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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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Crépinien. Je crois qu’ils sont moins occupés que la Sainte
Vierge. Dieu t’ait en Sa sainte garde, Anglais.
    Il s’éloigna. Hook décida de suivre
son conseil et de prier à nouveau les deux saints patrons de la ville. Il
s’approcha d’un autel au-dessus duquel les deux martyrs étaient représentés et
pria pour l’âme de Sarah, qu’il avait échoué à sauver à Londres. Les deux
saints se dressaient dans une verte prairie parsemée d’étoiles, sur une colline
dominant une cité ceinte de murailles blanches. Leur regard triste était baissé
vers Hook, qui ne leur trouva pas une allure de cordonniers. Ils étaient vêtus
de robes blanches, et Crépin portait une houlette de berger tandis que
Crépinien tenait un plateau d’osier garni de pommes et de poires. Leurs noms
étaient peints au-dessous et Hook, bien que ne sachant pas lire, pouvait les
distinguer car l’un des noms était plus long que l’autre. Crépinien paraissait
le plus avenant. Il avait des yeux bleus, un visage rond et souriant, alors que
Crépin semblait plus austère, se détournant à demi comme s’il n’avait pas de
temps à consacrer au spectateur et s’apprêtait à redescendre vers la ville.
Hook prit donc l’habitude de prier Crépinien chaque matin, même s’il saluait
aussi Crépin. Et il déposait deux sous dans le tronc à chaque fois.
    — En te voyant, je ne t’aurais
point cru homme de prière, lui dit John Wilkinson un soir.
    — Je ne l’étais pas jusqu’à
présent.
    — Tu crains pour ton âme ?
    Hook hésita. Il était en train de
lier l’empennage d’une flèche avec la soie volée.
    — J’ai entendu une voix,
bafouilla-t-il soudain.
    — Une voix ? (Hook ne
répondit pas.) Celle de Dieu ?
    — C’était à Londres.
    Il se sentit sot de l’avouer, mais
Wilkinson le prenait au sérieux. Il fixa Hook longuement, puis hocha la tête.
    — Tu es un homme chanceux,
Nicholas Hook.

— Le suis-je ?
    — Si Dieu t’a parlé, c’est donc
qu’il a pour toi une mission. Cela veut dire que tu survivras peut-être à ce
siège.
    — Si c’était bien Dieu qui m’a
parlé, dit Hook, gêné.
    — Et pourquoi ne l’aurait-Il
point fait ? Il a besoin de parler aux gens étant donné que l’Église ne
L’écoute point.
    — Vraiment ?
    — L’Église n’est qu’argent, mon
garçon, argent. Les prêtres sont censés être des bergers, non ? S’occuper
du troupeau. Mais puisqu’ils sont tous au château à se goinfrer de pâtés, les
brebis doivent veiller elles-mêmes sur leur sort. Et si les Français entrent
dans la cité, Hook, ne va pas à Saint-Antoine-le-Petit ! Va au château.
    — Sir Roger…
    — Nous veut morts !
s’emporta Wilkinson.
    — Et pourquoi donc ?
    — Parce qu’il n’a nul argent et
une grande dette, mon garçon, et que celui qui a la plus grosse bourse peut
l’acheter. Et parce qu’il n’est point un vrai Anglais. Sa famille est venue en
Angleterre avec les Normands et il nous hait, toi et moi, car nous sommes
saxons. Et parce qu’il est rempli jusqu’au gosier de merde normande, voilà
pourquoi. Tu iras au château, mon gars !
    Les nuits suivantes furent noires et
la lune décroissante n’était qu’une mince lame d’argent. Le sire de
Bournonville redoutait une attaque de nuit et ordonna que des chiens soient
attachés auprès des restes calcinés des maisons. S’ils aboient, déclara-t-il,
il faut sonner le tocsin de la porte ouest ; les chiens aboyèrent et l’on
sonna le tocsin, mais aucun Français ne prit la brèche d’assaut. Au lieu de
cela, quand la brume se leva sur la rivière, les assiégeants catapultèrent les
cadavres des bêtes dans la cité. Les chiens avaient été éventrés et égorgés
pour avertir la garnison du sort qui la guettait.
    La fête de saint Abde passa et aucun
renfort n’arriva ; puis ce fut la Saint-Possidius, et le lendemain, la
fête des sept vierges. Hook les pria tous et le lendemain matin il pria saint
Dustan, l’Anglais, au jour de sa fête, puis le jour suivant saint Ethelbert,
qui avait été roi d’Angleterre. Chaque jour, il continua d’implorer la
protection de Crépinien et Crépin, et le dernier jour, à la fête de saint
Hospitius, il reçut sa réponse.
    Quand les Français, qui priaient
saint Denis depuis tout ce temps, attaquèrent Soissons.
     
     
    Hook comprit que l’assaut était
donné quand les cloches de la cité se mirent à carillonner à qui mieux mieux et
en grand

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