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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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jours durant, nous avons progressé avec peine à travers l’hiver,
frissonné dans un silence glacial tandis que nous parcourions des terres
blanchies par la neige et le givre – les baies de houx rouge sang et les
brins de lierre d’un vert profond enroulés autour des troncs d’ormes et de
chênes étaient les seules teintes que rencontraient nos yeux privés de
couleurs.
    La forêt des Marches semblait somnoler sous son épais
manteau, bien qu’ici et là nous voyions des empreintes de cerfs et de cochons
sauvages, quelquefois celles de loups et d’autres créatures – les longues
foulées cinglantes des lièvres, celles, légères et nerveuses, des souris et des
écureuils. Au-dessus de nos têtes, nous entendions le grincement des rameaux et
des branches glacés, et le pépiement occasionnel d’oiseaux intrigués par notre
passage. Mais ils étaient les seuls à briser la morne uniformité de la forêt
endormie.
    Siarles n’était pas non plus un compagnon des plus faciles.
Colérique et prompt à juger ; enclin au désespoir ; fidèle, mais
d’une humeur aussi changeante que l’eau – un Cymry jusqu’au bout des
ongles, en résumé. Le pauvre gars, Dieu en avait fait une créature heureuse à
sa façon dans son malheur. Et quand il lui manquait une cause suffisante pour
se morfondre, son imagination venait aussitôt y remédier. Sans raison
apparente, il m’avait pris en grippe depuis le premier jour, quand j’avais
sauté de mon arbre. À la fin d’une journée de chevauchée, j’ai estimé avoir
suffisamment supporté sa muflerie. « Siarles, mon ami, il y a entre nous
un furoncle de dispute qu’il faut percer.
    — Si tu le dis.
    — Je le dis. Tu te comportes comme quelqu’un qui a des
abeilles dans sa culotte chaque fois que nous nous voyons. Et je suis infoutu
de comprendre pourquoi. Néanmoins, je sais reconnaître un homme malheureux
quand j’en vois un, et j’en ai justement un devant les yeux.
    — Je ne suis pas malheureux, m’a-t-il répondu, tout son
visage plissé en une mine d’irritation renfrognée.
    — Je crois que si. Ou alors mécontent. Dis-moi ce que
tu as sur le cœur, et je ferai de mon mieux pour t’aider. »
    Il m’a lancé un regard furieux, puis s’est détourné.
« Finis de seller ton cheval. Il est temps de partir.
    — Non. Pas avant que tu m’aies expliqué ton
problème. »
    Il s’est tourné vers moi, hors de lui. «  Mon problème ? Tu me critiques alors que c’est toi-même que tu devrais
réprimander ?
    — Moi ! Qu’est-ce que j’ai fait ? »
    Il a produit un son qui n’était pas sans évoquer le
grognement d’un chien énervé, et s’est de nouveau détourné.
    « Eh bien, la soirée va être longue à rester plantés
là, ai-je ironisé. Je ne bougerai pas d’ici avant de savoir ce que tu as en
tête. » Il m’a jeté un regard torve, et j’ai cru qu’il ne parlerait pas.
    « Alors ? De quoi s’agit-il ? Soit nous faisons
la paix, soit nous restons ici à nous lancer des regards noirs comme deux coqs
entêtés dans une basse-cour. »
    Il a grogné de plus belle, donnant libre cours à sa
frustration, et je n’ai pas pu m’empêcher de rire devant le caractère désespéré
de la situation. « Tu vois, Siarles, mon contrariant ami, tu vas devoir me
donner un peu plus que des grognements si nous voulons aller au cœur du
problème. Tu ferais mieux de tout me dire, qu’on en finisse une fois pour
toutes.
    — Je n’aime pas les Anglais, a-t-il grimacé les dents
serrées. Je ne les ai jamais aimés. Et je ne les aimerai jamais.
    — Juste à moitié anglais, ai-je corrigé. Ma mère était
bretonne, rappelle-toi. Comme l’était la tienne, si jamais tu en as eu une.
    — Tu sais ce que je veux dire. Bran n’aurait jamais dû
t’accepter parmi nous.
    — Non ? Il me semble qu’un seigneur peut prendre
comme vassal n’importe quel type disposé à lui jurer fidélité. Je me suis
agenouillé volontiers devant Bran, et ma parole vaut celle d’un autre. Tu as
voulu venir avec moi parce que tu ne me fais pas confiance. Tu pensais que je
volerais l’anneau et m’éclipserais aussitôt. »
    Il m’a lancé des regards noirs ; manifestement, j’avais
touché juste. « Tu n’as aucune idée de ce que je pense, a-t-il fini par
marmonner.
    — Oh que si. Tu avais un petit nid douillet en plein
cœur de la forêt et voilà que se pointe ce satané Anglais, Will Écarlate, qui
vient piétiner

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