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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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Bran s’est adressé à nous pour
nous délivrer ses dernières instructions. Mon propre rôle n’était ni très
exigeant, ni particulièrement dangereux aussi longtemps que les choses se
passaient selon le plan. Je devais longer la route jusqu’à une position un peu
au sud de celle des autres pour y attendre le chariot de fournitures. Je devais
rester hors de vue et me tenir prêt à intervenir avec mon arc si les choses
dégénéraient.
    Juste avant de nous faire rejoindre nos positions, Bran a
dit : « Ne laissez personne penser que nous le faisons pour nous
seuls. Nous le faisons pour l’Elfael et son peuple depuis trop longtemps
opprimé. Que Dieu ait pitié de nos âmes. Amen. »

CHAPITRE 10
    « Amen ! » Après avoir lié nos vies à celle
de notre roi, nous sommes restés là un moment, à écouter le silence des bois
sous la neige tombante. Et il y avait bien assez pour inciter quelqu’un à la
réflexion. Certains d’entre nous allaient peut-être mourir avant la fin de la
journée, et c’est une pensée susceptible de faire réfléchir un homme à deux
fois.
    « Vous l’avez entendu, les gars, a dit Iwan. Au
travail. » Nous nous sommes tous dispersés dans la forêt.
    J’ai longé le bord de la route sur quelques dizaines de pas,
où j’ai trouvé une bonne position derrière le tronc pourrissant d’un pin mort.
Il gisait au sommet d’un petit talus donnant sur la route, avec une vue dégagée
sur l’endroit où notre petit accueil aurait lieu. Essayant de ne pas trop
déplacer de neige, je me suis fait un petit nid en entassant quelques feuilles
sèches et des branches de pin, puis j’ai glissé le bois de mon arc à
l’horizontale le long du pin, pour le protéger au mieux de la neige tout en le
gardant à portée de main. Puis je me suis accroupi au milieu des branches et de
la fougère. Je n’avais pas trop à m’inquiéter des traces révélatrices que
j’avais pu laisser, car la neige continuait à tomber, de plus en plus fort à
mesure que le matin avançait. À midi, nos empreintes avaient été recouvertes,
ne laissant aucune trace de notre passage. Le monde entier reposait sous une couche
immaculée de blanc lumineux.
    Installé dans mon petit nid, j’ai regardé les flocons tomber
en tournoyant, neige sur neige, sans jamais s’arrêter. Le jour est passé dans
le silence, et à part quelques oiseaux et écureuils, je n’ai pas vu le moindre
mouvement près de la route. Tout était si tranquille que j’ai commencé à me
demander si les soldats chargés d’escorter le convoi de fournitures n’avaient
pas préféré interrompre leur voyage et décidé de se poser quelque part le temps
qu’il arrête de neiger. Peut-être que le petit Gwion Bach avait compris de
travers, et qu’aucun convoi n’allait passer dans le coin.
    La lumière du jour a commencé à faiblir lorsque la neige
s’est mise à tomber plus fort. Bien au chaud sous ma cape, tel un coq dans un
pigeonnier, j’ai somnolé un peu la façon d’un chasseur, en alerte malgré ses
yeux fermés, tuant le temps dans mon petit recoin à moitié abrité…
    … quand l’odeur de fumée m’a réveillé.
    J’ai regardé autour de moi. Rien n’avait changé. La route
était toujours vide. Il n’y avait aucun signe d’un quelconque passage ; la
neige tombait encore en gros flocons mous. Il faisait plus sombre à
présent ; la lumière hivernale diminuait rapidement pour laisser place au
crépuscule.
    C’est alors que je l’ai entendu : le léger tintement
d’une sellerie de cheval.
    J’ai extirpé une corde sèche de ma poche, et je remontais
mon arc quand le son a recommencé. J’ai balayé la neige du sac de flèches et
l’ai ouvert. Dieu me bénisse, il y avait neuf traits noirs à l’intérieur –
noirs depuis la plume de corbeau jusqu’à la pointe en pierre. Après en avoir
disposé quatre à la verticale le long du tronc de l’arbre devant moi, j’ai
soufflé doucement dans mes mains pour les réchauffer.
    Oh, on finit par prendre des crampes à force d’attendre dans
la neige. J’ai essayé de dégourdir un peu mes membres raides sans trop faire de
tapage.
    Le son est réapparu, de même que la légère odeur de fumée.
Je n’ai pas eu le temps de m’en étonner, car au même instant deux cavaliers ont
fait leur apparition. La neige atténuait tout bruit à l’exception des cliquetis
de sellerie et des bruits de sabots arpentant le sentier cotonneux. De vrais
colosses –

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