Will
je me rends compte que je ne la comprends pas vraiment non plus. Je
protège Nóin comme je peux, je suppose. « Bon ! » Je me laisse
glisser le long du mur de pierre rugueux et reprends ma place une fois encore.
« Où en étais-je ?
— Retour à Cél Craidd, dit-il en trempant sa plume à
contrecœur. La nuit après l’attaque, et il neige.
— Il neige, oui. Il neigeait…»
Il a neigé toute la nuit et la majeure partie du lendemain,
le temps ne s’éclaircissant un peu qu’au coucher du soleil. Grâce à
l’avertissement opportun d’Angharad, nous nous étions bien préparés, ce qui
nous a permis d’essuyer la tempête dans de bonnes conditions. C’était un jour
saint à nos yeux, un jour de fête ; nous célébrions notre victoire et
notre bonne fortune, si rare.
Vers midi, après un bon sommeil réparateur et la rupture du
jeûne, lord Bran et ceux d’entre nous qui avaient participé à l’embuscade nous
sommes réunis dans sa hutte pour regarder le butin. Au milieu de sacs de grain
et de haricots, des quartiers de viande fumée, des tonneaux de vin et des
ballots de tissu qui prenaient la plus grande place, le Grellon avait trouvé
deux petits coffres. Les marchandises les plus lourdes avaient été cachées dans
les bois à proximité de la route, pour être récupérées plus tard quand le temps
serait meilleur et le shérif très loin.
Les coffres, cependant, avaient été rapportés jusqu’à notre
petite clairière. Sur un signe de tête d’Angharad, qui se tenait tout près pour
superviser les opérations, Bran a dit : « Ouvrez-les. Voyons ce que
notre généreux baron nous a envoyé. »
Siarles, qui attendait une hache à la main, s’est avancé et
a donné quelques bons coups sur le coffre en chêne. Le couvercle s’est fendu en
éclats. Quelques coups supplémentaires et la boîte a laissé voir un certain
nombre de petits sacs en cuir que nous avons prestement dénoués et vidés sur
une peau près du foyer. Les sacs étaient remplis de pennies d’argent, ce dont
nous nous attendions plus ou moins.
« L’autre », a dit Bran. Siarles a brandi une fois
encore sa hache et le deuxième coffre a cédé. Il contenait encore plus de sacs
remplis de pièces, mais aussi trois autres articles d’intérêt : une
magnifique paire de gants blancs en cuir de veau, dont le dos était richement
brodé de croix saintes et d’autres symboles en galon d’or ; un épais carré
de parchemin, plié, attaché avec une ficelle bleue et cacheté avec de la
cire ; dans un sac de cuir de veau à part, un anneau d’or massif.
« La belle babiole que voilà », a dit Siarles en
levant l’anneau. Il l’a donné à Bran, qui l’a fait rebondir sur sa paume pour
estimer le poids d’or avant de le passer à Angharad.
« De la belle ouvrage », a-t-elle remarqué après y
avoir jeté un simple coup d’œil. Tout en le faisant passer, elle a
ajouté : « Beaucoup trop belle pour un simple comte. »
Effectivement, l’anneau ressemblait à quelque chose que
j’aurais imaginé au doigt d’un empereur. La pierre centrale plate était gravée
d’un blason qu’aurait pu utiliser un roi ou un notable pour imprimer son sceau
sur des documents importants. Elle était entourée d’une double rangée de
rubis – minuscules, mais aussi brillants que les yeux d’un oiseau, chacun
rougeoyant comme un petit soleil cramoisi.
« Une babiole des plus onéreuses. » Bran s’est
penché pour examiner la pierre gravée. « Je me demande à qui appartiennent
ces armoiries. Tu les as déjà vues, Iwan ? »
Le colosse a approché sa tête puis l’a secouée lentement.
« Ce n’est pas anglais, je crois. Ça appartient probablement à un noble
ffreinc – un baron, je dirais. Ou à un roi.
— Je doute que qui que ce soit dans toute la Bretagne
ait jamais porté semblable anneau, a dit Siarles. Où croyez-vous que de Braose
l’a eu ?
— Et pourquoi l’envoyer ici ? a demandé Iwan.
— Voilà des questions qui demandent réflexion », a
répondu Angharad tandis que Bran glissait la bague à son doigt. Elle était
beaucoup trop grande, aussi l’a-t-il passée à son pouce, mais même ainsi ça
n’allait pas ; il a donc pris une ficelle, l’a passée dans l’anneau et l’a
attachée autour de son cou. « Ça ne devrait rien craindre ici, jusqu’à ce
que nous en apprenions davantage. »
Nous avons compté l’argent, cinquante marks – un
magnifique
Weitere Kostenlose Bücher