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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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rencontrera Mussolini qui, avide de gloire et de conquête, veut envahir la Grèce, ce qui serait une « déplorable bévue ».
    Mais pourra-t-on retenir Mussolini ?
     
    Hitler est confiant cependant.
    Il croit pouvoir convaincre Français et Espagnols. Il ignore que Pétain a eu connaissance du « plan » de Hitler (confidence d’un ambassadeur). Et le Maréchal a averti Franco des intentions allemandes, de sa volonté de ne pas accepter le passage des troupes du Reich par l’Afrique du Nord.
    D’ailleurs, ni le général Franco ni le maréchal Pétain ne veulent d’une guerre avec l’Angleterre.
    Franco entretient les meilleures relations possible avec l’ambassadeur de Sa Majesté, Samuel Hoare. Et Franco a besoin des denrées alimentaires que lui livrent les États-Unis avec l’accord de l’Angleterre. Saignée par la guerre civile et épuisée par la disette, l’Espagne ne peut se permettre d’entrer dans un nouveau conflit.
    Quant à la France…
     
    D’abord, il y a Pierre Laval qui arrive à Montoire, le mardi 22 octobre, dans la voiture d’Abetz qui ne l’a pas averti qu’il doit rencontrer Hitler.
    La rencontre va se faire dans le train blindé, en présence de Ribbentrop et de l’interprète, le docteur Schmidt que Laval connaît.
    L’accord est immédiat.
    « Mon entrevue avec le chancelier Hitler à Montoire fut pour moi une surprise, dit Laval, une émouvante surprise. Nous sentions de même et nous avons fini par parler un langage nouveau : européen. »
    Laval affirme que la seule politique possible pour la France vaincue est de s’entendre avec l’Allemagne et Hitler répond :
    « C’est l’intérêt de la France si elle veut que ce soit à l’Angleterre de payer les frais de la guerre et non à elle. »
    Rien de précis n’est avancé par Hitler.
    On évoque vaguement, si la France perd des colonies, une compensation par l’octroi de territoires anglais : la Tunisie pour Mussolini et le Nigeria à la France…
     
    Le lendemain, mercredi 23 octobre, pendant que Hitler rencontre Franco à Hendaye, Laval est à Vichy devant le Conseil des ministres qui se réunit à 17 heures. Il raconte son entrevue avec le Führer.
     

     
    « Mon impression est bonne. Hitler est un grand homme qui sait ce qu’il fait et où il va. Le Führer a offert à la France la collaboration… Je n’ai pris aucun engagement mais ce serait un crime contre la France que de refuser son offre… » Lorsqu’un ministre l’interroge sur le contenu et le sens de cette collaboration, Laval hausse les épaules :
    « La France est devant un tournant. Si certains individus me critiquent et m’embêtent, je m’en fous éperdument. J’ai la certitude de bien défendre mon pays. »
    Pétain qui doit voir Hitler le lendemain, jeudi 24 octobre, se tait, annonce qu’il compte se faire accompagner par Paul Baudouin, ministre des Affaires étrangères.
    Laval proteste et menace.
    « S’il n’est pas le seul membre du gouvernement à se trouver aux côtés du chef de l’État, lors de l’entrevue avec Hitler, la rencontre ne se fera pas. »
    Le visage fermé, Pétain cède devant le maître chanteur.
     
    Hitler, ce mercredi 23 octobre, est donc à Hendaye, face au général Franco qui refuse de s’engager dans un conflit avec l’Angleterre.
    La conversation dure neuf heures et se prolonge par un dîner dans le wagon-salle à manger de Hitler.
    L’interprète Schmidt écoute Franco déverser un flot de paroles du même ton chantant et monotone.
    Le Führer est exaspéré lorsque Franco réclame qu’on lui accorde toute l’Afrique du Nord française, ce que Hitler ne peut accepter car tout l’Empire français basculerait du côté de l’Angleterre. À la fin, hors de lui, Hitler bondit sur ses pieds, hurle qu’il est inutile de poursuivre l’entretien. Il ajoute : « Plutôt que de passer par là de nouveau, j’aimerais mieux qu’on m’arrache trois ou quatre dents ! »
    Quant à Ribbentrop, devant les refus de Serrano Suñer, le ministre espagnol des Affaires étrangères, d’envisager au moins de chasser l’Angleterre de Gibraltar, il s’écrie :
    « Le pleutre, l’ingrat, ce lâche qui nous doit tout, ose refuser de faire la guerre avec nous ! »
     
    Cet échec rend Hitler morose, mais le lendemain, jeudi 24 octobre, il accueille avec les plus grands honneurs le maréchal Pétain. Bataillon de la garde du Führer présentant les armes, généraux en grande

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