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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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hésitations.
     
    Il réunit un premier Conseil des ministres ce samedi 15 juin.
    Camille Chautemps, sincère et madré, ne se démasque pas, évoque, la voix tremblante, la souffrance de « nos soldats » exposés presque sans défense au feu de l’ennemi.
    Reynaud étudie la possibilité d’un cessez-le-feu. Aussitôt, Pétain prend la parole, « cette capitulation serait un déshonneur pour l’armée, c’est au gouvernement qu’il incombe de conclure un armistice : ce n’est pas à l’armée de déposer les armes ». Chautemps, parlementaire roué, coutumier des compromis, dit, patelin :
    « Je suis convaincu que les conditions mises par les Allemands à la conclusion d’un armistice seront inacceptables. Encore faut-il en faire la démonstration. Pour cela il faut les demander. Lorsque cette démonstration sera faite, le peuple français comprendra que le gouvernement n’a pas d’autre issue que de quitter la France et tous les ministres suivront en Afrique du Nord. »
    Reynaud refuse, mais quatorze ministres contre six sont favorables à la proposition de Chautemps.
     

     
    « J’ai quelques secondes de débat intérieur qui sont les plus graves de ma vie publique, confie Reynaud. Si je refuse de faire cette démarche, je serai remplacé dès aujourd’hui par Chautemps ou par Pétain, et c’est à mon avis l’armistice certain. »
    S’il accepte la proposition de Chautemps, Reynaud consultera Londres. Les Anglais refuseront cette démarche. Nous resterons liés par le traité du 28 mars.
    « C’est une chance pour la France que je n’ai pas le droit d’écarter. »
    Reynaud se souvient du conseil que de Gaulle lui a donné hier soir avant de partir pour Londres :
    « Faire la guerre sans ménager rien ou se rendre tout de suite, il n’y a d’alternative qu’entre ces deux extrémités. »
    Reynaud veut faire la guerre, mais il reste un parlementaire persuadé que, même s’il devait démissionner, il reviendrait au pouvoir, seul capable de rallier une majorité autour de lui.
    Après, après seulement, on pourrait partir pour Alger.
     
    Il est 21 h 30, ce samedi 15 juin.
    Winston Churchill, sa fille Diana et le secrétaire du Premier Ministre John Colville dînent aux Chequers, la résidence d’été du Premier Ministre. Le début du dîner est lugubre. On vient d’apprendre que les Français préparent une nouvelle demande d’autorisation de conclure une paix séparée.
    Puis le champagne, le cognac et les cigares font leur effet.
    « Nous allons certainement connaître une guerre sanglante, dit Churchill. J’espère que notre peuple saura résister aux bombardements… »
    Il marche dans le jardin en compagnie de Diana, parmi les buissons de roses.
    Le secrétaire lui annonce que la situation empire en France, que Reynaud semble perdre pied.
    « Il faut dire aux Français, tonne Churchill, que s’ils nous laissent leur flotte nous ne l’oublierons jamais, mais que s’ils se rendent sans nous consulter nous ne leur pardonnerons jamais. Nous les traînerons dans la boue pendant un millénaire ! »
    Il hausse les épaules, s’ébroue.
    « Ne le dites pas tout de suite », ajoute-t-il.
     
    En ce début de matinée du dimanche 16 juin, de Gaulle qui a débarqué à Plymouth arrive à Londres.
    Les dernières nouvelles de France sont accablantes.
    Les Allemands ont atteint les monts du Perche, à l’ouest, et bientôt Rennes et Brest ! À l’est, Guderian a pris Besançon. La Loire est devenue le front. Orléans est tombé.
    Ce dimanche 16 juin, Rommel écrit :
    « Très chère Lu,
    « Avant de partir en direction du sud ce matin (5 h 30), j’ai reçu votre chère lettre du 10 dont je vous remercie de tout mon cœur.
    « Maintenant que Paris et Verdun sont tombés et que la ligne Maginot a été percée sur un large front près de Sarrebruck, la guerre semble lentement tourner à une occupation plus ou moins pacifique de la France entière.
    « La population est pacifique et, à certains endroits, très amicale. »
     
    Mais les routes par lesquelles le flot de réfugiés, désespérés, s’écoule sont ensanglantées par les bombardements, les mitraillages de la Luftwaffe et des avions italiens qui, ce dimanche 16 juin, se joignent aux charognards, bombardant La Charité-sur-Loire et Gien, à basse altitude.
    « Il faut agir », répète de Gaulle.
    L’ambassadeur de France à Londres, Corbin, et Jean Monnet – négociateur officieux

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