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Alias Caracalla

Alias Caracalla

Titel: Alias Caracalla Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Daniel Cordier
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il s’est souvenu de mon nom ! Je cours presque pour rejoindre
la chambrée et claironner cet événement mémorable.

    François Briant m’a devancé. Entouré et questionné par tous, il raconte, avec calme et simplicité,
sa comparution devant de Gaulle : son déroulement
est identique à celui que j’avais cru unique. Interrogé
à mon tour par mes camarades, je joue la modestie :

    « Qu’est-ce qu’il t’a dit ?

    — Oh, ce qu’il demande à tout le monde : il m’a
demandé ce que je souhaitais.

    — Et qu’as-tu répondu ?

    — Ce que tout le monde répond  : me battre le plus
tôt possible. »

    Vendredi 2 août 1940

     

    Légionnaires d’un film d’aventures

    Le camp de Morval jouxte Delville. Les noms des
deux camps ont été choisis en souvenir de deux villages français où les troupes sud-africaines avaient
combattu durant la Grande Guerre. La 13 e  demi-brigade de la Légion étrangère y est installée.

    Des barbelés nous séparent des légionnaires,
comme le serait un camp de louveteaux d’un bagne.
Spectaculairement décorés, on dirait qu’ils s’efforcent tous de ressembler aux personnages de films,
mythes de l’héroïsme et des amours tragiques. Pour
nous, ils demeurent les modèles inaccessibles du
courage.

    Le colonel Magrin-Verneret commande les deux
camps formant la 1 re  brigade de la Légion française.
Il exhibe lui-même une panoplie de décorations qui
impose l’admiration. Quand il passe, en boitant
légèrement, nous sommes béats et tremblants.

    Parfois, après la soupe, nous nous promenons le
long de la clôture des deux camps. Désœuvrés, nous
humons un parfum d’aventure. Nous observons les
légionnaires bronzant au soleil, torse nu, et admirons
leurs tatouages, qui nous semblent le comble d’une
inaccessible virilité.

    Attirés par notre jeunesse, certains d’entre eux
s’approchent et racontent, à travers le grillage, des
aventures rocambolesques qui nous enfièvrent.
D’autres nous regardent avec un mépris persifleur
qui fouette notre désir de les égaler.

    Cette vision romanesque de la Légion masque
une réalité cruelle. L’un de nous, Mahé de la Villeglé,
raconte avec humour l’expérience dont il vient d’être
l’acteur à l’occasion de la visite du général de Gaulle.

    Sa section avait été chargée de monter la garde à
l’entrée du camp de Morval pour remplacer les légionnaires. Certains d’entre eux, incarcérés au poste de
police, s’estimèrent humiliés d’être gardés par des
« bleus ». Lorsque le lieutenant Labaume, officier de
jour, vint inspecter le poste, ils l’insultèrent copieusement. Le lieutenant fit appel à la légion pour
ramener l’ordre. Le colonel Magrin-Verneret vint en
personne et piqua une grosse colère. Désignant les
jeunes chasseurs, il dit aux agités : « Ce sont des
militaires, comme vous. »

    Il fit conduire les légionnaires récalcitrants dans
une pièce d’environ quatre mètres sur six, dont il
confia la garde renforcée au groupe de la section
Labaume : fusil-mitrailleur devant la porte, sentinelledu côté des impostes. « Si ça bouge, vous tirez »,
dit-il à Villeglé. Celui-ci nous raconte la suite  :

    « J’étais au fusil-mitrailleur. À l’intérieur, ça
menait une sarabande infernale. Nous n’avions pas
encore été au pas de tir, et nous étions donc très
gênés de nos personnes. Sur ma droite, Lossec
veillait, armé d’une “canne à pêche” [ancien modèle
de fusil qui nous équipait]. Soudain, je le vois
épauler. Au bout d’un temps interminable, il tire.
Silence immédiat et définitif. Lorsque nous avons
porté la soupe, les légionnaires avaient une espèce
de considération pour nous. Le plus ennuyé était
Lossec. À l’imposte en face de lui, un individu le
narguait, lui faisant des grimaces épouvantables :
pour qu’il reste tranquille, Lossec avait épaulé et
visé à côté. Mais son inexpérience et le ballant de
la “canne à pêche” l’avait fait tirer à quelques centimètres de la tête de son tortionnaire, qui n’avait
pas demandé son reste, admirant la précision du
tir. »

    Dimanche 4 août 1940

     

    Retour de l’enfant prodigue

    Depuis mon assistance à la messe à Anerley School
j’ai attendu quarante jours pour en tirer la conclusion. Enfin hier, j’ai accompli l’acte d’allégeance
d’un catholique : après trois ans de bravade, je me
suis confessé dans la petite

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