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Aïcha

Aïcha

Titel: Aïcha Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Marek Halter
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yeux de Dieu, Sa clémence et Sa miséricorde sont-elles réparties à égalité ?
    — Comment veux-tu que je le sache ? répliquai-je avec un peu d’humeur.
    Omm Salama opina encore.
    — Non, tu ne peux pas le savoir, admit-elle. Mais si Dieu entend tout de nous, qui sait si Djibril ne répondra pas à notre époux ?
    Comme toujours, elle avait raison.
     
    Cela se passa la troisième des nuits suivantes. Au matin, du haut de l’escalier de la mosquée, l’Envoyé prononça ces mots qui consternèrent tous les présents :
    — Ô nâbi, remets-t’en à Allah selon les mots de Son ange, Ne te détourne en rien de Sa sagesse et de Sa révélation. Hommes soumis, femmes soumises,
    Hommes croyants, femmes croyantes,
    Hommes pieux, femmes pieuses,
    Hommes sincères, femmes sincères,
    Persévérants et persévérantes,
    Jeûneurs, jeûneuses,
    Louangeurs et louangeuses d’Allah,
    Pour vous sans distinction Dieu prépare la clémence,
    La récompense grandiose [20] .
     
    Oh ces mots… !
    Beaucoup avaient affiché un sourire moqueur en entendant la question d’Omm Salama. Un sourire qui disparut comme un nuage sans promesse de pluie. Les mots de Muhammad ruinèrent leurs espoirs.
    Aux femmes de Madina qui venaient lui demander conseil, Omm Salama commença à dire :
    — Vous avez entendu les paroles de l’Envoyé et la sagesse d’Allah. Un homme vaut une femme, une femme vaut un homme. Tirez-en les conséquences. Partage, héritage, mariage, divorce, bienfaits, chez les Croyants d’Allah, ce qui vaut pour l’homme vaut pour la femme…
    La fureur s’empara de notre cour. Des maris hors d’eux accouraient devant l’Envoyé, et l’Envoyé leur disait :
    — Omm Salama a entendu la parole d’Allah comme vous. Vos épouses l’ont entendue comme vous. Elles savent ce qu’elle signifie.
    — Apôtre d’Allah, quelle folie ! Comment les femmes pourraient-elles avoir les mêmes droits que les hommes ?
    — Parce que Dieu le veut dans Sa justice et Sa clémence. Croyez-vous donc qu’il ne décide que pour vous plaire ?
    Ceux-là repartaient, leur colère intacte. D’autres observaient l’Envoyé comme s’ils ne le reconnaissaient plus.
     
    Le lendemain, du haut de l’escalier de la masdjid, tombèrent de nouveaux mots attisant la dispute. Les hommes ne pouvaient plus hériter de femmes comme ils héritaient de palmiers et de chamelles.
    Le surlendemain, l’Envoyé ordonna l’égalité dans le partage des héritages, quels qu’ils soient, entre époux et épouse.
    Aux femmes qui s’attroupaient devant elle et n’en croyaient pas leurs oreilles de bonheur, Omm Salama disait à son tour :
    — Allah est grand, clément et miséricordieux ! Qui mieux que Lui sait le juste et l’injuste ? Chez les païens, pour chaque héritage, les hommes réclament une part double. Si cela devait perdurer chez les Croyants d’Allah, cela signifierait qu’au jour du jugement, la part des péchés des hommes compterait double, elle aussi. Est-ce cela qu’ils veulent ?
    Les cris et les protestations reprirent jusqu’à l’insupportable. Notre époux ne pouvait plus faire un pas dans Madina sans qu’une meute irrespectueuse l’accable de plaintes. Du haut de son âne, il fronçait les sourcils et répétait bien fort :
    — Honte à vous qui doutez de la sagesse d’Allah parce qu’elle ne convient pas à votre cupidité !
    Pourtant, et pour la première fois, on assista à cet événement extraordinaire : la parole du Messager ne faisait pas céder l’entêtement des hommes. Au contraire, leur colère enflait autant qu’une cuisse mordue par une vipère.
    Comme Muhammad restait ferme et ne diminuait en rien son soutien à Omm Salama, notre cour devint soudain aussi silencieuse qu’aux jours de deuil.
    Puis l’orage éclata enfin.
     
    Sans surprise, l’attaque vint d’Omar. Au sortir d’un prêche que chacune et chacun avaient écouté tête basse, alors qu’Omm Salama passait à portée de sa voix, il lança :
    — Allah est grand, Lui qui doit se demander quelle doléance de femelle il va encore devoir satisfaire aujourd’hui !
    Son ton était celui de la plaisanterie mauvaise et querelleuse. Omm Salama répliqua sans attendre et sans rien céder sur le ton :
    — Ah, tu as raison, Omar ibn al Khattâb ! La grandeur d’Allah est infinie, autant que Sa justice. Aujourd’hui, je songeais qu’il pourrait nous accorder de justes droits sur les butins de guerre. Pendant

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