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A l'écoute du temps

A l'écoute du temps

Titel: A l'écoute du temps Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Michel David
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au
bonhomme Nantel...
     
    — À monsieur
Nantel, le reprit sévèrement sa mère.
     
    — Je vais dire à
monsieur Nantel que ma semelle vient juste de décoller et il va me laisser
promener en bas dans la classe.
     
    253
     
    — Ouache! fit
Carole en grimaçant de dégoût, comme si cette perspective lui soulevait le
coeur.
     
    — Des plans pour
qu'il pense qu'il y a un rat mort dans sa classe, intervint Gilles, qui avait
assisté à toute la scène sans rien dire.
     
    Denise, attablée,
se contenta de se boucher le nez.
     
    — Sors-moi ce
soulier-là de ta botte, ordonna Laurette à Richard.
     
    Quand elle eut en
main le soulier tout éraflé dont la semelle bâillait, elle dit à son fils:
     
    — Va me chercher
le marteau et le pot de petits clous dans l'armoire.
     
     
     
    — Je suis capable
de le faire, m'man, proposa Richard.
     
    — Laisse faire.
Apporte-moi ce que je t'ai demandé. Je vais essayer de réparer ça en attendant
que ton père s'en occupe à soir.
     
    Laurette utilisa
quatre tout petits clous à tapisserie pour réparer temporairement la semelle.
     
    — À cette heure,
allez-vous-en à l'école que je puisse remettre de l'ordre dans la maison.
     
    En quelques
minutes, les trois écoliers quittèrent l'appartement, suivis de près par Denise
qui, depuis deux semaines, avait pris l'habitude de quitter la maison sur le
coup de huit heures, même si elle ne commençait à travailler qu'à neuf heures
chez Woolworth.
     
    — Pourquoi tu
pars si de bonne heure? lui avait demandé sa mère le premier jour où cela
s'était produit.
     
    Ça te prend même
pas dix minutes pour aller travailler.
     
    — J'aime ça
arriver un peu plus de bonne heure au magasin. Comme ça, je suis pas obligée de
courir.
     
    La jeune fille
s'était bien gardée de révéler la vérité à sa mère. Depuis quinze jours, elle
flottait sur un nuage.
     
    2 54 DÉCEMBRE
Pour la première fois de sa vie, elle était amoureuse. Elle ne tenait pas à
partager ce secret avec les membres de sa famille. Il y avait bien assez de
Lise Paquette, sa camarade de travail, qui était au courant.
     
    Au début du mois
de décembre, un jeune homme au visage ouvert avait pénétré dans le magasin à
l'heure du dîner, à la recherche de crayons. Denise l'avait servi et avait
remarqué ses yeux bleus et ses cheveux châtains soigneusement coiffés. Son
manteau déboutonné laissait voir un veston, une chemise blanche et une cravate.
De toute évidence, ce n'était pas un ouvrier. Quand elle lui avait souri en lui
rendant sa monnaie, il avait rougi et balbutié un remerciement avant de quitter
le magasin. Puis, il avait fait son apparition chez Woolworth pratiquement
chaque jour pour acheter de petites choses. Chaque fois, il s'était s'arrange
pour être servi par Denise. Dès sa troisième visite, Lise Paquette avait repéré
son manège et s'était mise à taquiner sa camarade de travail sur son flirt.
     
    Enfin, deux jours
plus tard, le client s'était enhardi au point de se présenter après avoir
remarqué l'absence du gérant et de l'autre vendeuse dans le magasin. Il
s'appelait Serge Dubuc et était caissier à la banque d'Épargne, coin Dufresne
et Sainte-Catherine. Il avait demandé d'une voix mal assurée à Denise si elle
accepterait de venir boire un café ou une boisson gazeuse au restaurant voisin,
pendant sa pause, à l'heure du souper.
     
    — Je sais pas
trop si je devrais, avait-elle répondu d'une voix hésitante. Je vous connais
pas et...
     
    — Envoyez donc,
mademoiselle, avait-il insisté d'une voix légèrement suppliante. Il peut rien
vous arriver, on va être juste à côté, à la salle de billard.
     
    Après un bref
moment d'hésitation, la fille de Laurette Morin avait accepté et les deux
jeunes gens s'étaient retrouvés en train de boire un Coke au comptoir de la
salle 255 de billard voisine. Serge lui avait immédiatement plu. Il était poli,
réservé et bien élevé.
     
    A compter de ce
jour-là, ils avaient pris l'habitude de se retrouver tous les matins, avant
d'aller travailler, devant une tasse de café, au restaurant situé coin
Frontenac et Sainte-Catherine.
     
    Lors de ces
brèves rencontres matinales, Denise avait peu à peu appris que Serge était
l'enfant unique d'un couple demeurant dans une petite maison neuve à
Tétreaultville. Son père, contremaître à la Vickers, l'avait faite construire
quatre ans auparavant. Serge avait réussi sa douzième année et

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