Azincourt
devoir affronter en
ce jour et sut qu’il n’irait au Ciel que s’il faisait cette promesse au père
Christopher.
— Je le jure.
— Ta pénitence sera de bien
tirer aujourd’hui, Nicholas Hook. Pour Dieu et pour ton roi. Te absolvo. Tes péchés sont pardonnés. Maintenant, regarde-moi. (Hook leva les yeux. La
pluie avait enfin cessé. Il plongea son regard dans celui du prêtre qui tira un
morceau de charbon de sa manche et écrivit sur son front.) Voilà.
— Qu’est-ce, mon père ?
— J’ai inscrit sur ton front IHC Nazar. Certains pensent que cela protège un homme d’une mort soudaine.
— Qu’est-ce que cela
signifie ?
— Au Nom du Christ, le
Nazaréen.
— Faites-en de même pour
Mélisande, mon père.
— Je le ferai, Hook, bien sûr.
À présent, apprête-toi à recevoir le corps du Christ. (Hook prit le sacrement
puis, comme l’avaient fait le roi et d’autres, il prit une pincée de terre
humide et l’avala avec l’hostie pour indiquer qu’il était prêt à la mort. Le
geste signifiait qu’il se préparait à recevoir la terre tout comme elle le
recevrait peut-être.) Dieu te bénisse, Hook.
— J’espère que nous nous
reverrons quand tout sera fini, dit Hook en coiffant son casque par-dessus son
camail.
— Je prie moi aussi pour cela.
— Ces mangeurs de merde vont
bientôt arriver, grommela Will du Dale quand Hook rejoignit ses hommes.
Pourtant, les Français ne montraient
nul désir d’attaquer. Ils attendaient, leurs rangs serrés remplissant presque
tout l’espace entre les bois. Les hérauts anglais, resplendissants dans leurs
livrées et portant leurs baguettes blanches, avaient rejoint les lignes
ennemies, où ils avaient retrouvé les hérauts français et bourguignons, et
formaient un groupe multicolore abrité à l’orée de la forêt près d’une masure
en ruine. Ils devaient observer la bataille ensemble et désigner à la fin le
vainqueur.
— Allez, maudits gueux !
gronda un homme.
Mais les maudits gueux ne bougeaient
pas. Leurs trompettes continuaient de hurler, mais les longues rangées d’acier
ne bronchaient pas. Ils attendaient. Les destriers bardés se rassemblaient pour
dissimuler les arbalétriers à l’arrière. Un bref rayon de soleil brilla sur
eux, éclairant l’oriflamme, l’étendard rouge à trois pointes qui annonçaient
que les Français ne feraient pas de prisonniers et tueraient tout le monde.
— Evelgold !
Hook ! Magot ! Candeler ! cria sir John Cornewaille. Venez ici tous les quatre ! (Hook suivit les trois autres
sergents. C’était incroyablement pénible de marcher, car l’argile rougeâtre
était devenue une boue gluante qui s’accrochait aux bottes. Ce l’était encore
plus pour sir John, qui portait les soixante livres de son armure de plates et
les attendait à une quarantaine de pas devant les lignes.) Vous avez toujours
voulu voir quelle allure avait votre armée, de la voir comme la voit l’ennemi.
Regardez, à présent.
Hook se retourna vers l’armée
crottée de boue et déguenillée. Son armée. Le centre était formé de trois
bataillons, chacun d’environ trois cents hommes. Celui du milieu était commandé
par le roi, celui de main droite par lord Camoys, et le gauche par le duc
d’York. Entre chaque bataillon se trouvaient de petits groupes d’archers, qui
étaient en plus vastes contingents sur chaque flanc. Ces deux groupes de flanc,
avec leurs épieux, étaient disposés obliquement en avant afin de pouvoir tirer
de biais.
— Que vont faire les
Français ? interrogea sir John.
— Attaquer, grommela Evelgold.
— Attaquer qui et
pourquoi ? demanda durement sir John. (Les quatre archers restèrent cois
en contemplant leur petite armée, cherchant quelle réponse souhaitait sir
John.) Réfléchissez ! Vous êtes français ! Vous demeurez en quelque
manoir crotté et infesté de rats et souris. Que voulez-vous ?
— De l’argent, avança Hook.
— Alors
qu’attaquerez-vous ?
— Les étendards, dit Evelgold.
— Si fait, car c’est là que se
trouve l’argent. Ces maudits font flotter l’oriflamme, mais cela ne signifie
rien. Ils veulent des prisonniers. Des riches. Ils veulent le roi, le duc
d’York, le duc de Gloucester, ils me veulent moi, car ils veulent
rançons ! Puisqu’il n’y a nul profit à massacrer des archers, ils
attaqueront les hommes d’armes. Ils s’en prendront aux bannières, mais comme
d’autres viendront sur vous,
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