Bücher online kostenlos Kostenlos Online Lesen
Au Pays Des Bayous

Au Pays Des Bayous

Titel: Au Pays Des Bayous Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Maurice Denuzière
Vom Netzwerk:
religieux. En détaillant ce physique, dont la reproduction, apparemment sans concession, est due à un artiste anonyme, on peut se demander si la véritable vocation de Louis Hennepin, fils d'un boulanger et petit-fils d'un boucher des Flandres, n'était pas celle, contrariée, d'un condottiere du Nouveau Monde.
    L'étrange comportement de ce missionnaire, fabulateur conséquent dans ses mensonges et organisé dans leur exploitation, eut au moins le mérite, par les convoitises anglaises qu'il encouragea, de contraindre le gouvernement de Louis XIV à prendre conscience de l'importance stratégique de la Louisiane délaissée.

    Le cas du docteur Coxe
    La ligue d'Augsbourg, fondée en 1686 par l'empereur d'Autriche, le roi de Suède, le roi d'Espagne et les princes allemands, avait reçu, dès 1688, le renfort de l'Angleterre et de la Hollande. Les hostilités ouvertes en 1689 avaient rapidement été exportées d'Europe en Amérique, aussi bien par les Français que par les Anglais. Ainsi, tandis que les troupes de Louis XIV se battaient dans le Palatinat et que les navires ennemis bombardaient Le Havre, Dunkerque, Saint-Malo, Dieppe et Calais, une autre guerre faite de coups de main et d'embuscades se déroulait au long de la frontière méridionale de l'Acadie. Cette province orientale du Canada français, la première où des colons avaient tenté de se fixer dès 1604, jouxtait la Nouvelle-Angleterre, qui comptait déjà cinq colonies britanniques organisées, Massachusetts, Plymouth, Rhode Island, Connecticut et New Haven. La frontière entre les deux territoires était des plus floue. Les Anglais soutenaient qu'elle suivait le cours de la rivière Sainte-Croix, qui se jette dans la baie de Fundy et sépare aujourd'hui, dans la zone côtière, l'État du Nouveau-Brunswick de l'État du Maine, tandis que les Français la voyaient plus au sud, sur la rivière Pentagouët, aujourd'hui nommée Penobscot, sur les berges de laquelle le Béarnais Saint-Castin avait installé un poste militaire. Dans cette vaste pénéplaine, limitée, au nord, par le plateau de l'Aroostook, à l'ouest, par les White Mountains et le Saint-Laurent, à l'est, par la mer, on compte les lacs par milliers, les rivières par centaines, et d'immenses forêts recouvrent montagnes et vallées. À la fin du XVII e  siècle et au commencement du XVIII e , les rares établissements français isolés n'étaient souvent séparés que de quelques dizaines de kilomètres des postes anglais. Les colons, quelle que fût leur nationalité, essayaient toujours de se concilier les Indiens, Abnaki ou Mic-Mac, qui peuplaient la région.
    Les Acadiens et les Américains, comme on appelait déjà les colons d'origine britannique ou hollandaise, se livraient à des surenchères en cadeaux pour amadouer les chefs de tribu ou obtenir le concours des guerriers dans les échauffourées frontalières. Si les Iroquois se montraient sensibles aux largesses des Anglais, les Abnaki préféraient les Français. En 1689, c'est avec l'appui de ses guerriers, des Abnaki, que le baron de Saint-Castin prit aux Britanniques le fort de Pemaquid tandis que d'autres Indiens anéantissaient un village du New Hampshire. Ces massacres provoquèrent une réaction des colons du Massachusetts, qui réussirent à sauver leur établissement de Casco, assiégé par une horde d'Indiens. Ces derniers avaient la réputation de scalper les hommes, de violer les femmes, d'enlever les enfants, de piller les dépôts et d'incendier les maisons avant de se retirer en braillant.
    On se battait aussi sur la mer et les corsaires français arraisonnaient les navires anglais qui entraient ou sortaient des ports de Nouvelle-Angleterre. En représailles, la marine anglaise avait attaqué Port-Royal, mais, dès que Louis XIV eut envoyé comme gouverneur du Canada le comte de Frontenac, qui, dans les mêmes fonctions, avait su rendre, de 1672 à 1682, la colonie relativement quiète et prospère, les Franco-Canadiens reprirent confiance en leur destin.
    Bien qu'âgé de soixante-neuf ans, cet « homme de beaucoup d'esprit, fort du monde et parfaitement ruiné », d'après Saint-Simon, avait été l'ami et le supporter inconditionnel de La Salle. Il considérait que l'œuvre de l'explorateur défunt méritait d'être protégée et, poursuivie. Il stimula si bien ses capitaines que ces derniers, avec l'aide des Sauvages, anéantirent, en 1690, Shenectady (État de New York), Salmon Falls

Weitere Kostenlose Bücher