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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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poussant des cris comme mouettes torturées sur
une grève noire. Un archer est chose terrible.
    — J’en suis un.
    — Tu es un terrassier pour
l’heure, sourit narquoisement Dafydd. Alors creuse.
    Ils creusèrent une tranchée allant
de la fosse à bombarde vers les murailles d’Harfleur et, voyant cela, les
assiégés firent pleuvoir sur eux une averse de carreaux et de boulets, tentant
de viser l’intérieur de la tranchée, mais la manquant le plus souvent. Une fois
trente toises atteintes, Dafydd se déclara satisfait et ordonna qu’une nouvelle
fosse soit creusée. Elle devait être vaste, carrée et profonde et les archers
pelletèrent jusqu’à atteindre une couche de craie. Comme l’eau y pénétrait, ils
pataugèrent dans la boue en élevant un parapet de troncs sur trois côtés, ne
laissant que l’arrière sans protection. Ils empilèrent les troncs à plat, de
manière à ce qu’un homme debout dans la fosse ne soit pas visible depuis les
remparts d’Harfleur.
    — Ce soir, dit Dafydd, nous
ferons un toit et notre belle taupe sera terminée.
    Ils le bâtirent de nuit, car la
fosse était à portée de carreau des murailles ; mais l’ennemi, qui avait
dû deviner leurs desseins, tira à l’aveuglette dans l’obscurité et trois hommes
furent blessés. Il leur fallut jusqu’au matin pour poser de longs troncs sur la
fosse, les recouvrir d’une épaisse couche de terre et de pierres et d’une
dernière rangée de troncs.
    — C’est maintenant que commence
vraiment l’ouvrage, dit Dafydd. C’est pourquoi nous allons devoir recourir aux
Gallois.
    — L’ouvrage ? demanda
Hook.
    — Nous allons creuser une sape,
mon garçon. Et ce sera fort profond.
    La pluie cessa à l’aube. Un vent
froid soufflant de l’ouest la poussait dans les terres et le soleil luttait
contre les nuages tandis que l’artillerie ennemie criblait la taupe de boulets
impuissants contre le parapet. Hook et ses archers dormirent, à l’abri de cabanes
grossières en bois, terre et fougères. En se réveillant, il trouva Mélisande en
train de récurer son haubert avec du sable et du vinaigre.
    — La rouille* , expliqua-t-elle.
    — Tu peux en faire autant pour
le mien ! s’esclaffa Will en sortant de son abri.
    — Fais-le toi-même, William.
Mais j’ai nettoyé celle de Tom.
    — C’est bien, la remercia Hook.
    Tous les archers se faisaient du
souci pour Thomas Scarlet, dont la bonne humeur coutumière avait été ensevelie
avec son frère jumeau. Il se renfermait sur lui-même et restait à l’écart.
    — Ce qu’il veut, dit Hook,
c’est croiser de nouveau ton père.
    — Thomas mourra, en ce cas, dit
tristement Mélisande.
    — Ton père t’aime, dit Hook. Il
t’a laissé la vie et t’a permis de demeurer avec moi.
    — Il t’a laissé la vie à toi
aussi, dit-elle, presque avec rancœur.
    — Je sais.
    Elle se tut, contemplant Harfleur
nimbée de fumée comme une falaise dans une brume de mer. Hook posa ses bottes
trempées près du feu. Le bois crépitait : c’était du saule, et le saule
protestait toujours contre le feu en projetant des étincelles.
    — Il aimait ma mère, je crois,
dit pensivement Mélisande.
    — Vraiment ?
    — Elle était belle et elle
l’aimait. Elle disait qu’il était beau.
    — Quand tu l’as vu dans le
bois, as-tu eu envie qu’il t’emmène avec lui ?
    — Non, répondit-elle avec
véhémence. Pour moi, c’est un mauvais ange. Et je crois qu’il est dans ma tête
comme ton saint dans la tienne et je voudrais qu’il s’en aille.
    — Tu penses à lui, c’est
cela ?
    — J’ai toujours voulu qu’il
m’aime, grommela-t-elle en récurant la cotte de plus belle.
    — Comme il aimait ta
mère ?
    — Non ! s’emporta-t-elle.
La vie est dure, Nicholas, tu le sais. Ce n’est que labeur et souci, on se
demande d’où viendra le pain du lendemain, et un seigneur n’a qu’un geste à
faire pour que tout cela cesse, labeur comme souci. C’est facile* . C’est
ce que je voulais.
    — Eh bien dis-le-lui.
    — Il est beau, mais il n’est
point gentil. Je le sais. Et c’est toi que j’aime. (Elle avait dit cela
apparemment sans affection, mais Hook fut frappé par ses paroles. Il regarda
les archers rapporter du bois de chauffe.) Connais-tu sir Robert Knolles ?
demanda-t-elle.
    — Bien sûr.
    Tous les archers connaissaient sir
Robert, mort quelques années plus tôt.
    — Il était archer autrefois.
    — C’est ainsi

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