui me font gaspiller mon temps !
    — S’il est stupide d’essayer de sauver votre trône, a
répondu Bran d’une voix si tranchante que le roi ne pouvait se méprendre, eh
bien soit. J’ai reçu qualificatifs bien pires.
    — Qui êtes-vous ? a demandé le roi.
Leicester ? Warwick ? Connaissez-vous cet homme ?
    — Non, mon seigneur, a répondu le plus jeune des deux
chevaliers. Je ne l’ai jamais vu

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