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Azincourt

Azincourt

Titel: Azincourt Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Bernard Cornwell
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de
terreur muet emplissait son crâne. Il respirait de la poussière. Le jour du
Jugement dernier, les morts se lèveraient. Ils sortiraient de leurs tombes et
tourneraient leurs visages vers la sainte et resplendissante cité de Jérusalem,
et le ciel à l’orient serait plus étincelant que le soleil. Une grande terreur
se répandrait tandis que les morts ressuscités se dresseraient dans leurs linceuls.
Il y aurait des cris et des pleurs, mais tous les prêtres défunts de la
paroisse auraient été enterrés les pieds vers l’ouest afin de pouvoir se
dresser, lorsqu’ils sortiraient de leurs tombes, face à leurs ouailles et les
rassurer. Et pour une raison inconnue, alors que la terre s’ouvrait pour
ensevelir Hook, il songea à sir Martin et se demanda si ce visage tordu et
haineux serait le premier qu’il verrait au dernier jour, quand les trompettes
empliraient le ciel et que Dieu viendrait dans toute Sa gloire prendre Son
peuple.
    Un étai s’écroula dans un fracas de
terre et le cri qui résonnait dans sa tête mourut dans un geignement.
    Puis ce fut le silence. Un silence
soudain, total, obscur. Hook respira.
    — Mon Dieu, gémit Robert
Perrill.
    Quelque chose pressait contre le dos
de Hook. C’était lourd et cela semblait impossible à bouger, mais cela ne
l’écrasait pas. Les ténèbres étaient absolues.
    — Mon Dieu, je vous en prie,
supplia Perrill.
    La terre trembla de nouveau et ils
entendirent une détonation assourdie. Une bombarde, se dit Hook, qui entendit
même des voix, mais bien lointaines. Il avait la bouche pleine de poussière. Il
cracha. Il tenait toujours sa vouge, mais il ne pouvait la bouger. Elle était
coincée. Il la lâcha et tâtonna autour de lui, sentant qu’il était dans un
espace exigu. Ses doigts effleurèrent le crâne de Perrill.
    — Aide-moi, gémit celui-ci.
    Hook ne répondit pas. Il tâta
derrière lui et comprit qu’une poutre à demi tombée avait ménagé ce petit
espace où ils se trouvaient. C’était cela qui pressait contre son dos.
    — Que dois-je faire ?
demanda-t-il à voix haute.
    « Tu n’es pas loin de l’air
libre », répondit saint Crépinien.
    — Tu dois m’aider, dit Perrill.
    Si je bouge, je meurs, pensa Hook.
    — Nick ! Aide-moi, je t’en
prie ! supplia Perrill.
    « Redresse-toi
simplement », dit saint Crépinien.
    « Un peu de courage »,
ajouta durement saint Crépin.
    — Pour l’amour du ciel,
aide-moi, geignit Perrill.
    « Déplace-toi à main droite,
dit saint Crépinien. Et ne crains rien. »
    Hook bougea lentement. De la terre
s’écroula.
    « À présent, creuse-toi une
issue, dit saint Crépinien. Comme une taupe. »
    — Les taupes meurent, dit Hook.
    Il voulut expliquer comment on
piégeait les taupes en bouchant leurs galeries et en creusant pour en sortir
les animaux effrayés, mais le saint ne voulait rien entendre.
    « Tu ne mourras point, lui
dit-il avec agacement. Il suffit que tu creuses. »
    Hook se mit donc en devoir de
pelleter à deux mains la terre qui s’effondrait sur lui et lui remplissait la
bouche. Il avait envie de crier, mais il ne pouvait pas ; il poussait de
toutes ses forces la terre qui s’écroulait autour de lui et il était certain
qu’il allait mourir ici, quand soudain il prit conscience qu’il respirait de
l’air frais. Leur tombe était très peu profonde, ce n’était qu’une mince couche
de terre et il était à demi sorti. Il fut stupéfait de se rendre compte que la
nuit n’était pas tombée. Il semblait pleuvoir, mais le ciel était clair :
il vit alors que les Français tiraient des carreaux depuis la barbacane et les
murailles à demi effondrées. Pas sur lui, mais sur les hommes terrés dans les
tranchées anglaises et aux abords de la taupe.
    Hook était enterré jusqu’à la
taille. Il glissa la main le long de sa jambe, empoigna Robert Perrill au
collet et tira l’archer suffoquant à l’air libre. Un carreau se ficha dans le
sol à quelques pouces de lui. Il s’immobilisa.
    Il se trouvait dans une tranchée
grossière dont les hautes parois le protégeaient un peu des tirs des Français.
Les défenseurs de la cité triomphaient bruyamment. Ayant vu la galerie
s’effondrer et les Anglais tenter de sauver les quelques survivants, ils
faisaient pleuvoir une pluie de carreaux sur les sauveteurs.
    — Mon Dieu… soupira Perrill.
    — Tu es en vie.
    — Nick ?
    — Nous devons attendre.
    — Attendre ?
    — Nous ne pouvons

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