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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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institutionnel. Ils n’ont aucune pratique
du débat démocratique, ni du respect de certaines
règles protégeant l’efficacité. C’est l’individualisme
du tous contre tous. Seul leur importe le triomphe
des ego, pas les résultats. Tous les éléments sont réunis pour une tragédie. »

    *Rex éviterait-il ces inconvénients avec une autre
organisation ? Il ne le croit pas. En les consultant
séparément, il a plus de facilité à imposer les directives du Général. Les fonds qu’il distribue lui semblent l’argument suprême, puisque les chefs ne
vivent que grâce aux subsides de la France libre. Dupoint de vue de la sécurité, *Rex estime dangereux
l’organisme préconisé par Philip. Il revient à sa préoccupation centrale : l’étape décisive est la fusion
des éléments paramilitaires dans une même armée
secrète. C’est pourquoi il a proposé le voyage de
*Charvet et *Bernard à Londres. Les chefs en discutent depuis des semaines sans jamais conclure.
L’urgence est là.

    Bidault écoute *Rex en silence. Il ne répond rien ;
sans doute parce que, dans ce dernier exposé, le ton
et les arguments du patron sont différents. Il exprime
son expérience quotidienne et affirme la décision
d’un chef. Bidault saisit la nuance et se tait.

    Le dîner touche à sa fin. *Rex ajoute : « J’ai envoyé
un rapport concernant les questions militaires. Si
vous êtes d’accord avec mon projet, pouvez-vous
expédier de votre côté un télégramme à Londres
dans le même sens ? En tant que chef duBIP 34  et
membre du Comité directeur de Combat, on vous
écoutera. Bien entendu, je ne vous demande pas de
modifier votre conception sur le Comité de coordination. Il est bon que Philip entende des convictions
différentes. » Bidault acquiesce avecdéférence 35 .

    Samedi 15 août 1942

     

    « Phèdre »

    Au milieu de l’après-midi, je rejoins Cheveigné à
Perrache. Il m’a persuadé de partir tôt afin d’avoir
le temps de visiter Vienne et de dîner avant le
spectacle. Dès l’arrivée, il me conduit devant le
temple d’Auguste et Livie. Je n’ai vu aucune ruine
romaine depuis la Maison carrée et les arènes de
Nîmes : j’avais onze ans ; c’était il y a onze ans.
Comme il est interdit d’évoquer notre passé avec
nos camarades, je regrette de ne pouvoir partager
ma nostalgie.

    Toujours à l’affût, Cheveigné déniche un restaurant de marché noir. Malgré un dîner gourmand,
nous arrivons en avance au théâtre. Nous voulons
profiter du spectacle qu’offre le monument romain :
« Treize mille places ! me dit-il.

    — Tu es déjà venu ?

    — Non, mais il y a les bouquins ! »

    Décidément, cet aimable compagnon m’étonnera
toujours : il confesse n’avoir rien lu, mais connaît
par cœur le guide sur Vienne.

    Malgré mon enthousiasme préalable pour la pièce,
la déclamation de Fanny Rostan, de la Comédie-Française, ne répond pas à mon attente. À plusieurs
reprises, je décroche. Les acteurs n’en sont pas
seuls responsables : les scènes d’amour m’évoquent
Domino. Jamais le dialogue de Phèdre et Hippolyte
ne m’a paru aussi cruel. Je n’écoute plus, emporté
loin de la foule étrangère, loin de Cheveigné même. Je
voudrais prendre le train, arriver à Pau à l’improviste,
la surprendre… Les longs applaudissements, la foule
qui se lève pour partir brisent un soge exquis.

    Cheveigné juge la reine : « Hippolyte est un con !
Phèdre est pas mal du tout, j’aurais dit oui tout de
suite. Il a de la chance d’être désiré  : moi, les femmes,
je dois les séduire. Cela dit, aucune ne résiste ! »
J’envie son expérience, moi qui n’en ai aucune et ne
compulse que des chimères.

    Lundi 17 août 1942

     

    Turbulences dans la Résistance

    Après déjeuner, *Rex a rendez-vous dans la banlieue
de Lyon. Le tramway nous dépose au terminus.
Nous continuons à pied par des rues désertes, bordées
de jardins entourant des maisons basses. Au fond
d’une impasse, il s’arrête devant un portail monumental aux piliers de pierre de taille. Je lui remets
les papiers qu’il m’a confiés. Il me donne rendez-vous à 6 heures, au même endroit, pour les récupérer après la réunion.

    À l’heure dite, il sort seul. Il me rend divers
papiers et m’entraîne d’un pas rapide vers la station
lointaine. Après un moment de silence, il explose :
« Ils sont irresponsables ! Chaque minute, nous
risquons

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