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Au Coeur Du Troisième Reich

Au Coeur Du Troisième Reich

Titel: Au Coeur Du Troisième Reich Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Benoît Lemay , Albert Speer , Michel Brottier
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cacha pas ce qu’il pensait de ce fanatisme insensé qui poussait Hitler à continuer la guerre. Il se faisait déjà tard dans la soirée quand nous atteignîmes Heidelberg. Les nouvelles en provenance de la Sarre étaient bonnes. On n’y avait fait que peu de préparatifs en vue d’unedestruction systématique. Comme on ne disposait plus que de peu de jours, même un ordre de Hitler ne pouvait plus faire beaucoup de mal.
    Notre voyage se poursuivit difficilement, car la retraite de nos troupes encombrait les routes, et nous fûmes copieusement injuriés par les soldats fatigués et épuisés que nous rencontrions. Nous n’arrivâmes qu’après minuit dans une petite localité vinicole du Palatinat où était cantonné le général SS Hausser. Celui-ci avait, sur les ordres insensés de Hitler, des vues plus raisonnables que son commandant en chef. Ainsi, il tenait l’évacuation ordonnée par Hitler pour irréalisable, la destruction des ponts pour irresponsable. Cinq mois plus tard, je traversai la Sarre et le Palatinat sur un camion qui me ramenait prisonnier de Versailles. Je pus alors constater que les installations ferroviaires et les ponts routiers étaient en majeure partie intacts.
    Le Gauleiter du Palatinat et de la Sarre, Stöhr, me déclara sans ambages qu’il n’exécuterait pas l’ordre d’évacuation générale qu’on lui avait transmis. Le Gauleiter et le ministre entamèrent alors une étrange conversation. « Si vous n’exécutez pas l’ordre d’évacuation et que le Führer vous en tienne pour responsable, vous pourrez affirmer que j’ai prétendu que l’ordre avait été annulé. – Non merci, très aimable à vous, mais je le fais sous ma propre responsabilité. » J’insistai : « Mais je veux bien risquer ma tête. » Stöhr secoua la sienne. » Mais c’est ce que je fais. Je le prends sous mon chapeau. » Ce fut là notre seul point de désaccord.
    L’étape suivante devait être le quartier général du Feldmarschall Model, qui se trouvait à 200 kilomètres de là, dans la forêt du Westerwald. Aux premières heures du jour, des chasseurs américains réapparurent. Aussi quittâmes-nous les routes principales pour emprunter des routes secondaires et atteindre ainsi sans encombre un petit village paisible. Rien ne signalait que le poste de commandement du groupe d’armées se trouvait là. Pas un officier, pas un soldat, pas une auto, pas même une moto n’étaient visibles, et toute circulation automobile était interdite le jour.
    A l’auberge du village, je poursuivis avec Model la conversation entamée à Siegburg et ayant trait à la conservation des installations ferroviaires de la Ruhr. Pendant notre entretien, un officier entra pour nous remettre un message. « Il vous concerne », fit Model, gêné et troublé en même temps. Je soupçonnai que c’était une mauvaise nouvelle.
    C’était la « réponse écrite » de Hitler à mon mémoire. Il y prenait en tous points le contrepied de ce que j’avais réclamé le 18 mars. Il donnait l’ordre de détruire « toutes les installations militaires et industrielles, toutes les communications, les transmissions, les centres de ravitaillement, ainsi que tous les biens mobiliers et immobiliers sur le territoire du Reich ». C’était là l’arrêt de mort du peuple allemand, le principe de la « terre brûlée » dans sa plus stricte application. Hitler me dépossédait par ce décret de tous pouvoirs et frappait de nullité tous les ordres que j’avais donnés pour conserver l’industrie allemande en vie. C’étaient les Gauleiter qui étaient désormais chargés d’exécuter ces mesures de destruction 10  .
     
    Les conséquences auraient été incalculables : pour un laps de temps indéterminé, plus de courant, plus de gaz, plus d’eau propre, plus de charbon, plus de trafic. Toutes les installations ferroviaires, les canaux, les écluses, les docks, les bateaux, les locomotives détruits. Même là où l’industrie n’aurait pas été détruite, la production aurait été arrêtée faute d’électricité, de gaz et d’eau ; plus d’entrepôts, plus de téléphone. Bref, un pays retombé en plein Moyen Age.
    Le changement de comportement du Feldmarschall Model me fit comprendre que ma situation n’était plus la même. Il reprit l’entretien en marquant bien qu’il prenait ses distances. Il évita désormais, avec un soin aisément discernable, d’aborder à nouveau le

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