Amours Celtes sexe et magie
divinité primordiale asexuée, si elles continuent à jouer un rôle important dans l’imaginaire sont bien déchues de leur grandeur passée : chez les Celtes, elles ont été soigneusement placées à un rang subalterne dans un cadre patriarcal implacable, et très souvent elles ont été occultées, déformées, salies même, et de toute façon englouties au plus profond de l’inconscient collectif. Ainsi s’explique d’ailleurs la légende de la ville d’Is, où la princesse Dahud – dont le nom signifie « bonne sorcière » –, chargée de tous les péchés du monde, a conduit ses sujets à la destruction par les eaux tumultueuses d’un océan déchaîné par la colère des dieux mâles.
Mais la tradition populaire, en laquelle réside toute la mémoire des millénaires écoulés, affirme que Dahud n’est pas morte et qu’elle rôde entre deux eaux, en attendant que la ville d’Is, dont elle est la princesse, puisse reparaître à la surface des eaux. Et c’est ainsi que ces déesses, plus ou moins diabolisées, surgissent encore, triomphantes, sous des formes qu’on n’avait même pas imaginées, telles celles de la Pistis Sophia des gnostiques, de la Vierge Marie, la theotokos des chrétiens, ou encore de l’énigmatique Marie de Magdala, « celle qui osa aimer Jésus », et qui est probablement le modèle de la « Porteuse de Graal », celle qui présente à l’humanité incrédule le sangréal , le « sang royal », représenté sous forme d’une coupe d’émeraude de laquelle émane une lumière aveuglante, c’est-à-dire une lignée initiatique qui perpétue et répand le message issu des temps primordiaux, mais inexplicablement perdu lorsque s’est produite la mystérieuse « chute » originelle.
Le cadre moral
Contrairement à ce que l’on croit généralement, la morale ne consiste pas en une série d’interdictions formelles sanctionnées par des châtiments exemplaires en cas de transgression. La morale n’est pas négative, c’est tout simplement la « science des mœurs », un code de bonne conduite sans lequel toute vie en société est impossible. Cette morale, au sens exact du terme concerne tous les individus participant à une collectivité déterminée, mais elle peut évoluer au gré des circonstances et peut être constamment remise en cause. Les sociétés celtiques ne font pas exception à la règle.
Mais quelle règle ? En fait, en dehors de quelques principes de base d’origine eugénique, donc naturelle, la morale celtique se borne à quelques recommandations qui ne sont absolument pas contraignantes, surtout dans le domaine sexuel. Ce qui apparaît d’abord, c’est ce qu’on pourrait dénoncer comme un laxisme, ce qui n’est absolument pas le cas. Car si les sociétés de type celtique reconnaissent dans le mariage leur base essentielle, elles se gardent bien de prétendre, comme le feront plus tard les judéo-chrétiens, qu’il représente la seule façon d’exprimer la sexualité. Il y avait chez les peuples celtes une grande sérénité en même temps qu’une sorte d’ amoralité tranquille et souriante : le mal et le bien n’étant pas définis de façon formelle et arbitraire, il ne pouvait y avoir de péché au sens chrétien du terme.
Car le péché , ou plus exactement la faute , n’est pas dans la mentalité celtique la transgression d’un interdit fixé une fois pour toutes : c’est le fait de ne pas aller au terme de ce qui est sa propre destinée. Faute grave, bien sûr, mais qui n’est pas liée à une nomenclature, à un répertoire abstrait qui codifie les châtiments et les récompenses. La morale n’est aucunement restrictive, elle n’est qu’une incitation à améliorer les rapports entre les existants humains au gré des circonstances, donc en considération des conditions de toutes sortes, aussi bien économiques que religieuses, qui peuvent déterminer la permanence de la vie et, surtout, de la survie d’une collectivité.
Il n’est pas rare de rencontrer dans les épopées celtiques, irlandaises ou galloises, ainsi que dans les contes populaires armoricains, qui sont d’excellents témoignages d’une mentalité remontant à la nuit des temps, des situations quelque peu bizarres, selon le point de vue contemporain, dites parfois « scabreuses », mais qui ne prêtent absolument pas à une critique négative. Un homme et une femme peuvent avoir, ne serait-ce qu’une seule fois, en dehors
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