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Antidote à l'avarice

Antidote à l'avarice

Titel: Antidote à l'avarice Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Caroline Roe
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expliqua l’aide-cuisinier. Pourquoi, tu veux y aller ? C’est très loin, tu sais. Non, on va bientôt commencer à redescendre.
    — Ça sera plus facile, dit le jeune garçon qui était d’un incurable optimisme.
    — D’une certaine façon.
    Oui, c’était plus facile, pour le souffle, mais pas pour des jambes fatiguées. L’après-midi était déjà bien entamé quand, les mollets endoloris, ils achevèrent leur lente descente près du pont qui enjambait la rivière. Le capitaine leur fit faire halte.
    — Papa, s’écria Raquel, c’est superbe !
    — De quoi parles-tu, ma chérie ? lui demanda son père, l’esprit empli de tout autre chose.
    — Les oliviers, papa, et puis aussi les vignes. Tout cela est si vert, si bien entretenu. Il y a des collines devant nous, mais pas de vraies montagnes.
    Le soleil effleura l’horizon avant qu’ils entrent dans Vilafranca de Penedès et se dirigent vers le palais royal. C’était le 29 avril, et Tarragone était encore à une douzaine de lieues. La conférence devait débuter dans trente-six heures. Tandis que les cuisiniers et leurs aides faisaient le plein de victuailles et que les garçons d’écurie brossaient et étrillaient mules et chevaux, Berenguer se réunit avec Bernat, Francesc et le capitaine afin de discuter.
    — Nous partirons à l’aube, déclara l’évêque. Avant tout le monde. Je dois atteindre Tarragone dès demain, et je tiens à éviter la chaleur de la journée.
    — Souhaitez-vous que je vous accompagne, Votre Excellence ? demanda le capitaine.
    — Non, je préfère que vous restiez auprès d’eux.
     
    Chacun était occupé à ôter la boue de ses bottes, de sa tunique ou de sa robe. Gilabert examinait pour sa part sa culotte déchirée, ses bottes de cheval maculées et la tunique trop grande que lui avait prêtée le médecin : il se demandait s’il était possible de mettre cela pour dîner au palais royal, même si le roi était absent.
    — C’est une chose d’être vêtu comme un gentilhomme sali par les incommodités du voyage, expliqua-t-il à Yusuf, délégué pour voir comment il se portait après une journée aussi éprouvante. Et c’en est une autre que d’avoir l’air de détrousser des cadavres pour leur prendre leurs habits.
    — Si je savais où vous trouver d’autres vêtements, señor, je m’en occuperais aussitôt. Mon maître possède une autre tunique qui vous irait certainement mieux, mais elle vous tomberait jusqu’aux chevilles.
    — Eh bien, je ressemblerais plus à un médecin. Je ne puis me montrer difficile, je le crains, dit Gilabert. Je brosserai mes habits pour en ôter la boue, nettoierai mes bottes et me présenterai tel que je suis.
    — Je vais trouver quelqu’un pour cirer vos bottes, señor.
     
    Quand Yusuf revint avec les bottes, Gilabert était allongé sur son lit et contemplait le plafond sombre de sa chambre.
    — Cela me fait plaisir de te voir, Yusuf, dit-il. Viens, descendons dans la cour et profitons de la soirée. Mes pensées sont plutôt de tristes compagnes.
    Lentement, mais avec plus de facilité qu’auparavant, Gilabert descendit l’escalier de pierre ouvragé qui menait à la cour. Il se dirigea vers un banc proche d’une fontaine et s’y assit avec plaisir.
    — Tu t’intéresses à l’équitation, n’est-ce pas, Yusuf ? Tu montes bien – presque aussi bien que moi quand j’avais ton âge.
    — J’ai rarement eu l’occasion de m’exercer, señor.
    — C’est vrai, et cela se voit à certains de tes gestes. Malgré tout, tes capacités m’ont impressionné.
    — Sa Majesté a dit que si je devais vivre à la cour, j’aurais mon propre cheval, pris dans l’écurie royale, et ma propre mule pour voyager, dit Yusuf un peu mélancolique.
    — C’est ce que tu feras ?
    — Comment pourrais-je quitter mon maître ? Il m’a vêtu et nourri alors que j’étais en haillons et à demi mort de faim. Il m’a sauvé la vie, il a engagé des professeurs pour m’initier à la lecture et l’écriture de votre langue, il m’a déjà aussi beaucoup appris quant à la guérison des malades. En outre, il est aveugle, et si sa fille se marie, qui sera là pour l’assister ?
    — Elle est très belle, remarqua Gilabert. Très habile aussi.
    — Oui. C’est pour cela qu’elle trouvera un époux. Quand elle est en ville, ma maîtresse l’enveloppe comme un paquet pour lui éviter les regards des curieux.
    — Elle se montre pleine

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