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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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ancre. À
deux portées de flèche s’étendaient une grève déserte battue par les vagues, un
marécage et une abrupte colline boisée. Quelqu’un annonça qu’il s’agissait de
l’embouchure de la Seine, un fleuve qui venait du cœur de la France, mais Hook
ne vit pas la moindre rivière. Loin au sud, il distingua un autre rivage. Les
derniers navires arrivaient et remplissaient la baie.
    — La Normandie* , dit Mélisande.
    — La France, répondit Hook.
    — La Normandie, insista-t-elle, comme si c’était important.
    Hook contemplait les arbres, se
demandant quand en surgirait une armée française. Puisque les Anglais allaient
débarquer ici, pourquoi aucun ennemi ne tentait-il de les en empêcher ? Un
faucon tournoyait au-dessus des falaises parmi les mouettes. Hook vit sir John
gagner en chaloupe, comme les autres seigneurs, le Royale Trinité dont
les marins ornaient les flancs de boucliers blancs peints de la croix de saint
George.
    — Que va-t-il advenir de
nous ? demanda Mélisande.
    — Je ne sais, avoua Hook.
    Il ne s’en souciait guère. Il
partait à la guerre avec ses compagnons et celle qu’il aimait, mais il se
demandait si elle resterait avec lui maintenant qu’elle était revenue dans son
pays.
    — Tu vas rentrer chez toi,
dit-il.
    — Maman*, c’était chez moi, répondit-elle après un long silence. Je ne sais plus
où est mon foyer, à présent.
    — Moi… dit-il d’un ton
hésitant.
    — Le foyer, c’est là où l’on se
sent à l’abri, dit-elle.
    — Ta mère était-elle cruelle
avec toi ?
    — Cruelle ? Pourquoi
l’aurait-elle été ?
    — Certaines le sont, dit Hook,
songeant à sa grand-mère.
    — Elle était gentille.
    — Mon père était cruel.
    — Alors tu ne dois pas l’être.
(Elle plissa le front, pensive.) Quand je suis allée au couvent. Avant. Mon
père est venu me voir. J’avais treize ou quatorze ans. Il m’a fait ôter mes
vêtements et je suis restée devant lui, nue* . Il m’a regardée en disant
qu’aucun homme ne pourrait m’avoir. J’ai cru qu’il allait…
    — Mais il n’en a rien
fait ?
    — Non, répondit-elle
précipitamment. Il m’a caressé l’épaule* . Il était tout… frissonnant* .
Puis il m’a envoyée chez les nonnes. Je l’ai supplié, lui disant que je les détestais,
mais il voulait que j’y prie pour lui, disant que c’était mon devoir.
    — Et l’as-tu fait ?
    — Chaque jour, j’ai prié pour
qu’il vienne me chercher, mais il n’est jamais venu.
    Le soleil se couchait quand sir John
revint sur Le Héron. Aucun soldat français n’était apparu sur le rivage,
mais les arbres pouvaient cacher une armée. De la fumée s’éleva sur la colline
à l’ouest de la baie, trahissant une présence, mais il était impossible d’en
savoir davantage.
    — Vous, dit sir John en
désignant Hook et d’autres hommes. Vous allez débarquer avec moi. Ce soir, à la
tombée de la nuit ! Les autres, soyez prêts à l’aube. Si nous sommes
encore en vie, vous nous rejoindrez. Que tous revêtent armures et ceignent
armes ! Nous n’allons point danser avec ces gueux, nous allons les
occire !
    Cette nuit-là, la lune presque
pleine pailletait d’argent la mer et découpait des ombres noires à terre. Hook
se préparait à la guerre, chaussant ses hautes bottes, revêtant ses braies et
sa gambison, son haubert et son casque. Il portait au bras gauche une brasse de
cuir, non pour se protéger, mais pour éviter que la corde de l’arc s’use sur la
maille. Il avait à la ceinture une courte épée, une vouge en bandoulière et un
carquois de toile d’où émergeaient les plumes de vingt-quatre flèches. Les cinq
hommes d’armes et douze archers qui accompagnaient sir John s’embarquèrent dans
une chaloupe. D’autres en faisaient autant depuis les navires voisins. Tout
cela se fit sans un bruit, hormis les encouragements qu’on leur chuchota çà et
là au passage. Si les Français se cachaient dans les arbres, pensa Hook, ils
les verraient arriver. Peut-être même qu’ils tiraient déjà leurs épées et
préparaient leurs arbalètes.
    Alors qu’ils approchaient du rivage,
la houle et le grondement du ressac se firent plus insistants et menaçants. Les
rameurs s’efforçaient de devancer les vagues, et soudain ils furent violemment
soulevés par une mer blanche d’écume et retombèrent lourdement. La barque
dériva en crissant sur les galets tandis que l’eau se retirait.
    — En

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