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Amours Celtes sexe et magie

Titel: Amours Celtes sexe et magie Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Jean Markale
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auteurs grecs, ne peut que faire sourire de la part des Grecs qui pratiquaient ouvertement , et surtout légalement , la pédérastie, selon une coutume d’initiation des jeunes gens à la vie civique et militaire. Mais il faudrait savoir ce que signifie exactement cet « amour viril » dénoncé par le précepteur d’Alexandre le Grand, qui était, comme chacun le sait, l’un des disciples de Socrate   ?
    Dans toutes les sociétés, sauf peut-être chez les Hébreux qui l’ont abondamment et explicitement condamnée au nom de Iahvé (« C’est une abomination   ! »), l’homosexualité est généralement un sujet tabou et on évite de l’aborder, même si on la tolère dans le quotidien. On l’ignore, ou on veut l’ignorer, mais elle est présente, chez les Celtes comme chez tous les autres peuples, et cela depuis des temps immémoriaux. La morale en fait une faute grave, une faute « contre nature », parce qu’elle ne débouche pas sur la procréation, donc sur la propagation de l’espèce humaine.
    L’accusation portée contre les Celtes paraît cependant fondée. Diodore de Sicile (V, 32) constate que les rapports entre hommes sont non seulement fréquents mais parfaitement acceptés par la société   : « Loin de trouver quelque chose de honteux dans ce commerce, ils se croient déshonorés si l’on refuse les faveurs qu’ils offrent. » Ce qu’on ignore, c’est si cette coutume se place seulement dans un contexte de compagnonnage guerrier, ou bien si elle est répandue dans l’ensemble de la société. Les auteurs grecs et latins n’ont rien précisé à ce sujet et les textes gaéliques ou gallois demeurent très évasifs quand ils évoquent une amitié entre deux hommes.
    De plus, s’il s’agit d’homosexualité masculine, le réflexe phallocratique joue à fond   ; dans la tradition scandinave, par exemple, l’homosexuel actif est un homme considéré comme normal, parce que viril, tandis que l’homosexuel passif est déprécié, assimilé à une femme, ce qui en dit long sur la mentalité de ces peuples pour qui l’activité tant civile que guerrière repose sur la notion de virilité. Il n’y a là rien de moral   : c’est tout simplement une exclusion d’hommes considérés comme des déviants parce qu’ils ne participent pas à la vie ordinaire du groupe considéré. C’est une constante bien des fois répétée   : celui qui gaspille inutilement sa semence n’est pas digne de participer à la vie collective.
    Pourtant, l’amitié virile est très souvent exaltée dans les récits épiques, et personne ne semble y trouver quelque chose à redire   : bien au contraire, on y voit généralement l’occasion de la magnifier au nom de valeurs sûres, telles que le patriotisme, la fidélité à un idéal, la fraternité d’armes. Cela sert même de contrepoids à la relation amoureuse entre homme et femme, considérée dans beaucoup de cas comme amollissante et détournant l’homme de ses devoirs. On admire ainsi sans réserve l’amitié du bouillant Achille et du tendre Patrocle, amitié considérée comme un modèle du genre. Mais c’est oublier un peu vite qu’Achille et Patrocle sont liés d’une façon qui n’a rien de « platonique ». Quant au domaine celtique, il offre certains exemples qui pour être discrets n’en sont pas moins ambigus.
    Telle est l’histoire de Cûchulainn et de Ferdéad. Tous deux ont été les élèves de Scatach et se sont juré une fidèle amitié. Mais, par suite des circonstances, l’un et l’autre se retrouvent face à face, Cûchulainn en tant que défenseur des Ulates et Ferdéad champion de la reine Maeve qui lui a promis de lui donner sa fille Finnabair en mariage. Les deux hommes sont prisonniers de leur engagement et ne peuvent reculer devant le devoir qui s’impose à eux. Mais ce n’est pas sans exprimer ce qu’ils pensent de l’absurdité tragique de la situation. Après bien des péripéties, Cûchulainn tue son ami grâce au gai bolga , ce coup guerrier enseigné par Aifé et qu’il est seul à connaître. Cûchulainn est donc vainqueur, mais il ne peut s’empêcher de manifester son désespoir devant le cadavre de Ferdéad. Cela donne lieu, dans le récit de La Razzia des bœufs de Cualngé , à des poèmes d’une mélancolie poignante et d’une beauté qui touche au sublime   :
     
    Quand nous étions chez Scatach
    pour l’entraînement coutumier,
    c’est ensemble que nous courions à

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