Avec Eux...
visionnerpréalablement à la diffusion. Pourtant je la visionnais avec le service juridique, et quand le service juridique disait quâil fallait couper quelque chose, on faisait intervenir Patrick Le Lay. Je me suis vue dans le bureau de Patrick Le Lay à vingt-deux heures le vendredi soir, en train dâessayer de faire fonctionner son magnétoscope que nous nâarrivions pas à faire marcher, pour savoir sâil prenait la responsabilité ou pas de diffuser. Et quand on coupait les séquences incriminées, Sébastien devenait fou ! Il mâappelait « lâespionne », et il mâa virée plusieurs fois de son plateau⦠Câétait très conflictuel entre nous, mais au final je lâadore.
8. Nagui ou la passion
Nagui rêvait de faire ce métier, quâil réussit désormais de façon magistrale. Il est devenu une star incontestée de cet écran qui nâest pas le Grand . Il eut pourtant un mal fou à être accepté par les patrons des chaînes, en particulier la mienne, TF1. Certaines personnes de la télévision qui avaient des responsabilités importantes étaient tout simplement racistes (je ne trouve pas dâautres mots pour le dire), et moi qui croyais beaucoup en ce jeune homme, qui me semblait avoir du talent, jâavais du mal à envisager des concepts dâémission avec lui parce que, à cette époque, on me répondait : « Cela ne marchera pas, parce quâil est arabe ! »
Je nâai pas une once de racisme en moi, donc je ne réfléchissais même pas à cet aspect des choses. Jâai beaucoup étudié par la suite le comportement des Français vis-à -vis de leur télévision, et il est évident que nous sommes un peuple qui nâa pas accepté la différence aussi vite et pleinement quâil aurait dû. La télévision étant un miroir grossissant, jâétais obligée dâintégrer les remarques quâon me faisait, mais je me disais que son talent et son « envie dâavoir envie » dépassaient largement les objections quâon pouvait émettre sur ses origines et son patronyme.
Et je nâai pas envie dâécrire ces mots que jâécris, mais câétait pourtant la raison pour laquelle jâavais tant de mal à travailler des concepts avec lui. Il avait des milliers dâidées. Il nâétait habité que par cette volonté de faire rire, et il écrivait les concepts les plus malins quâon puisse imaginer. Un jour, je lui dis que je suis en Bretagne (je passais souvent les vacances dans la maison de Nicolas Hulot à Dinard, et il se trouvait que le président de TF1, Patrick Le Lay, avait une maison à Saint-Lunaire, à dix kilomètres de là ), et je lui propose de venir me voir : « Le président est aussi en Bretagne, viens me rejoindre au Grand Hôtel de Dinard et je vais essayer dâorganiser un rendez-vous. »
Je ne sais pas à quelle vitesse il a roulé, il avait une Porsche à lâépoque, mais tout ce que je sais, câest que, à peine quatre heures plus tard, nous étions à lâhôtel de Dinard avec Patrick Le Lay. Jâai dit à Patrick : « Ce garçon est né pour faire de la télévision ; il faut absolument quâon tente au moins un test, une émission, un soirâ¦Â » On lâa testé avec Gérard Louvin, sur une émission appelée Et puis quoi encore ? , qui se passait dans un décor de hangar américain abandonné, avec de vieilles voitures, des Chrysler et des Cadillac, et tous les éléments de décor appropriés. Très vite, toutes les stars de la chanson sont venues dans cette émission qui ne faisait pas du tout dâaudience, mais qui était dâune originalité de ton absolue. Nagui était très bon, jâétais contente de voir que je ne mâétais pas trompée sur son talent. Dâailleurs, je me suis rarement trompée sur le talent des gens. Je peux mâêtre trompée sur des concepts, câest sûr et certain, mais pas sur les gens.
On a continué lâémission pendant un trimestre, et puis on lâa arrêtée parce quâelle ne marchait pas. Pourquoi ? Je pense que cela nâa rien à voir avec ce quâon appelle « la couleur dela
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