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1940-De l'abîme a l'espérance

1940-De l'abîme a l'espérance

Titel: 1940-De l'abîme a l'espérance Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Max Gallo
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monde s’élèvera vers de vastes horizons ensoleillés… Armons-nous donc de courage pour faire face à nos devoirs et comportons-nous de telle sorte que si l’Empire et le Commonwealth durent mille ans encore, les hommes puissent toujours dire : C’était leur plus belle heure. »
    Winston CHURCHILL
    Mardi 18 juin 1940
    125 e  anniversaire de la bataille de Waterloo

 
17 .
    « Le maréchal Pétain devient notre chef ! » s’écrie Daniel Cordier, un jeune homme de dix-neuf ans.
    Il est 7 heures du matin, ce lundi 17 juin 1940. Le ciel est d’un bleu profond, une lumière rose irise les Pyrénées.
    Cordier habite Pau. Il vient d’entendre à Radio-Toulouse la nouvelle de la démission du ministère Reynaud, et la désignation du maréchal Pétain comme nouveau président du Conseil des ministres.
    Daniel Cordier exulte. C’est un patriote, membre de l’Action française, disciple de Charles Maurras.
    « La France est sauvée ! pense-t-il. Avec le Maréchal, la grandeur de la France triomphe enfin des combinaisons politiciennes. Après l’inexplicable reculade de notre armée ces dernières semaines, l’homme de Verdun par sa seule présence brisera la ruée allemande : la Garonne sera une nouvelle Marne [2] . »
    Daniel Cordier veut se battre, enfin ! Il est prêt à mourir pour la Patrie.
     
    « Je savais bien que Dieu n’abandonnerait pas la France. Nous sommes sauvés », dit sa mère.
    Daniel Cordier rejoint son beau-père à l’usine qu’il dirige. En fin de matinée, le chef d’atelier annonce, goguenard :
    « Il paraît que ça va mal là-haut. Le maréchal Pétain va parler à la TSF [3] à midi et demi. Ils viennent de l’annoncer plusieurs fois. C’est très grave. »
    « Avec lui, il n’y a rien à craindre. Les Boches, il connaît, il les a déjà vaincus », commente le beau-père.
     
    Partout en France on attend ce discours, comme si le Maréchal devait réaliser un miracle, mettre fin à ce cauchemar qu’on vit depuis le 10 mai et, ce lundi 17 juin, alors que les Panzerdivisionen approchent de Bordeaux, occupent Colmar, Metz, Pontarlier, Roanne, Le Creusot, Dijon, Chalon-sur-Saône, annoncer que l’armée allemande est arrêtée, battue, qu’elle recule.
    Dans toutes les familles qui disposent d’une radio, on fait cercle autour du « poste de TSF ». On attend, anxieux et recueillis.
     
    Daniel Cordier est aux côtés de ses parents, tous trois debout devant le poste.
    Il n’a jamais entendu le maréchal Pétain qui commence son discours :
    « À l’appel de M. le président de la République, j’assume à partir d’aujourd’hui la direction du gouvernement de la France… »
    « Dès le premier mot, dit Daniel Cordier, je suis surpris par sa voix chevrotante. » Le jeune homme attendait une phrase de chef annonçant le combat, mais il entend :
    « En ces heures douloureuses, je pense aux malheureux réfugiés qui, dans un dénuement extrême, sillonnent nos routes. Je leur exprime ma compassion et ma sollicitude. »
    Daniel Cordier guette le mot « revanche », mais le maréchal Pétain, le vainqueur de Verdun, qui vient de dire « sûr de l’appui des anciens combattants que j’ai eu la fierté de commander, je fais à la France le don de ma personne pour atténuer son malheur », prononce des mots qui paraissent à Daniel Cordier « inouïs ».
    « C’est le cœur serré que je vous dis aujourd’hui qu’il faut cesser le combat. Je me suis adressé cette nuit à l’adversaire pour lui demander s’il est prêt à rechercher avec nous, entre soldats, après la lutte et dans l’honneur, les moyens de mettre un terme aux hostilités. »
     
    Cela signifie qu’au lieu d’appeler à la revanche, on déclare « le désastre irréversible » ! Avant même d’examiner les conditions de l’armistice, on appelle à l’arrêt des combats. Comment continuer à se battre ? Comment dans cet esprit de reddition contester les clauses de l’armistice ? Pétain livre le pays à l’ennemi.
    « Je sanglote en silence », confie Daniel Cordier.
    Et lui qui a, fidèle de Maurras, militant de l’Action française, pensé que le Maréchal était « le sauveur miraculeux » rédige à la permanence de l’Action française le brouillon d’un texte qu’il va soumettre à ses camarades de Pau.
     
    « Appel aux jeunes Français
    Le traître Pétain demande la paix aux Boches.
    Nous leur déclarons la guerre.
    Les jeunes qui

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