11 Septembre... 1973
général, Boutros Boutros-Ghali, a écrit dans
un livre intitulé Mes années à la maison de verre [17] que cette organisation appartenait désormais "à une seule puissance",
les États-Unis. "À travers l'intimidation, les menaces et l'usage du droit
de veto, poursuit-il, cette puissance manipule le monde au profit de ses
intérêts propres". Ce caractère autoritaire et irrespectueux de la
réglementation internationale s'est révélé une fois de plus quand, en 2003, les
États-Unis ont ignoré les résolutions des Nations unies et qu'ils ont envahi
l'Irak pour rechercher des armes de destruction massive qu'ils n'ont jamais
trouvées. Ils ont bien mis la main, en revanche, sur les deuxièmes réserves
mondiales de pétrole et ils ont, surtout, conquis une position géopolitique
idéale depuis laquelle ils peuvent exercer leur hégémonie au Moyen-Orient.
Les deux 11 septembre évoquent des chutes, à 28
années de distance. L'année 1973 signa la fin du rêve, impossible à retrouver,
d'un accès au socialisme par la voie démocratique. Les attentats de 2001 ont
accru "l'hyperunilatéralisme" des États-Unis. Avec des capacités
militaires, technologiques et économiques inégalées, ce pays a conforté sa
conduite impériale et utilisé les terres d'Afghanistan et d'Irak pour signifier
au monde son pouvoir et sa puissance.
Le journaliste américain Mark Hertsgaard analyse
dans L'Amérique expliquée au monde entier [18] les similitudes entre les deux 11 septembre "Considérons la date de
l'assaut, dirigé par les États-Unis, contre le gouvernement démocratique du
Chili : le 11 septembre 1973. Considérons le nombre estimé de morts (entre les
exécutions et les victimes militaires) résultant de cette opération : 3197
personnes. La coïncidence entre ce coup et l'attaque contre le World Trade
Center n'est-elle pas étonnante ? Certes, l'un a été l'oeuvre de fanatiques
religieux et l'autre d'un État. Certes, 28 années séparent les deux événements.
Mais ils ont eu lieu à la même date et ils ont provoqué un nombre comparable de
décès. Cette coïncidence est passée pratiquement inaperçue aux États-Unis
(...). Cette ignorance est contre-productive. Car les Chiliens savent, eux, que
les États-Unis ont contribué à placer au pouvoir la dictature qui les a
gouvernés pendant 17 ans. Les Salvadoriens et les Guatémaltèques savent,
également, que les États-Unis ont fourni de l'argent, des armes et leur
savoir-faire aux gouvernements militaires qui ont assassiné tant de leurs
concitoyens au cours des dernières décennies".
Au lendemain du 11 septembre 2001, George W. Bush
a lancé un plan de domination globale de la planète. Le président américain a
augmenté le budget de l'armée. Il a placé ses hommes partout dans le monde et
il a mis en place un plan de défense basé sur la paranoïa, qui a trouvé sa
meilleure expression dans les "attaques préventives" contre les
membres supposés d'un "axe du mal". Le premier de la liste a été
l'Irak, pays que les États-Unis ont envahi et occupé, en attendant l'Iran, la
Syrie et la Corée du Nord, ainsi que tous ceux que Washington considère comme
des agresseurs potentiels.
Depuis 2001, chaque 11 septembre, à New York, un
hommage est rendu aux victimes des attentats. Mais cette date a aussi marqué le
début d'une nouvelle étape dans la marche de l'Empire. Tout comme il y a 30
ans. Les États-Unis, qui se présentent comme les "gendarmes du
monde", protègent leurs intérêts par le sang et le feu, avec la démocratie
pour première victime : la leur et celle des autres.
Chapitre 1
: Le chemin des rêves.
Il n'est pas facile de diriger le Chili sous la
bannière socialiste. Face à une opposition impitoyable, gouverner est, dès le
premier jour, une épreuve. Le pays semble avoir ouvert un nouveau chapitre de
son histoire, alors que vient, en réalité, de s'amorcer le compte à rebours
d'une tragédie dont le premier acte a été l'élection de Salvador Allende à la
présidence, le 4 septembre 1970.
À cette date, Salvador Allende sait qu'il n'a
remporté qu'une bataille dans la guerre que ses adversaires lui ont déclaré le
jour même de ce vote historique qui a ouvert une voie pacifique vers le socialisme
au Sud de la planète. Il a travaillé sans relâche avec le Parti socialiste et
ses alliés pour obtenir un changement qui, dans d'autres pays, n'a pu se
produire que par la révolution. Allende rêve d'un Cuba avec la
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