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À l'ombre des conspirateurs

À l'ombre des conspirateurs

Titel: À l'ombre des conspirateurs Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Lindsey Davis
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ayant fait ami-ami avec les chevaux et les mules dans l’écurie, il fut aussi difficile de l’arracher de là que d’emmener un enfant loin d’une fête. En unissant nos efforts, nous parvînmes néanmoins à le bouter dehors pour lui mettre son harnais.
    — Il a l’air fatigué, commenta Larius.
    — Tu trouves ça surprenant ?
    Je laissai mon neveu prendre seul la route d’Oplontis pour ramener la carriole. Nul n’a besoin d’un apprenti dans ses pattes quand il s’apprête à donner des leçons de cithare à une dame. Je n’eus d’autre choix que de lui permettre d’aller peindre des murs, en précisant bien qu’il s’agissait d’un arrangement temporaire. Larius hocha la tête d’un air peu convaincant.
     
    En tant que professeur de cithare, j’habitais dans la demeure du magistrat. C’était toujours ça de gagné en loyer, mais je ne tardai pas à en abominer la froideur. Les pièces inutilisées étaient condamnées par d’épais rideaux, et toutes les couches comportaient des angles aigus perpétuellement à l’affût d’un mollet à contusionner. Le jour, des disputes éclataient à tout propos dans les cuisines. Le soir, il n’y avait pas assez de lampes allumées. Rufus prenait généralement ses repas à l’extérieur : il avait dû s’apercevoir que son cuisinier ne savait pas faire la cuisine.
    Je dénichai quelques partitions musicales en ville. Æmilius Faustus n’avait pas exagéré en me parlant de la loyauté des citoyens de Campanie envers Néron. À Rome, une semaine après son suicide, les boutiques avaient vidé leurs rayons de ses compositions musicales, les distribuant aux commerçants du marché pour envelopper le poisson. Ce n’était pas le cas ici. Pour une débutante, la musique de Néron se révélait idéale : des airs interminables, ce qui permettait à Æmilia Fausta de bien s’exercer, et fort lents, ce qui l’empêchait de se décourager.
    Plus facile à apprivoiser, la lyre aurait mieux convenu, mais avec une obstination rare, mon élève avait opté pour la cithare. Décoré de nacre, un chevalet d’ivoire soutenant les sept cordes, l’instrument était superbe et produisait une résonance profonde. Pour ce qui est de ma compétence en tant que joueur de cithare, je préfère rester discret, mais je peux dévoiler qu’à l’armée, je m’étais fait un grand nombre de mécontents avec ma flûte. L’objectif d’Æmilia Fausta n’était pas de s’engager dans un orchestre professionnel. S’il ne s’agissait que de distraire quelques ivrognes après un banquet, j’étais à la hauteur. Au demeurant, je ne serais pas le premier professeur à débiter quelques inepties après avoir mal appris sa leçon la veille.
    La noble dame faisait preuve d’une méfiance nullement surprenante chez une amie d’Helena. Un jour, elle n’hésita pas à me demander si j’avais beaucoup joué…
    — Les leçons de musique, répondis-je, c’est comme l’amour. Le tout est de savoir si je peux extraire ce qu’il y a de meilleur en vous.
    Dépourvue de tout sens de l’humour, elle se contenta de me fixer anxieusement avec ses yeux de chouette.
    Les professeurs vraiment compétents sont trop exigeants. Elle avait besoin de quelqu’un comme moi : des mains douces, une nature sensible, capable d’exprimer avec des mots simples ce qu’il faut faire. Je ne vois pas de meilleure explication : c’est comme l’amour.
    — Es-tu marié, Falco ? demanda-t-elle.
    C’est souvent l’une de leurs premières questions. Je lui répondis par mon plus séduisant sourire de célibataire.
    Une fois cette question réglée, Æmilia Fausta attaqua courageusement la dernière composition impériale, tandis que je tuais le temps en apprenant ma prochaine leçon sur le mode dorien.
    Les leçons avaient lieu à l’intérieur, par respect pour les oreilles des voisins. En outre, comme ils n’achetaient pas de billets, pourquoi leur donner un concert gratuit ? Une accorte servante assistant aux leçons pour le « qu’en dira-t-on », je pouvais au moins la regarder avec concupiscence pendant les passages les plus ennuyeux.
    — Ce passage n’est pas au point, il vaudrait mieux le reprendre à partir de…
    La servante était en train de coudre les côtés d’une tunique. Elle poussa un cri, car elle venait de renverser sa boîte d’épingles. Elle se mit à genoux pour les ramasser et, naturellement, je m’empressai de me vautrer par terre pour

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