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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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sœur partagent le même lit. Le frère prend l’épouse du frère. Tous vivent dans l’inceste et dans le crime » (vers 1294 et suiv.). Sombre tableau, en vérité, et qui sert la propagande des Carolingiens, avides de soumettre un territoire peuplé de « barbares » sur lesquels ils n’ont aucun droit. Mais comme on le dit souvent, « il n’y a pas de fumée sans feu. »
    On peut cependant être assuré que la polygamie a été d’usage dans les sociétés celtiques anciennes, car on en retrouve des traces significatives à l’époque historique, notamment dans cette étrange institution du « concubinage légal ». Tout homme, même marié, pouvait avoir une concubine, ou plusieurs s’il avait les moyens de les entretenir. À la base, on est en présence d’un véritable contrat par lequel l’homme achète la concubine, la ben urnadna , littéralement « femme de contrat », mais seulement pour un an jour pour jour , ce contrat pouvant être renouvelé par la suite. Cette clause dénote une fois de plus le souci des législateurs celtes de préserver la liberté de la femme. En effet, si le contrat devait concerner une durée d’ un an et un jour , la concubine, au bout de ce délai, appartiendrait corps et âme à l’homme en vertu du principe de l’usucapion   : alors, l’homme aurait le droit de revendre la concubine et de toucher le prix de cette vente, cela au détriment évident de la concubine et de ses parents. Mais au bout d’un an jour pour jour, la concubine, n’étant plus liée par contrat, reprenait intégralement sa liberté.
    Il faut remarquer que ce concubinage légal ou, si l’on préfère, ce « mariage annuel » expirait généralement en Irlande à une date qui correspondait à une fête païenne. D’Arbois de Jubainville, l’initiateur en France des études celtiques, a fait un rapprochement entre cette coutume et celle qui a longtemps persisté dans les campagnes françaises, consistant à louer des servantes à l’année, l’année – jour pour jour – se terminant par exemple à la Saint-Jean ou à la Saint-Martin, souvenirs des fêtes druidiques de Beltaine et de Samain . L’usage ancien du louage annuel de la concubine aurait été ainsi remplacé, à partir de l’époque chrétienne, par le louage à l’année des servantes, et en plus des serviteurs masculins.
    De toute façon, le concubinage légal de l’homme marié ne portait aucune atteinte aux droits de la femme légitime   : elle seule était l’épouse en titre, et elle pouvait se faire aider dans ses travaux domestiques par la ou les concubines de son mari, ce qui représentait, on s’en doute, un certain avantage. D’ailleurs, l’épouse légitime avait toujours droit au chapitre   : elle pouvait refuser la présence d’une concubine dans la demeure familiale et choisir celle qu’elle jugeait digne de cette fonction. Si le mari passait outre, elle pouvait toujours divorcer. On cite souvent, d’après la légende de sainte Brigitte de Kildare, le cas du druide Dubhthach, qui avait acheté une concubine et l’avait rendu enceinte. La femme légitime, qui n’avait pas admis le fait, menaça de divorcer si Dubhthach ne se séparait pas de la concubine. Or, en divorçant, elle reprenait non seulement son coibche , donc son prix d’achat, mais aussi son pécule. Cette menace fit réfléchir le druide qui finit par renvoyer sa concubine pour garder sa femme légitime – et les biens qu’elle possédait personnellement.
    Cependant, la concubine est elle-même protégée de tous les abus possibles. Si elle est renvoyée, elle a droit à une compensation pour rupture de contrat. Et si elle a eu des enfants de cette union, ceux-ci sont pris en charge par le père et élevés avec les enfants légitimes sans aucune distinction particulière. On pourra remarquer que cette tradition s’est perpétuée longtemps dans les familles nobles ou princières, avec la seule différence qu’un bâtard ne peut hériter d’un titre ancestral, qui n’appartient qu’à la famille légitime.
    Apparemment, comme dans toutes les sociétés de type indo-européen, c’est l’homme qui est le chef de famille. Mais il n’est pas forcément le chef du couple . Les lois irlandaises présentent en effet trois cas bien distincts dans la situation matrimoniale, et selon ces cas le rôle de la femme – ou de l’homme – peut changer du tout au tout.
    Ainsi, lorsque l’épouse, la cetmunter , possède

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