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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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clairière que nous avons
croisée, je me suis arrêté pour prendre position. « Nous pouvons les avoir
ici, mon seigneur. Je m’occupe du premier, vous prenez le deuxième.
    — Je n’ai pas d’arc, Will. Ce soir, nous les laissons
vivre.
    — Ils ne nous rendront pas la pareille s’ils nous
attrapent. Ça ne fait aucun doute.
    — Tu n’as pas tort », a concédé Bran. Disparus, la
cape emplumée et le casque au long bec ; vêtu de sa tunique noire et de
son pantalon habituels, il frissonnait légèrement de froid. « Considère
juste ça comme une des nombreuses choses qui nous rendent meilleurs
qu’eux. »
    On pouvait entendre nos poursuivants se frayer un chemin
dans les broussailles. Ils se rapprochaient à chaque battement de cœur.
    Bran a souri et m’a adressé un clin d’œil ; la forme
désincarnée de son visage flottait dans l’obscurité. « Mais ça ne signifie
pas que nous ne pouvons pas nous amuser un peu à leurs dépens. » Tournant
les talons avec légèreté, il a ajouté : « Viens, Will, donnons-leur
de quoi raconter quand ils rejoindront leurs camarades au château de De
Braose. »
    Sur ce, il a voleté au loin. J’ai jeté un coup d’œil
par-dessus mon épaule, puis l’ai suivi dans la forêt. Je l’ai rattrapé sur le
sentier quelques dizaines de pas en contrebas, où il s’était arrêté près d’un
antique chêne pour tirer sur un morceau de lierre. « C’est là que ça
commence », m’a-t-il dit, tandis qu’une corde serpentait vers le sol
depuis une branche au-dessus de nos têtes. « Reste là où tu es et ne fais
plus aucune trace. »
    Je me suis exécuté. Bran a enroulé l’extrémité de la corde
autour d’un de ses poignets et a tiré dessus. Elle s’est aussitôt tendue. Il a
tiré de nouveau et l’extrémité d’une échelle de corde est tombée.
    « Vas-y, Will, monte, m’a-t-il dit en me passant
l’échelle. Je vais te la tenir, mais fais vite. »
    Après avoir lancé mon arc, j’ai empoigné l’échelon le plus
haut que je pouvais atteindre et j’ai entrepris de me hisser, gravissant non
sans mal l’échelle qui se tordait en tous sens comme un serpent furieux sous
mon poids. Les dents serrées, j’ai tenu bon. Après quelques mètres de grimpée
laborieuse, j’ai fini par atteindre la grosse branche. « Remonte
l’échelle ! » m’a chuchoté Bran avec urgence. Les hommes du shérif
étaient si près qu’il ne pouvait pas parler plus fort sans qu’ils l’entendent.
    « On a le temps, ai-je chuchoté derrière moi.
Attrapez-la, je vais vous remonter. »
    Mais il était déjà parti.

CHAPITRE 12
    J’ai hissé l’échelle aussi vite que possible et me suis
accroupi dans la fourche de la plus grande branche pour attendre. À peine cinq
battements de cœur plus tard, les hommes du shérif ont pénétré en trombe dans
la clairière que nous venions de quitter. Nos traces les ont conduits au pied
du chêne, là où elles devenaient passablement confuses. Bien qu’incapable
désormais de voir le sentier au-dessous de moi – je n’étais pas assez
stupide pour me risquer à jeter un œil en bas –, je pouvais parfaitement
imaginer ce qu’ils voyaient : les empreintes de pas bien formées de deux
hommes dans la neige profonde, et puis… celles d’un des deux fuyards qui
disparaissent.
    Ils n’ont pas été longs à le remarquer.
    Ils ont fait une pause sous ma cachette pour reprendre leur
souffle. Je pouvais les entendre haleter comme des bœufs en dessous de moi
tandis qu’ils essayaient de déterminer comment la deuxième série de pas avait
pu s’effacer. L’un d’entre eux a marmonné quelque chose en français – à
propos de l’absurdité de rechercher quoi que ce soit dans cette maudite forêt.
Puis une voix les a appelés depuis la piste, et ils sont repartis. De mon
perchoir, j’ai entrevu trois soldats enveloppés dans des capes sombres, à peine
visibles dans le crépuscule hivernal.
    Ils répugnaient sans doute à revenir les mains vides devant
le shérif et, ne voyant qu’une seule série d’empreintes de pas, n’avaient pas
d’autre choix que de les suivre. Avec force halètements et jurons, ils se sont
donc remis en chasse. Après leur départ, je me suis installé plus solidement
sur ma branche pour attendre la suite. La nuit n’avait pas tendance à devenir
plus douce, ni ma cape à sécher ; repliant mes bras sur ma poitrine pour
me tenir au chaud, j’ai prié saint

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