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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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Christophe pour qu’on ne retrouve pas mon
cadavre congelé sur ce chêne à la Noël.
    Le crépuscule a fait place à la nuit, et le vent a redoublé
de force, soufflant en rafales qui faisaient voler la neige autour de moi.
Emmitouflé dans ma cape, je venais de fermer les yeux sous mon capuchon quand
j’ai entendu des grincements à proximité, comme si quelque chose de grand
bougeait parmi les branches. J’ai d’abord pensé que tout ce remue-ménage avait
réveillé un ours ou un chat sauvage endormi dans sa tonnelle. Scrutant
l’obscurité autour de moi, Dieu me garde, j’ai vu une grande silhouette sombre
marcher dans ma direction le long de la branche que je m’étais choisie.
    La chose s’est rapprochée de moi.
« Arrière ! » ai-je sifflé en tâtonnant ma cape humide à la
recherche de mon couteau.
    « Silence ! a-t-on chuchoté. Tu vas les faire
revenir.
    — Bran ?
    — Qui d’autre ? » Il a ri légèrement.
« Par les deux, Will, on dirait que tu vas t’envoler.
    — J’ai cru que vous étiez un ours.
    — Suis-moi. » Il se détournait déjà. « Ils
vont bientôt revenir, et mieux vaut ne pas être là quand ça arrivera. »
    Chancelant, je me suis glissé près de lui, un pied prudent
après l’autre sur le bois glacé, en me cramponnant à une branche au-dessus de
ma tête. Ma propre branche se rétrécissait à mesure qu’elle s’éloignait du
tronc, mais, à l’endroit où elle allait commencer à plier sous notre poids,
j’en ai découvert une autre, de bonne taille, qui avait été attachée de manière
à former une sorte de pont reliant l’espace entre deux grands chênes.
    Et ce n’était pas tout ! Pas moins de quatre arbres
étaient pareillement reliés en une espèce de chemin d’écureuil insensé. Nous
nous sommes frayé un chemin le long de cette allée improbable jusqu’à atteindre
une autre échelle de corde, pour enfin descendre sur une piste totalement
différente.
    « Vous saviez que nous serions pourchassés, ai-je dit
au moment où je remettais les pieds sur la terre ferme.
    — Oui, le Roi Corbeau peut voir toutes les choses
présentes et à venir.
    — Pierre et Paul sur un âne, Bran ! Alors vous
devez avoir vu le shérif et…
    — Du calme, Will. » Il a gloussé à sa
plaisanterie. « Angharad a la chance de bénéficier de tels présents de
temps à autre, mais pas moi.
    — Non ? ai-je dit, pas très sûr de moi.
    — Écoute-moi. Nul besoin du don de double vue pour
savoir que chaque fois qu’on prend les armes contre une compagnie de chevaliers
normands, on risque de bientôt devoir fuir pour sauver sa peau.
    — C’est vrai. » Je me sentais assez stupide de
m’être si facilement fait avoir. « Aucun doute là-dessus. Tout compte
fait, c’était un sacré coup de chance qu’ils vous suivent là où vous vouliez
aller.
    — Pas du tout, m’a-t-il expliqué en s’en allant d’un
pas tranquille. C’est moi qui les y ai entraînés. Ce chemin ou un autre, ça ne
fait aucune différence. Nous avons travaillé tout l’été à préparer ces
supercheries. Il y a des échelles et des sentiers aériens dispersés dans toute
la forêt, en particulier le long de la Route du Roi.
    — Des sentiers aériens. » J’aimais bien
l’expression.
    « Des échelles, des branches, ce genre de choses. Ça
rend la fuite plus facile quand on peut se déplacer d’arbre en arbre.
    — Je suis d’accord. Mais les Normands ne les voient
jamais ?
    — Les Ffreincs ne voient jamais le monde autrement que
depuis le dos d’un cheval. Ils en descendent rarement, même dans la forêt
dense, et ne lèvent presque jamais les yeux. » Il a de nouveau secoué la
tête. « J’aurais dû te parler de tout ça, mais j’avoue que je voulais
vraiment voir ton visage la première fois que nous l’utiliserions. »
    Cette révélation m’a stoppé net. « J’espère vous avoir
donné bien du plaisir, mon seigneur. » Ma voix s’était faite mordante.
« Je ne vis que pour le divertissement de mes maîtres.
    — Oh, ne t’offusque pas, Will. Il n’y a pas de mal.
    — J’ai cru que vous étiez un ours, vraiment. »
    Il s’est mis à rire. « Viens. Iwan et Siarles vont se
demander ce qui nous est arrivé. »
    Il s’est sauvé le long du sentier obscurci, et j’ai fait
tout mon possible pour suivre son rythme. Ses longues jambes lui assuraient des
foulées rapides – et ses yeux, même dans l’obscurité, le

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