1940-De l'abîme a l'espérance
pénible nécessité… »
Il dénonce les « tares de l’ancien régime politique ».
« L’ordre nouveau est une nécessité française. Nous devrons tragiquement réaliser dans la défaite la révolution que dans la victoire, dans la paix, dans l’entente volontaire de peuples égaux, nous n’avons même pas su concevoir. »
Il faut bâtir « un régime hiérarchique et social ».
Mais c’est sans enthousiasme, sans aucun élan, que Pétain présente ces projets comme s’il n’y croyait pas.
Les mots qu’il utilise sont ceux de la macération : « notre humiliation, nos deuils, nos ruines ». Et, pour finir ces phrases accablantes :
« Le choix appartient d’abord au vainqueur. Il dépend aussi du vaincu.
« Si toutes les voies nous sont fermées, nous saurons attendre et souffrir ! »
C’est l’apologie de la soumission, de la capitulation. Le Maréchal craint les Allemands. Il refuse de rendre publique la protestation du gouvernement contre l’annexion de l’Alsace et de la Lorraine.
À ceux – Weygand et Baudouin – qui manifestent leur désapprobation et lui répètent que « le silence du gouvernement nous rend complices des Allemands », il répond :
« Les Allemands sont des sadiques. Si je les mécontente, ils broieront les Alsaciens, vous ne les connaissez pas ! »
Devant cette pusillanimité, des fidèles du Maréchal, des généraux qui lui sont loyaux s’organisent, cachent des armes, fondent des réseaux de transport, afin d’être prêts à réagir si les Allemands franchissaient la ligne de démarcation.
Le chef d’État-major général de l’armée, le général Verneau, réunit à Vichy, à l’hôtel des Bains, 80 officiers d’état-major et leur déclare :
« La guerre n’est pas finie… La France connaît une épreuve de plus, mais nous sommes le pays de l’invincible espérance… Restez en contact avec moi. »
À la demande du général Huntziger, le ministre de l’Intérieur met sur pied une police supplétive, les Groupes de protection, qui permet de maintenir en activité des sous-officiers et des officiers en surnombre.
Ces GP sont pour la plupart d’anciens « cagoulards » et cette police est destinée à protéger le gouvernement, mais elle a aussi pour but de résister aux Allemands en maintenant en activité une organisation militaire.
Des proches de Pétain – le chef de bataillon Loustaunau-Lacau, lui aussi membre de la Cagoule – prennent contact avec un diplomate canadien en poste à Vichy et créent la Croisade, bien décidés à résister aux Allemands.
Ils vont bâtir l’ Alliance, un réseau de résistance déterminé.
Ainsi, en ce mois d’octobre 1940, à Vichy même, dans l’entourage du Maréchal, des noyaux de résistance à l’occupant se constituent-ils.
Et apparaissent les premiers « vichystes résistants », souvent issus de l’extrême droite, anciens adhérents du Comité secret d’action révolutionnaire (CSAR), la Cagoule.
À l’extrême opposé, en zone occupée, comme en zone libre, le parti communiste abandonne l’illusion d’une « coexistence » possible avec les nazis.
Sa position à l’égard de l’occupant devient d’autant plus critique, hostile, que Staline constate que Hitler renforce ses troupes à l’est, et songe peut-être à une agression contre l’URSS.
En outre, Allemands et policiers français pourchassent et arrêtent des centaines de militants communistes, et en réponse à cette répression, les communistes créent une Organisation spéciale (OS) paramilitaire. Elle a pour mission le sabotage mais surtout la lutte armée, le « châtiment », l’exécution des traîtres, des agents de l’ennemi.
Dans tous les milieux, spontanément d’abord, puis méthodiquement, des groupes de résistants se créent.
La presse clandestine comporte plusieurs publications, souvent éphémères mais qui reprennent les informations de la « radio anglaise » et les diffusent.
Dans ce climat, les actes de sabotage, le plus souvent commis par des isolés, se multiplient.
On coupe les câbles téléphoniques ou télégraphiques utilisés par les Allemands. On détruit du matériel de l’armée d’occupation.
À Rennes, dans la nuit du dimanche au lundi 14 octobre des soldats allemands sont attaqués. À Étampes, des « terroristes coupent les jarrets des chevaux que les Allemands viennent de réquisitionner ».
La France, en
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