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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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Richard est parti se baigner au bain Quintal.
     
    — Toi, qu'est-ce
que tu faisais?
     
    — Je viens de
finir de mettre un peu d'ordre dans le hangar.
     
    Sans rien
ajouter, elle disparut dans sa chambre à coucher dont elle referma la porte
derrière elle. Épuisée par les émotions vécues durant l'avant-midi, elle retira
sa robe de sortie et son chapeau et s'endormit rapidement après avoir avalé
deux comprimés d'analgésique.
     
    Un peu après
quatre heures, le claquement d'une portière d'auto réveilla Laurette. Un coup
d'oeil vers la fenêtre lui apprit qu'il s'agissait de Charles Gravel qui venait
de descendre de son taxi. Elle entendit ensuite la voix de Gérard s'adressant
au chauffeur. Comme elle connaissait les deux hommes, ils en avaient pour un
bon moment à discuter de politique. Depuis la réélection facile de Duplessis le
mois précédent, Lapalme, le chef du parti libéral, était devenu leur tête de
Turc préférée.
     
    Elle s'habilla
avant d'aller dans la cuisine où elle se prépara une tasse de café. Elle
s'alluma une cigarette pour s'aider à reprendre contact avec la réalité.
Pendant que 76 UN COMMENTAIRE DÉSOBLIGEANT l'eau bouillait, elle sortit des
pommes de terre, s'assit à table et commença à les éplucher.
     
    — Qu'est-ce qu'on
mange à soir, m'man? demanda Carole en s'approchant de la moustiquaire de la
porte arrière.
     
    — Du pâté
chinois, répondit sa mère d'une voix lasse.
     
    Viens m'aider à
éplucher les patates.
     
    La petite fille
entra dans la cuisine, prit un couteau dans un tiroir et vint s'asseoir en face
de sa mère l'air maussade.
     
    Le silence
inhabituel de sa cadette alerta Laurette qui finit par lui demander:
     
    — Qu'est-ce qui
se passe? Je gage que tu t'es encore chicanée avec la petite Bélanger.
     
    — Ben non, m'man,
répondit Carole d'une voix peu convaincante.
     
    — Comment ça se
fait que vous êtes pas ensemble d'abord?
     
    — Ben...
     
    — Ben quoi?
insista Laurette.
     
    Elle était
habituée aux chamailleries entre les deux amies qui se disputaient au moins une
fois par semaine. L'une et l'autre avaient un fort caractère et chacune
cherchait à imposer sa volonté, ce qui n'allait pas sans heurt. La brouille ne
durait jamais plus que quelques heures et, souvent, avant même que les parents
s'en rendent compte, elles étaient de nouveau ensemble en train de jacasser et
de planifier un jeu ou une saynète.
     
    — Tout à l'heure,
on a fait notre séance dans la cour avec Diane. On a eu cinq enfants qui ont
payé trois épingles à linge chacun pour la voir.
     
    — Puis?
     
    — On s'est
chicanées. Mireille voulait pas que je garde la moitié des épingles parce que
je fournissais le rideau.
     
    — Quel rideau? 77
     
    — Le rideau qui
faisait le décor, m'man, expliqua la fillette avec une certaine impatience.
     
    — Et qu'est-ce
que t'avais pris pour faire ce rideau-là, toi? demanda sa mère, soudainement
soupçonneuse.
     
    — Ben...
     
    — Pas un de mes
draps, j'espère?
     
    — Oui, mais j'y
ai fait ben attention.
     
    — Mon effrontée!
s'emporta Laurette. Je t'ai déjà dit que je voulais pas que tu touches aux
draps. Va me le chercher. Si tu l'as déchiré, tu vas en manger une.
     
    Carole quitta la
table et disparut dans la salle de bain où la literie était rangée dans une
armoire suspendue au-dessus de l'antique baignoire. Elle revint dans la cuisine
et déposa le drap devant sa mère. Elle l'avait replié avec le plus grand soin.
Laurette se leva et l'examina minutieusement avant de le remettre à sa fille.
     
    — Replie-le et
remets-le dans l'armoire, lui ordonnât- elle sèchement. Tu te coucheras à sept
heures à soir pour t'apprendre à écouter quand je te parle.
     
    Un peu avant six
heures, tous les membres de la famille Morin s'attablèrent pour l'un des rares
repas pris en commun durant la semaine. Le plus souvent, Jean-Louis ou Denise
arrivait du travail après les autres et mangeait seul. Quand tout le monde
était réuni autour de la table, c'était un signe que la fin de semaine était
vraiment commencée.
     
    Jean-Louis était
entré dans la maison en même temps que sa soeur aînée quelques minutes
auparavant. Tous les deux avaient posé le même geste dès leur arrivée. Ils
avaient tiré de leur enveloppe de paye les sept et huit dollars de leur pension
hebdomadaire qu'ils avaient laissés sur le comptoir, près de leur mère occupée
à faire rôtir le 78 UN

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