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4 000 ans de mystifications historiques

4 000 ans de mystifications historiques

Titel: 4 000 ans de mystifications historiques Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gérald Messadié
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coloniale, passablement corrompue par ailleurs. Et, en Angleterre, les maîtres de l’East India Company, qui assurait le commerce maritime du royaume, faisait pression sur le gouvernement de lord North et la Chambre des communes, ainsi que sur le gouvernement de la colonie du Massachusetts, pour l’aider à sauver ses entreprises déficitaires. Les colonies d’Amérique du Nord ne rapportaient pas assez à certains grands intérêts. Les colons refusèrent le Stamp Act. Dès lors s’instaura un état d’insurrection latente entre les colons et le gouvernement de Londres ; elle marqua le début de la période révolutionnaire.
    L’hostilité de principe se matérialisa en hostilités de faits. Le 26 août 1775, les colons incendièrent la maison du lieutenant gouverneur Thomas Hutchinson, à Boston. Cette ville était, en effet, la plus active dans la résistance au gouvernement anglais. Elle comptait des clubs d’activistes, dont le membre le plus influent était Samuel Adams, depuis lors désigné comme « Père de la révolution américaine ».
    L’année suivante, le Stamp Act fut annulé par le gouvernement, mais remplacé par une série de taxes sur le plomb, le verre, le papier, les peintures et le thé, tous articles de première nécessité pour les colonies. Les communes estimaient avoir le droit de taxer les colonies. La situation s’envenima. Hutchinson fit installer deux régiments en ville. De provocations en répliques, les Anglais tirèrent et des Bostoniens tombèrent : cette première tuerie, en mars 1770, est connue sous le nom de Massacre de Boston.
    Le 16 décembre 1773, une centaine d’insurgés, dont le fameux Paul Revere, coiffés de plumes comme des Indiens, montèrent sur trois navires de l’East India Company chargés de thé et vidèrent froidement leurs chargements dans le port. Celui-ci fut fermé et des commerçants firent faillite. Les troupes coloniales entrèrent en jeu. Ainsi commença la guerre d’Indépendance. Elle ne s’acheva qu’en 1783.
    Entre-temps, l’épisode du Boston Tea Party – qui ne fut désigné ainsi que cinquante ans plus tard – continua d’influencer la politique américaine. Il était devenu une référence. Mais à quoi ?
    *
    Qu’avait été le Boston Tea Party à l’origine ? Une révolte contre la brutalité anglaise et le gouvernement corrompu de George III. Les représentants du Tea Party de 2010 en ont totalement changé le sens, en en faisant une révolte contre les gouvernements envahissants (et, incidemment, socialisants).
    Le mouvement a été interprété comme la première expression du patriotisme américain. Mais, en 1774, la nation américaine n’existait alors même pas à l’état de projet, et les pères fondateurs, comme on désigne les rédacteurs de la Constitution, n’avaient guère d’estime pour ceux qui avaient jeté le thé dans le port de Boston : pour eux, c’était une atteinte à la propriété individuelle.
    Le Boston Tea Party a aussi été représenté comme le début de la République des États-Unis. Mais n’était aucunement la vision des colons qui venaient d’être affranchis. Un ami intime de George Washington écrivit ainsi : « Beaucoup de gens espéraient secrètement que chacun des nouveaux États serait complètement indépendant et que […] dès que la question de nos dettes aurait été réglée, le Congrès serait dissous – un projet qui serait aussi néfaste à nos intérêts domestiques qu’il serait ruineux à l’étranger. » Washington, dont les vues étaient bien plus larges et qui aspirait, lui, à créer un nouvel État, était informé de cet état d’esprit et il en était consterné. « Aucune aube ne s’était annoncée plus propice que la nôtre, et aucun jour n’a été plus sombre que le présent », confiait-il en 1786 à James Madison, surnommé le « père de la Constitution » et qui devait devenir le quatrième président des États-Unis. Un fort courant public s’opposait, en effet, à la création d’un gouvernement central de tous les États de l’Union. La preuve en fut le Texas, qui resta indépendant de 1836 à 1845.
    Telle fut la raison pour laquelle Madison et Hamilton joignirent leurs efforts à ceux de Washington pour présenter à la Convention de Philadelphie, en 1787, une constitution qui empêcherait les Américains ordinaires d’influencer la vie politique du pays ; celle-ci devait rester dans les mains de citoyens

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