Amours Celtes sexe et magie
domestique, meubles proprement dits et animaux autres que ceux des troupeaux. D’après les lois de Hywell Dda, ils étaient rendus en entier à la femme lorsque le mariage se dissolvait avant la septième année. Par contre, ils étaient perdus pour elle si elle divorçait sans motif valable, et partagés avec le reste du patrimoine par moitié lorsque le mariage était dissous après la septième année.
On en vient à examiner la question du divorce. On peut être surpris de constater que le divorce était d’une facilité déconcertante chez les Irlandais, même à l’époque chrétienne (4) . Cela tient d’abord au fait que le mariage n’avait pas le caractère sacré et obligatoire qu’il a revêtu dans les sociétés dites modernes. Ce n’était jamais qu’un contrat, comme les autres. Si les clauses n’en étaient pas respectées, le contrat devenait caduc. D’ailleurs, il n’y avait aucune cérémonie particulière pour le mariage : les récits gallois et irlandais ne font mention que d’un festin à l’issue duquel le mariage était consommé. Mais jamais on ne se mariait devant un druide, pas même devant un prêtre, après la christianisation. Il s’agissait uniquement d’un acte économique et social.
Le mariage est donc une institution fragile dans la mesure où on ne prétend jamais qu’il est définitif. Il est provisoire et rien de plus. Mais les deux conjoints sont protégés de toute injustice, la femme particulièrement. Ainsi, en Irlande, lorsque la femme n’a pas donné à son mari une cause légitime de divorce et que néanmoins celui-ci achète une autre épouse, le nouveau coibche que paie l’homme revient automatiquement à la première femme, au détriment de la seconde et de ses parents. Le fameux « prix de l’honneur » que reçoit la seconde épouse doit également être transféré à la première. C’est évidemment un exemple assez rare de protection de la femme légitime. De plus, si le mari se réconcilie avec son ancienne femme, ce qui peut très bien arriver, il doit payer un nouveau coibche .
Donc le divorce est d’une facilité déconcertante, mais il est encadré par quantité de contraintes. De nombreux cas sont prévus. Ainsi, chez les Gallois, si une femme dit en public à son mari « Honte sur ta barbe ! », le mari a droit à un divorce automatique, car il s’agit d’une suprême injure qui ne peut être pardonnée. Mais si le mari est coupable d’adultère sans le consentement de sa femme , la femme peut obtenir immédiatement la dissolution du mariage. Il n’y a donc pas d’annulation du mariage comme il y en a eu tant dans les sociétés continentales, que ce soit parce que l’union est demeurée stérile, que ce soit pour des raisons – très pratiques – de consanguinité. De plus, chez les Irlandais comme chez les Gallois, même à l’époque chrétienne, le divorce par consentement mutuel est parfaitement licite.
Une autre raison explique la facilité du divorce et par conséquent la fragilité du mariage. C’est que les peuples celtes ont toujours hésité entre la monogamie et la polygamie, voire même la polyandrie. César fait allusion (V, 14) à certaines tribus bretonnes insulaires où se pratique une certaine forme de polyandrie, mais il semble bien que ce soit une sorte de « mariage collectif », comme le signalent certains auteurs comme Dion Cassius (LXII, 6), Strabon (IV, 5) et saint Jérôme ( Adversus Jovianinum , II, 7). Cette coutume, qui déclenche la réprobation des historiens, concerne surtout les Pictes établis au nord de l’île de Bretagne, dans ce qui est actuellement l’Écosse, populations guerrières non celtiques qui ont donné des cauchemars aussi bien à leurs voisins Bretons qu’aux légions romaines.
Cependant, le doute subsiste à propos de cette promiscuité sexuelle. Beaucoup plus tard, le chroniqueur franc Ermold le Noir, relatant en vers latin une expédition de Louis le Pieux, fils de Charlemagne, en Bretagne armoricaine en 812, décrit une situation sociale assez ambiguë chez les habitants de la péninsule, descendants des émigrés venus de l’île de Bretagne : « Cette nation perfide et insolente a toujours été rebelle et dénuée de bons sentiments. Traîtresse à sa foi, elle n’est plus chrétienne que de nom : car d’œuvres, de culte, de religion, plus aucune trace. Nul égard pour les enfants, ni pour les veuves, ni pour les églises. Le frère et la
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