Will
effleuré son front et s’est pris dans ses cils sombres.
Elle a cligné des yeux et les a levés pour regarder la neige qui commençait à
tomber doucement autour de nous. Dieu me pardonne, je n’ai pas fait attention à
la neige. J’ai juste vu Mérian.
« Est-ce qu’elle l’est à ce point ? » Odo
veut savoir. Sa question me sort de ma rêverie et je me rends compte que je
divague depuis un petit moment.
« À ce point quoi, mon gars ?
— Est-elle très belle – aussi belle qu’on le
dit ?
— Oh, mon bonhomme, elle l’est et plus encore. Ce n’est
pas seulement son visage, ses cheveux ou son port parfait – c’est tout
cela et plus encore. C’est une sacrée belle femme, et je rosserai quiconque
diffamera son nom. Elle est née pour devenir reine – et s’il y a un Dieu
dans le ciel, elle le sera.
— Dommage, renifle Odo. Avec des hommes comme vous pour
la protéger, je ne miserais pas la moustache d’un rat sur elle. Elle a de
grandes chances de partager le nœud coulant de votre Rhi Bran. »
Oh, cela me rend furieux. « Écoute-moi bien, espèce de
petit pot de pus en robe de prêtre, lui dis-je d’une voix blanche. Ce n’est pas
encore fini, loin de là. Donc si tu as d’autres remarques fulgurantes de ce genre,
garde-les sous ta robe. » Fatigué de sa présence, de mon emprisonnement,
exaspéré par la douleur qui brûle dans ma jambe blessée, je me laisse aller sur
ma paillasse crasseuse et détourne le visage.
Odo reste silencieux un moment, il a plutôt intérêt, puis
dit : « Désolé, Will, je n’avais pas l’intention de vous offenser. Je
voulais seulement dire…
— Peu importe. Relis-moi le dernier passage. »
Il s’exécute, et nous poursuivons.
La neige était tombée toute la nuit. À notre réveil,
l’épaisse couche de duvet blanc qui recouvrait la forêt faisait plier les
branches et les jeunes arbres sous son poids. Notre petit village de huttes
basses reposait sous ce linceul, presque entièrement caché. Il était tôt. Le
soleil se levait à peine lorsque nous avons rassemblé notre équipement et
finalisé nos préparatifs.
Après un rapide repas de pain noir, de lait caillé et de
pommes, nous nous sommes rassemblés pour recevoir nos ordres de marche.
« Tiens, a dit Siarles, en me tendant ce qui
ressemblait à un paquet de chiffons recouverts d’écorce, de brindilles et de
feuilles, mets ça. »
Après avoir pris le paquet, je l’ai secoué puis l’ai tenu
devant moi. « Une cape ? » Je n’en aurais pas mis ma main à
couper. Longue, en lambeaux, brun grisâtre de tous les petits résidus de forêts
qui s’y accrochaient, elle ressemblait à la peau d’une fantastique créature des
bois fille des arbres et des fougères.
« Nous les portons quand nous nous déplaçons en forêt,
m’a-t-il expliqué en ramenant un vêtement semblable autour de ses épaules.
Bonne protection. »
Les êtres vivants – à deux ou quatre pattes –
deviennent difficilement visibles en plein cœur de la forêt. N’importe quel
forestier vous le confirmera. En portant ces capes, un gars deviendrait presque
impossible à remarquer même pour des yeux habitués à traquer des pistes le long
des sentiers enchevêtrés de denses broussailles dans la mauvaise lumière de la
forêt. Néanmoins, l’âne bâté que j’étais voyait un défaut dans la cuirasse.
« Il a neigé, ai-je dit.
— Tu as remarqué, s’est moqué Siarles. Oh, tu es
sacrément perspicace, pas d’erreur. » Il m’a indiqué un panier dans lequel
les autres fouillaient. « Au travail. »
Le panier était rempli de collets de mouton, d’écorces de
bouleau et de petits morceaux de lin blanchi. Nous avons fixé le tout aux capes
à capuchon caractéristiques du Grellon pour les adapter à la neige.
Un des hommes, Tomas – un petit Gallois au pas
léger –, m’a aidé avec la mienne, puis l’a installée correctement sur mes
épaules avant d’ajuster le capuchon tandis que je tirais sur les lacets. J’ai
fait de même pour lui, et Iwan est passé parmi nous avec des bois d’arc, des
cordes et des faisceaux de flèches. Après avoir mis les cordes dans la bourse
de cuir à ma ceinture, j’ai lancé le sac sur mes épaules. Au signal de Bran,
nous avons formé les rangs derrière Iwan, faisant de notre mieux pour suivre
son rythme – une tâche déjà difficile dans le meilleur des cas, mais
rendue moins aisée encore par la neige.
Au
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