Will
trésor en lieu sûr à
Saint-Tewdrig, ainsi qu’Angharad nous l’a conseillé. Et nous allons montrer la
lettre à l’évêque Asaph. Peut-être que lui ou un de ses moines pourra la lire
et nous apprendre quelque chose sur le pourquoi et le comment cet anneau est
arrivé en Elfael.
— Ça semble un plan raisonnable », a fait
remarquer Mérian.
J’ai signifié mon accord d’un signe de tête. « Bien.
— Tu m’en vois ravi, Écarlate », m’a-t-il répondu
en tournant les talons. Il a reculé de quelques pas. « Car c’est toi qui
vas y aller. »
CHAPITRE 19
En moins de temps qu’il n’en faut à un gars pour lacer ses
bottes, je m’étais mis en route. Je suppose que les autres avaient estimé que,
en ma qualité de demi-Saxon possédant quelques notions de ffreinc, je pourrais
me faire passer plus facilement pour un ouvrier itinérant aux yeux des
Normands – ce qui était le cas avant que je rejoigne la volée du Roi
Corbeau.
Cette décision ne satisfaisait pas au moins un membre de
notre bande. Siarles, qui s’était mis en tête que j’étais plus un mal qu’un
remède, a demandé l’autorisation de m’accompagner. Après une brève discussion,
il a été convenu que Siarles, qui connaissait le chemin du monastère, me
servirait de guide. On nous a remis un paquet en peau de daim contenant
l’anneau, les gants et le parchemin dans son emballage, avec pour mission de le
porter à l’évêque de Saint-Tewdrig et d’apprendre tout ce que nous pourrions
des moines – en hommes de savoir, ils parviendraient certainement à lire
la lettre, et on pouvait leur faire confiance pour tenir leur langue. Le reste
du trésor serait laissé sous leur protection.
« Si le shérif ou un de ses hommes t’attrape avec ces
choses, m’a prévenu Bran, le plat de sa main sur le paquet tandis qu’il le
passait à Siarles, tu seras pendu pour vol – et c’est le moindre qu’ils te
feront. Reste sur tes gardes, et hâte-toi de revenir.
— Mon seigneur, ma peau ne vaut peut-être pas
grand-chose, comme certains le pensent, mais c’est la mienne et j’ai fini par
m’y habituer. Soyez assuré que je ne la risquerai pas bêtement. » J’aurais
pu ajouter que Nóin avait elle aussi quelque intérêt à me voir revenir en un
seul morceau.
« Encore une chose », a dit Tuck. Il s’était tenu
aux côtés de Bran pour écouter ses instructions. « Écoutez-moi, si vous le
voulez bien. Écoutez-moi, tous.
— Silence ! a crié Bran. Frère Tuck va
parler. »
Une fois le calme revenu, il a dit : « L’anneau a
de la valeur, et donc du pouvoir, pas vrai ? Peut-être est-ce Dieu qui
nous l’a donné pour nous aider à racheter l’Elfael. Mes frères et sœurs, nous
devons nous accrocher à cet espoir et le préserver avec toute notre
détermination. Aussi, Will et Siarles, rappelez-vous que c’est une lourde
charge solennelle qui repose sur vos épaules. » Il nous a considérés tous
deux avec autorité. « Vous aurez nos vies entre vos mains quand vous
quitterez cet endroit. Faites en sorte de ne rien faire qui les mettrait en
danger, ou ça va barder. Est-ce bien compris ? »
Nous avons signifié notre assentiment d’un signe de tête,
mais il en voulait davantage. « Dites-le, a-t-il insisté. Jurez-le sur
votre honneur. »
Ce que nous avons fait, et Tuck s’est déclaré satisfait. Il
s’est tourné vers Bran pour ajouter : « Nous avons fait ce que nous
pouvions. Maintenant, je m’en remets à Dieu. » Puis, les mains vers le
ciel : « Je prie le Seigneur des Armées d’envoyer une troupe d’anges
pour veiller sur chacun de vos pas, faciliter votre chemin dans ce monde âpre
et vous ramener sains et saufs à la maison. Amen, et que Dieu soit avec vous.
— Amen ! »
Nóin et moi avons partagé un baiser d’adieu. Elle m’a serré
fort et m’a chuchoté : « Reviens-moi, Will Écarlate. Je me suis prise
d’affection pour toi.
— Je reviendrai, Nóin, ne t’inquiète pas. »
Sur ce, nous avons pris congé de notre roi, empruntant un
sentier rarement utilisé par le Grellon. La piste, enchevêtrée et envahie par
les herbes en maints endroits, allait nous mener assez loin au nord, puis, une
fois suffisamment éloignés de Cél Craidd, nous reviendrions sur nos pas pour
fouler les terres normandes au sud-est. Nous avions décidé de ne pas prendre la
Route du Roi de manière à éviter les voyageurs, et surtout les soldats
normands. Deux
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