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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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vous dis qu’il faut cesser le combat. »
     
    « Français,
    « J’ai rencontré jeudi dernier le chancelier du Reich.
    « Cette rencontre a suscité des espérances et provoqué des inquiétudes. Je vous dois à ce sujet quelques explications.
    « Quatre mois après la défaite de nos armes… cette première rencontre entre le vainqueur et le vaincu marque le premier redressement de notre pays.
    « C’est librement que je me suis rendu à l’invitation du Führer. Je n’ai subi de sa part aucun diktat, aucune pression. »
     
    Voilà des semaines que le maréchal Pétain veut rencontrer Hitler, user de son prestige personnel face à cet ancien combattant de 14-18.
    Entre soldats, on se respecte. Et peut-être pourrait-il obtenir du Führer un allègement de l’occupation nazie.
    Pétain sait que le peuple qui souffre de la faim, de la misère, de l’absence d’un fils, d’un frère, d’un mari, attend cela.
    « J’irai trouver le Führer comme je suis allé trouver les mutins en 1917 », confie le Maréchal.
    Il saura se faire entendre de Hitler, et il imposera au gouvernement sa politique étrangère, écartant le général Weygand et ce maquignon intrigant et louche de Pierre Laval.
     
    Weygand n’a qu’une idée : « l’armistice, rien que l’armistice ». Le général pense que le Reich vainqueur reste l’ennemi ; et les Anglais, en dépit de leurs actions égoïstes, des alliés. Pétain écarte donc Weygand de tout rôle ministériel. Que le général se contente de renforcer l’armée de l’armistice et maintienne la souveraineté française en Afrique.
     
    Pierre Laval, vice-président du Conseil, est plus difficile à contrôler, à déloger. L’homme, en vieux politicien « révolutionnaire », est retors et convaincu que lui seul peut s’entendre avec ces deux autres « révolutionnaires » issus comme lui du peuple, Mussolini et Hitler.
    Laval est persuadé que l’Angleterre a perdu la guerre, même s’il faut plus de temps pour l’abattre qu’il ne l’escomptait.
    L’intérêt de la France est donc de s’allier avec le Reich, de proposer à Hitler des actions communes contre l’Angleterre, pouvant aller jusqu’à l’affrontement armé.
    Et de cela, Pétain ne veut pas.
     
    Le Maréchal veut qu’on sache à Londres qu’il ne déclenchera jamais d’hostilités contre l’Angleterre. Et c’est pourquoi il a soutenu l’initiative du professeur de philosophie, Louis Rougier.
    Au retour de ce dernier, Pétain a enfermé dans son coffre le « protocole » établi avec les Anglais que lui a remis Rougier.
    Ne pas heurter Hitler, lui faire des concessions verbales si nécessaire et ne pas trancher le fil avec Londres : voilà la politique de Pétain.
    C’est pour faire triompher cette orientation que le Maréchal veut rencontrer Hitler.
     
    Or, dans la même période, Hitler a changé son plan d’attaque contre l’Angleterre. Et pour cela, il a besoin de la France de Pétain et de l’Espagne du général Franco.
     
    C’est l’amiral Raeder qui a expliqué – et convaincu Hitler – que « la Méditerranée est le pivot de l’Empire britannique ». Le plan proposé est sur le papier simple et grandiose.
    On occupe Gibraltar : de là, la nécessité d’obtenir l’appui de Franco.
    On marche vers Suez, en traversant l’Afrique du Nord française : il faut donc arracher à Pétain son autorisation et sa collaboration.
    Puis de Suez, on peut avancer par la Palestine et la Syrie jusqu’à la Turquie qui tombera sous contrôle allemand.
    Et il est aussi possible de traverser l’Afrique d’est en ouest, de Suez à Dakar, et les Français fidèles à Vichy sont encore les maîtres de cette Afrique-Occidentale.
     
    Rendez-vous est pris avec les Français et les Espagnols.
    Les trains blindés de Hitler et Ribbentrop feront d’abord une halte à Montoire-sur-le-Loir.
    La petite gare est proche d’un tunnel où les trains pourront trouver refuge s’il y a un bombardement.
    Le mardi 22 octobre, Hitler rencontrera Pierre Laval. Le vice-président du Conseil a sollicité ce rendez-vous, et il est bon d’avoir auprès de Pétain ce politicien qui veut rompre avec l’Angleterre. Le mercredi 23 octobre, les trains rouleront jusqu’à Hendaye, où les attendra le général Franco.
    Le jeudi 24, à Montoire, à nouveau, Hitler rencontrera le maréchal Pétain.
    Puis les trains blindés se dirigeront vers Munich, mais si nécessaire le Führer

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