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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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crois que Dieu est avec toi, Anglais ?
    — Je le sais, répondit Hook.
    — Et tu sais comment on
m’appelle ?
    — Le seigneur d’Enfer.
    — Oui, Anglais. Ce n’est qu’un
nom pour effrayer l’ignorant. Mais malgré ce nom, je veux que mon âme gagne le
ciel à ma mort, et pour cela il faut que l’on prie pour moi. Que des messes
soient dites, avec prêtres et nonnes à genoux. Pourquoi ne prierait-elle pas
pour moi ?
    — Je le fais, dit Mélisande.
    — Mais Dieu écoutera-t-il ses
prières ? Elle a déserté Dieu pour toi, tel est son choix, mais voyons ce
que Dieu veut, Anglais. Lève ta main. (Hook ne bougea pas.) Tu veux
vivre ? gronda Lanferelle. Lève ta main. Pas celle-ci, l’autre !
    Il voulait la droite, celle dont les
doigts étaient calleux à force de tirer la corde. Hook obéit.
    — Écarte les doigts, dit
Lanferelle en posant la pointe de l’épée sur sa paume. Je pourrais te tuer,
mais ma fille t’aime et j’ai de l’affection pour elle. Mais tu as pris son sang
sans ma permission et le sang réclame le sang.
    Il tourna simplement le poignet,
d’un geste si vif que Hook n’eut pas le temps de bouger que la lame lui avait
tranché le petit doigt. Le sang jaillit. Mélisande poussa un cri, mais elle ne
toucha pas à son arbalète. Une affreuse douleur irradia le bras de Hook.
    — Voici, s’amusa Lanferelle. Je
te laisse les doigts pour la corde. Par égard pour Mélisande. Mais quand les
loups fondront sur toi, Anglais, ce sera chacun pour soi. Si tu es victorieux,
tu la garderas… mais si tu es vaincu, elle rejoindra la couche de l’époux,
dit-il en désignant son écuyer. Elle empeste et il grogne et trousse comme
sanglier. Acceptes-tu ?
    — Dieu nous donnera la
victoire, répondit Hook malgré la douleur.
    — Laisse-moi te dire ceci,
répondit Lanferelle en se penchant sur sa selle. Dieu se soucie comme d’une
guigne de ton roi ou du mien. Acceptes-tu de combattre pour Mélisande ?
    — Oui.
    — Alors jette tes flèches et
ton arc.
    Comprenant que le Français ne tenait
pas à prendre une flèche dans le dos en s’éloignant, Hook et Tom jetèrent leurs
armes dans les taillis.
    — Nous sommes d’accord,
Anglais ! sourit Lanferelle. Le prix est Mélisande, mais nous devrons le
sceller dans le sang.
    — Il est scellé, dit Hook en
levant sa main ensanglantée.
    — Nous jouons tous pour une vie
et non pour le sang.
    Sur ces mots, il toucha du genou son
cheval qui fit docilement demi-tour, trancha la gorge de Matt Scarlet, et
tandis que le sang jaillissait le seigneur d’Enfer partit au galop dans un
éclat de rire, suivi de ses deux hommes.
    — Matt ! cria Tom en se
précipitant sur son frère.
    Mais il n’y avait rien à faire.
Matthew Scarlet agonisait dans un bouillonnement de sang. Le bruit des sabots
décrut. Les cris s’étaient tus sur la route. Mélisande pleurait. Hook alla
ramasser les arcs. Les Français étaient partis. À l’aide d’une hache, il creusa
au pied d’un chêne une tombe assez vaste pour ensevelir ensemble Peter
Goddington et Matt Scarlet sur la crête dominant la mer. Au-dessus d’Harfleur,
où les bombardes déchiquetaient les murailles.
     
     
    Ce fut un dur et long labeur. Hook
et les archers coupaient, débitaient et sciaient pour étayer fosses et
tranchées. De nouvelles positions furent établies pour les bombardes plus près
de la ville, mais les précieuses armes devant être protégées des assiégés, les
archers élevèrent d’épais boucliers de bois. Ils étaient faits de gros troncs
de chênes et inclinés en arrière pour dévier les projectiles vers le haut. Hook
jugea fort astucieux qu’ils soient montés sur des cadres leur permettant de
pivoter : ainsi, lorsque la bombarde était enfin prête à tirer, des hommes
manœuvraient une manivelle qui inclinait le haut du bouclier pour découvrir le
mufle noirci. La charge explosait, le monde disparaissait dans un épais nuage
de fumée qui empestait les œufs pourris, le fracas du boulet sur les murailles
était couvert par l’écho de la détonation, tandis que le bouclier retombait
lourdement pour protéger l’arme et ses artilleurs hollandais.
    L’ennemi ayant appris à guetter le
mouvement des boucliers et attendant cet instant pour tirer ses projectiles, la
protection des bombardes anglaises était renforcée par d’énormes paniers
d’osier remplis de terre et par des barricades, et parfois, alors que l’arme
n’était pas encore

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