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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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d’expédier à Londres l’adresse et le mot
de passe du rendez-vous avec * Salm. J’indiquai la
famille Morin, 55, rue Molière, que * Germain venait
de recruter : ils nous prêtaient boîte et appartement.

    C’était la première fois que nous l’utilisions. En
outre, * Rex annonçait dans son télégramme qu’il
n’utiliserait pas * Salm pour la liaison avec Franc-Tireur, comme le BCRA le lui proposait, puisqu’il
avait déjà attribué cette mission à * Sif.W, l’ancien
radio de Raymond Fassin. En ce qui concerne * Salm,
il avait l’intention de lui confier des missions ponctuelles dans le cadre de la coordination des mouvements. Quant à son radio, Cheveigné, * Rex acceptait
de le récupérer à son service afin de soulager Brault,
surchargé.

    Huit jours plus tard, le 16 septembre, je reçus un
câble confirmant que * Salm prendrait rendez-vous
d’urgence avec * Rex. Tandis que le lendemain, 17, un
nouveau câble réclamait la répétition du mot de passe
indéchiffrable contenu dans le télégramme du 12.

    De telles péripéties rythment quotidiennement, à
tous les niveaux, l’existence des résistants, dont la
difficulté majeure est de communiquer entre eux et
avec Londres.

    Finalement, * Rex rencontre * Salm ce 19 septembre. Après le rendez-vous, il me remet un câble :

Me suis mis d’accord avec lui [ * Salm] pour
utiliser son radio EEL [ * Salm.W, alias Cheveigné]
afin de soulager Sif.W. EEL très mal installé dans
chambre garnie où il loge et émet, pour émission
prolongée, a besoin installation sérieuse.

    *Rex m’ayant demandé d’organiser un contact
quotidien avec Cheveigné, je lui révèle enfin notre
amitié d’Angleterre. * Rex me donne l’ordre de lui trouver rapidement un local pour ses émissions : « Veillez
sur lui, nous en avons grand besoin. » Je me garde
de lui avouer que je n’ai pas encore trouvé de bureau
pour * Mado, ni de local pour héberger les agents
de passage, ni même pour préparer mes propres
émissions.

    Mardi 22 septembre 1942

     

    « À bout de ressources »

    Schmidt me demande d’héberger une nouvelle
personne pour la nuit. Je me rebiffe : « Une fois suffit : c’est non ! » Il m’explique qu’il s’agit d’un Juif.
Depuis quelques jours, il est sollicité par des camarades qui ne savent que faire d’hommes traqués et à
bout de ressources. Schmidt a besoin de moi, au
moins pour une nuit : « Les Juifs sont encore plus
difficiles à caser que les aviateurs. »

    Ai-je le droit de refuser ? Que valent les règles de
sécurité face au devoir ? Je finis par fixer notre
rendez-vous loin de ma chambre, à l’arrêt du tram
n o  7, devant Perrache. Comme toujours, je choisis L’Action française comme signe de reconnaissance.
Je demande à Schmidt que ce dangereux locataire
me suive sans m’aborder, d’abord en montant seul
dans le tram qui nous déposera près de chez moi,
puis jusqu’à ma chambre. Cette précaution déjouera
peut-être une éventuelle filature.

    À l’heure tardive du rendez-vous, le tramway est
presque vide. De loin, j’observe mon hôte. Quel
contraste avec le jeune pilote anglais dont la mine
insolente tranchait sur la grisaille lyonnaise ! Ce
jeune homme, avec son visage triste et ses vêtementsfroissés, ne diffère pas de la population que je côtoie
quotidiennement. Il a une trentaine d’années, peut-être moins, et est aussi brun que l’Anglais était blond.
Son regard attachant et réfléchi inspire sympathie
et confiance. Pourtant, je n’oublie pas qu’en dépit
de son apparence inoffensive ce garçon met en péril
mes fonctions.

    Comme prévu, je descends le premier ; je l’entends
me suivre dans la rue, heureusement déserte. Avant
d’entrer dans l’immeuble, je change de trottoir et
ouvre la porte, qu’il referme sans bruit. Arrivés dans
ma chambre, tout se déroule comme avec mon précédent visiteur. Le matelas installé sur le sol, il s’allonge
tout habillé et s’endort d’un coup.

    Je ne peux m’empêcher de l’observer avant de
me mettre au travail. Il ne ressemble nullement aux
caricatures de Gringoire ou de Je suis partout . Où
sont sa bedaine, son opulence, sa morgue ? Est-ce
là le type d’homme qui menace l’âme de la France ?
En réalité, je n’ai jamais rencontré « le » Juif caricaturé par la haine de mes anciens amis politiques.
J’aurais aimé lui parler, connaître son histoire, affirmer ma solidarité contre la

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