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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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surpris par les conditions des funérailles : il n’y avait pas eu d’autopsie et les viscères avaient été incinérés. L’embaumement avait été décidé par Staline, sur la base de fausses lettres de dirigeants provinciaux adressées au Politburo et exigeant cette opération. Un groupe d’étudiants de Rostov-sur-le-Don aurait demandé que le corps de Lénine fût embaumé et placé dans un musée. L’embaumement rendait impossible toute vérification des soupçons de Lénine sur son empoisonnement.
    N’avaient-ce été que des soupçons ? Il se trouvait que Staline avait bien fait fabriquer du poison par une de ses créatures, Genrikh Yagoda, ancien pharmacien ; il avait prétendu que c’était Lénine qui lui avait demandé ce « moyen de délivrance ».
    Lui-même avait reçu, disait-il, un billet de remerciement du grand homme, qui se disait « terriblement angoissé par la peur d’une nouvelle attaque ».
    La coïncidence est troublante : Staline fait fabriquer un poison à l’intention de Lénine et, justement, celui-ci, qui est devenu son adversaire, meurt brutalement dans des circonstances douteuses…
    En 1927, Lénine dûment momifié repose dans son mausolée sur la place Rouge. Bazhanov, le secrétaire de Staline, avait fui à l’étranger et racontait que son ancien maître avait surpassé les Borgia dans l’art des poisons.
    Quelques années plus tard, lors d’un dîner dans la maison de Maxime Gorki, à Moscou, auquel assiste Boukharine – l’homme que Staline enverrait à la mort –, les convives boivent plus que de raison. Staline aussi, comme il lui advenait souvent. Il raconte que Lénine disposait d’une fiole de poison à portée de main et qu’il avait demandé à Staline de la lui apporter. Staline aurait donné sa parole d’honneur de le faire, mais aurait ensuite demandé aux membres du Politburo de le décharger de sa parole. Boukharine écoutait, silencieux. Les deux hommes se fixèrent du regard. Staline saisit Boukharine par la barbe et cria aux convives : « Qui croyez-vous ? Lui ou moi ? – Toi ! Toi ! », crièrent les autres.
    Une autre fois, lors d’un dîner dans sa datcha, donné pour des écrivains, Staline, ivre une fois de plus, déclara que lui seul savait de quoi était mort Lénine et, au fur et à mesure de la soirée, commença à tenir des propos révélateurs. Un seul homme était resté sobre, Ivan Gronski, rédacteur en chef des Izvestia . Il conduisit Staline dans sa chambre pour mettre fin à ses dangereuses vantardises. Le lendemain, le dictateur inquiet demanda ce qu’il avait raconté sur la mort de Lénine. Gronski prétendit que tout le monde était trop saoul pour y avoir compris quelque chose. Staline ne le crut pas ; il le fit arrêter comme « ennemi du peuple » et déporter au goulag de Kolyma. Gronski y resta seize ans, jusqu’à la mort de Staline, puis fut libéré et réhabilité. Il savait la vérité sur la mort de Lénine.
    *
    La modestie sied aux historiens ; ils savent qu’ils écrivent l’histoire, mais ne la font pas. Dans les meilleurs cas, ils lui résistent. Les révélations et les dénonciations des crimes de Staline ont fait l’objet de maints ouvrages, elles n’ont pas changé la vénération passionnée des foules pour le tyran qui commit pourtant le crime suprême : assassiner le « Père de la révolution ». En 1953, Nikolaï Kossiakov publiait à Londres, sous le pseudonyme d’Yves Delbars, The Real Stalin , où il dévoilait la vérité sur la mort de Lénine. L’émotion fut restreinte à quelques dizaines de milliers de lecteurs occidentaux. Trois ans plus tard, le rapport de Khrouchtchev au XX e Congrès du PCUS laissa les communistes français incrédules. En 2003, l’ouvrage le plus rigoureusement détaillé sur le tyran et ses crimes, Staline, agent du tsar , de Roman Brackman  (65) , ne pouvait évidemment annuler la monstrueuse mystification : une vaste fraction de la planète avait révéré un assassin.
    Des millions de visiteurs ont défilé devant le cadavre momifié de la place Rouge, sans se douter qu’ils regardaient la victime d’un meurtre, mais l’Église orthodoxe se proposait même de canoniser son assassin.

1924
    Le pot-au-feu de Glozel
et autres crânes de Piltdown
    Il existe en archéologie, comme dans d’autres disciplines, un type de mystificateurs qui se situent entre le faussaire et le farceur. On serait tenté de créer pour eux un

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