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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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Caprio au XXI e siècle.
    Revenons au début de l’histoire.
    La première fois qu’on voit le mystérieux inconnu, c’est quand il est aux mains de Saint-Mars, ancien mousquetaire de la compagnie de d’Artagnan. Car c’est bien lui qui est chargé de la mission, la missive anonyme le nomme en toutes lettres. Saint-Mars est alors chargé d’escorter des prisonniers et de les conduire à bon port. Morne besogne que celle de garde-chiourme pour un mousquetaire nostalgique des glorieux éclats du front et des pistolétades ou des chocs d’épées. Saint-Mars veut se donner de l’importance. On lui a dit que son prisonnier est une fripouille, mais il n’a aucune idée du bonhomme qui vient de Dunkerque, à supposer que ce soit Eustache d’Oger ou Danger, comme il le semble. Il veut se donner l’air de convoyer un captif dangereux ; d’où ce déploiement de quarante soldats en armes, totalement extravagant pour surveiller un seul homme : comme si une horde allait se jeter sur le cortège pour arracher ce noble innocent aux griffes de la soldatesque ; personne n’en a cure. Mais, pour accuser le mystère de l’identité de son prisonnier, Saint-Mars décide de le masquer. Tout le monde, et encore moins un capitaine, ne se promène pas avec un masque sur lui. Saint-Mars le coiffe donc d’un heaume, probablement emprunté à l’un de ses soldats ou trouvé dans une caserne. Le prisonnier manque s’y étouffer. C’est certainement la seule fois qu’il l’aura porté. Quand il est transféré à la Bastille, deux décennies plus tard, il ne porte qu’un loup, cela est établi.
    Saint-Mars est alors gouverneur de la Bastille ; on l’interroge sur l’identité du prisonnier, il fait l’important et répond par des fariboles sibyllines. C’est lui qui a inventé le stratagème du masque, il en est désormais le prisonnier. Il mystifie son monde. On peut aussi le soupçonner d’avoir écrit la fameuse lettre anonyme pour attirer l’attention sur lui et son prisonnier.
    Les ragots se sont emballés, la légende est en branle, elle aura une longue vie.
    Autre bizarrerie, pourquoi le principal intéressé porta-t-il lui-même cet accessoire de bal ? Sans doute parce que le mystère flattait sa propre importance. Même les filous ont le sens romanesque.
    *
    Reste un dernier point, la hargne extraordinaire du pouvoir à l’égard d’un personnage qui aurait connu quatre forteresses successives – Dunkerque, Pignerol, Sainte-Marguerite et la Bastille. Quel est le sens de ces déplacements ? Et qu’aurait donc pu faire cet inconnu qui aurait outragé ou menacé à ce point le pouvoir, Louis XIV ou l’un de ses ministres ? Et cela pendant trente-huit ans ? Car, à ses deux derniers transferts, il était toujours masqué.
    L’on finit par se demander si Saint-Mars n’aurait pas fait masquer deux ou trois prisonniers à la suite : quand l’un mourait, l’autre prenait sa succession.
    C’est la réponse cherchée : il y eut plusieurs hommes au masque de fer, et Saint-Mars était un mystificateur.
    Quels étaient ces hommes ? Les candidats ne manquent pas : intrigants qui s’étaient attiré le déplaisir du roi, charlatans… Un historien, Jean-Christian Petitfils, qui a consacré une étude détaillée à cette affaire, Le Masque de fer   (16) , conclut lui aussi que Saint-Mars fut bien un mystificateur.

1693
    L’invention des vampires
    Supprimer les vampires du répertoire des films d’épouvante serait cruel. Que feraient les amateurs de frissons s’ils étaient privés du comte Dracula, de ses babines et de ses beuveries d’hémoglobine ?
    Il faut s’y résigner, hélas ; ces créatures sont nées des noces ordinaires de l’ignorance et de la superstition et nourries de l’intarissable propension à l’automystification. Une enquête récente d’un historien du CNRS (Centre national de la recherche scientifique) les a frappés d’un ordre de reconduite à la frontière des affabulations.
    Cet historien, M. Koen Vermeir, a retrouvé l’une des sources de celle-ci : un rapport du Mercure galant , journal littéraire du XVII e siècle. Dans le numéro de mai 1693, Pierre Des Noyers, érudit et ancien secrétaire de la reine Marie-Louise de Pologne, y racontait qu’on avait retrouvé en Russie et en Pologne nombre de cadavres qui n’étaient pas morts. Ces créatures échappaient au tombeau, ou peut-être des démons avaient-ils pris leurs formes, et elles allaient

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