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Will

Will

Titel: Will Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Stephen R. Lawhead
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ton beau jardin avec ses grandes bottes, et tu as peur qu’il
finisse par t’écraser comme un insecte. » Les sourcils froncés, Siarles
est monté en selle. « Mais tu vois, je n’ai pas l’intention de t’écraser,
ni toi ni personne, ni d’usurper la place légitime de quiconque. Pas plus que
je ne compte quitter mon suzerain uniquement parce que tu n’aimes pas la coupe
de mes habits. Les affaires du seigneur Bran ne regardent que lui, et si ça te
pique le gésier, va donc lui en parler. Ne me punis pas à sa place. »
    Il a fait pivoter sa monture et a commencé à s’éloigner. Je
l’ai suivi quelques pas derrière, pour lui donner un peu d’espace et de temps,
espérant le voir revenir à de meilleurs sentiments tôt ou tard. Mais malgré
tout ce que je pouvais faire pour le dérider et lui montrer que je ne lui
tenais pas rigueur de sa grossièreté, son humeur ne s’est pas améliorée. Je me
suis résolu à ignorer ses aigreurs pour me concentrer sur la tâche à accomplir.
    Saint-Tewdrig se trouve non loin de la frontière nord de
l’Elfael – un monastère récent, niché dans la courbure d’une vallée
fluviale à proximité du cantref. J’ai compté cinq bâtiments en bois, en
incluant une petite église, disposés autour d’une cour gravillonnée et entourés
d’un muret blanchi à la chaux. De petits champs – des surfaces carrées
recouvertes de neige, de laquelle sortait du chaume d’orge comme autant de
poils sur un menton mal rasé – flanquaient les lieux. Après en avoir
traversé un, nous sommes arrivés à la porte et avons tiré sur la corde tressée
suspendue au montant. Un léger tintement a retenti dans l’air glacé, et
aussitôt une petite porte s’est ouverte dans la plus grande. «  Pax
vobiscum. En quoi puis-je vous être utile ? » a demandé le
gardien. Il m’a regardé affablement, puis ses yeux se sont posés sur Siarles et
son visage s’est éclairé. « Silidons ! Bienvenue ! Entrez,
entrez ! Je vais avertir le père Asaph que vous êtes ici. » Il a
pivoté sur lui-même et a traversé la cour en hâte, nous laissant seuls dehors
avec nos montures qui ne pouvaient pas passer par la petite porte.
    « Silidons ? Qu’est-ce que c’est que ça ?
    — Une idée de Bran. Il a pensé que ce serait mieux pour
les moines de ne pas connaître nos vrais noms. »
    Pas faux, ai-je estimé, car si les Normands soupçonnaient
les moines de savoir quoi que ce soit sur nous, ils courraient un terrible
danger. « Et ça les empêche de nous trahir, ai-je réfléchi à voix haute.
    — Aucun risque.
    — Tu dois avoir une haute opinion des prêtres. J’en ai
connu un ou deux qui n’auraient pas hésité une seconde à vendre leur mère aux
Danois contre une cruche d’ale et deux pennies d’argent.
    — Les prêtres que tu connais sont peut-être des
coquins, mais on peut se fier aux frères qui vivent ici.
    — Comment sais-tu qu’ils ne se précipiteront pas chez
le shérif derrière notre dos ?
    — Notre seigneur Bran a construit ce monastère. Du
moins, notre Bran a donné l’argent nécessaire à sa construction. Asaph était
l’évêque de Llanelli, le monastère de Caer Cadam, avant que les Ffreincs ne
s’en emparent, en chassent les moines et transforment l’endroit en bourg. Asaph
accepte l’argent sans demander qui le donne. »
    Je n’étais pas vraiment inquiet, mais si j’avais nourri
quelque crainte, le fait de rencontrer l’évêque Asaph avait chassé jusqu’au
dernier de mes soupçons. L’homme ressemblait à un de ces vieux saints qui ont
des églises à leur nom. Fin comme une baguette de saule, les cheveux blancs, le
vieil homme caracolait comme une chèvre tandis qu’il traversait l’enceinte du
monastère, ses bras volant de tous côtés, ses talons nus brillant sous sa
longue robe, nous accueillant en même temps qu’il réprimandait le porteur de
nous avoir abandonnés à la porte.
    « La paix de Dieu, mes amis. Sa grâce et Sa clémence
sur vous. Silidons ! Quel plaisir de vous revoir. Frère Ifor, comment
pouvez-vous laisser nos hôtes sur le seuil ? Vous devriez toujours
insister pour qu’ils attendent à l’intérieur. Entrez ! Entrez !
    — Évêque Asaph, a dit Siarles, je vous présente un de
mes amis. » Il a hésité un instant. « Il s’appelle… Goredd. »
     
    Odo s’est arrêté pour se gratter la tête. Il est perplexe.
« Oui, lui dis-je, Siarles et Silidons sont une seule

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