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Abdallah le cruel

Abdallah le cruel

Titel: Abdallah le cruel Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Patrick Girard
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regagner vos maisons. Si vous entendez du bruit, ne
vous alarmez pas. Dès cette nuit, elles seront gardées par plusieurs
détachements de Muets commandés par des officiers en qui j’ai toute confiance.
Aux premières heures du jour, notre souverain sera prévenu et je puis vous
assurer qu’il prendra les mesures qui s’imposent.
     
    L’affaire prit plus de temps que
prévu. En prévision du ramadan qui le contraindrait à renoncer à tous les
plaisirs de l’existence, Abdallah avait quitté très tôt le palais pour une
partie de chasse qui se prolongea plusieurs jours. Saïd Ibn Mohammad Ibn
al-Salim ne savait pas où il se trouvait car le monarque aimait ses escapades
pendant lesquelles il n’avait pas à se soumettre au rigoureux protocole en
vigueur à la cour. Seul le hadjib, Abd al-Rahman Ibn Umaiya Ibn Shuhaid, avait
la possibilité de communiquer avec lui, mais son adjoint se méfiait de lui.
Dans le meilleur des cas, il aurait prétendu, pour obtenir de nouveaux
privilèges, s’être procuré ces informations par de mystérieux canaux. De plus,
il n’était pas exclu qu’il soit de mèche avec Mutarrif envers lequel il avait
toujours fait preuve d’une grande prévenance. Le gendre de Cheikh Salih Ibn
al-Safara préféra donc attendre le retour de son maître, la veille du début du
ramadan.
    Abdallah parut accablé par ces
révélations et annonça :
    — J’ai cru sincèrement que
Mutarrif tiendrait compte de mon avertissement et me serait reconnaissant de
lui avoir fait don de l’argent qu’il avait volé à ces chiens de Banu Khaldun et
de Banu Hadjdjadj. L’heure est venue pour moi de statuer définitivement sur son
sort. Laissez-moi quelques jours de réflexion. Quand ma décision sera prise, je
te ferai appeler.
    Contrairement aux autres princes,
Mutarrif s’abstint de paraître à la prière de l’après-midi à la grande mosquée
ainsi que son père l’avait souhaité. Reclus derrière les murs de son palais, il
faisait bombance avec ses compagnons, du matin jusqu’au soir. Le vin coulait à
flots et les convives se livraient à d’abominables orgies avec les prostituées
que Marwan Ibn Obaid Allah Ibn Basil allait quérir dans les quartiers mal famés
de la capitale. En ville, le petit peuple murmurait contre le comportement
scandaleux du prince et, dans les mosquées, les foqahas, généralement prudents,
s’enhardissaient à prononcer des prêches enflammés contre les hérétiques et les
impies qui déshonoraient l’Islam.
    À l’issue de la prière du vendredi,
Abdallah convoqua Saïd Ibn Mohammad Ibn al-Salim ainsi que le chef de la
cavalerie, Obaid Allah Ibn Mohammad, et le wali de Kurtuba, Abdallah Ibn Modar.
L’air sombre, paraissant épuisé par des nuits de veille, il leur déclara :
    — Le scandale a assez duré.
Quelle autorité puis-je avoir sur mes sujets si mon propre fils me défie de la
sorte et bafoue les saints préceptes du Coran ? J’ai prié et imploré Allah
et je suis arrivé à la conclusion que Mutarrif doit subir le châtiment réservé
aux hérétiques et aux blasphémateurs. Je vous ordonne de vous emparer de sa
personne et de ses compagnons et de me les amener afin qu’ils soient traduits,
pour répondre de leurs crimes, devant les tribunaux.
    Mutarrif avait, lui aussi, des
espions au palais et l’un d’entre eux le prévint de l’imminence de son
arrestation. Dégrisé, il se barricada dans sa résidence avec ses compagnons et
sa garde personnelle composée de soldats qui lui étaient entièrement dévoués.
Quand les cavaliers d’Obaid Allah Ibn Mohammad s’approchèrent de sa demeure,
ils furent accueillis par une volée de flèches et plusieurs tombèrent,
mortellement atteints. Le palais du prince se trouvait en plein cœur de la
ville et le gouverneur ordonna l’évacuation du quartier où il était situé. Il
fallut plusieurs heures pour que les habitants quittent leurs maisons en
emportant leurs biens les plus précieux. La nuit était alors tombée et les
opérations furent suspendues. Dès les premières lueurs de l’aube, un
détachement de Muets tenta de s’introduire dans la maison par les jardins, mais
fut quasi anéanti. Les assiégés étaient solidement retranchés et leur
détermination ne paraissait pas faiblir. Ils n’ignoraient pas le sort qui les
attendait.
    Le soir, après la rupture du jeûne,
Abdallah convoqua ses conseillers. Il se garda bien de leur faire le moindre
reproche et sollicita au

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