4 000 ans de mystifications historiques
néologisme, « forssaire » ou « fausseur ». Ils semblent surtout tirer du plaisir de leurs facéties.
Le plus célèbre fut sans doute Charles Dawson qui, en 1912, présenta au public anglais un vestige extraordinaire, un crâne d’hominidé qui aurait vécu « à l’aube de l’humanité » et qu’il appelle Eoanthropus. La créature serait le fameux « chaînon manquant » entre le singe et l’homme. On l’appellera crâne de Piltdown, du nom du site où il a été découvert, à une soixantaine de kilomètres au sud de Londres.
Deux illustres personnages ont participé aux fouilles sur ce site, le scientifique Pierre Teilhard de Chardin et Arthur Conan Doyle, le « père » de Sherlock Holmes.
Le vestige est bizarre, même aux regards de la paléontologie naissante : la boîte crânienne est humaine et la mâchoire simienne, mais l’usure des dents rappelle celle des hominidés anciens. Les discussions s’enclenchent et tournent aux querelles. Pour l’éminent savant Arthur Smith Woodward (1864-1944), du British Muséum, l’objet est authentique, mais pour le paléontologue français Marcellin Boule (1861-1942), c’est une fabrication.
L’année suivante, Teilhard de Chardin découvre sur le même site une mâchoire similaire. Boule aurait donc tort. Mais les sceptiques s’obstinent.
Ce n’est qu’en 1959 qu’on obtient le fin mot de l’histoire grâce à la datation au carbone 14 : le crâne et la mâchoire ont à peu près cinq cents ans, pas plus, les dents ont été limées et le tout a été coloré artificiellement. L’assemblage des deux est une farce. Mais qui l’aurait commise ? Teilhard de Chardin ? On ne lui connaissait pas pareille espièglerie. Ne reste que Conan Doyle, qui aura fabriqué cet objet incongru et l’aura enfoui sur un site où il savait que Dawson faisait des fouilles. Dans quel but ? Pour se payer la tête de savants qui lui paraissaient un peu trop dogmatiques. Mais on cite aussi les noms d’un anatomiste australien, Grafton Elliott Smith, et d’un conservateur du Museum de Londres, Martin Hinton.
*
En 1924, Claude Fradin et son petit-fils Émile labourent leur champ à Glozel, quand l’un des bœufs trébuche et son sabot s’enfonce dans un trou. C’est une fosse ovale tapissée de briques et de dalles d’argile. Les Fradin l’explorent et trouvent des poteries, des briques portant des empreintes de mains, des tablettes gravées de signes mystérieux, des haches de pierre, des ossements. Un médecin de Vichy, Antonin Morlet, féru d’archéologie gallo-romaine, loue le site et l’explore méthodiquement.
De nombreux spécialistes de la préhistoire accourent et effectuent des fouilles alentour. Trois mille vestiges sont exhumés. L’affaire prend de l’importance. Mais chacun a ses théories : pour les uns, le site date du paléolithique, pour les autres, du néolithique, pour d’autres encore, du Moyen Âge. Bizarrerie : un galet est gravé d’un renne assorti à des signes alphabétiques qui ressemblent au phénicien ; or, le renne a disparu de la région à la fin du paléolithique et le phénicien n’a alors que mille ans… Le célèbre historien Camille Jullian, spécialiste de l’époque gallo-romaine, avance que Glozel serait un site de sorcellerie datant du II e ou III e siècle. Un expert juge que les ossements ont pu servir au pot-au-feu de la veille. Et personne ne parvient à fournir la moindre hypothèse sur la présence de Phéniciens près de Vichy.
Ce salmigondis de vestiges incohérents suscite un scepticisme croissant : on accuse même les Fradin d’avoir fabriqué leurs tablettes. L’affaire est évoquée au Sénat en 1928, les procès suivent, les chansonniers s’en donnent à cœur joie.
À la fin du XX e siècle, le sentiment des quelques esprits qui ont conservé leur calme est qu’un farceur a introduit des objets frauduleux, dont les tablettes pseudo-phéniciennes, recopiées n’importe comment, sur un site probablement médiéval ou un peu plus ancien, mais sans grand intérêt. Dans quel but ? Semer la confusion, comme dans l’affaire du crâne de Piltdown.
1939
Pourquoi n’a-t-on jamais dit la vérité
sur la bombe A allemande ?
Le III e Reich a-t-il failli disposer d’une bombe atomique ? La question peut sembler aujourd’hui académique et, à ce titre, la réponse devrait être disponible dans tous les instituts intéressés. En fait, la réponse a été dissimulée par
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