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Azteca

Azteca

Titel: Azteca Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Gary Jennings
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amples, afin de ne pas courir le risque de dévoiler par
hasard la malformation génitale à laquelle j’ai fait allusion. Il était chaussé
de sandales dorées et parfois, quand il n’avait pas à marcher, ses semelles
étaient en or massif. Il ruisselait de bijoux : un collier d’or avec un
médaillon lui recouvrait presque toute la poitrine ; à la lèvre
inférieure, un labret de cristal avec une plume d’oiseau en inclusion ;
des boucles d’oreilles en jade et une turquoise à la narine. Sur la tête, il
portait un diadème d’or piqué de hautes plumes ou bien une coiffure de plumes
de quetzal grandes comme le bras.
    Mais le plus stupéfiant, c’étaient ses manteaux. Ils lui tombaient
toujours jusqu’aux chevilles et étaient tissés de plumes éblouissantes et
rares. Certains étaient d’une seule couleur, écarlate, jaune, bleu, vert et
d’autres multicolores. Je me souviens particulièrement de l’un d’eux fait
uniquement de plumes de colibri multicolores, irisées et scintillantes. Quand
je vous aurai dit que les plumes du colibri ne sont pas plus grosses qu’un cil,
Votre Excellence pourra juger du talent et du travail du plumassier et de la
valeur inestimable d’une telle œuvre d’art.
    Pendant ses deux années de régence, Motecuzoma avait vécu simplement
avec ses deux femmes dans quelques pièces du vieux palais, alors bien délabré,
de son grand-père Motecuzoma l’Ancien. Il s’habillait sobrement, ne déployait
aucune pompe et se gardait d’exercer tous les pouvoirs dévolus à un régent. Il
n’avait promulgué aucune nouvelle loi, ni fondé d’autres colonies de peuplement
sur les frontières, ni entrepris de guerre. Il s’était contenté de régler les
affaires courantes qui n’exigeaient pas de décision spectaculaire.
    Mais, quand il se dépouilla de ses manteaux bleu et noir pour devenir
Orateur Vénéré, il rejeta en même temps toute humilité. Je ne pourrai pas mieux
vous le faire comprendre qu’en vous racontant ma première entrevue avec lui,
quelques mois après son accession, quand il commença à recevoir un par un tous
les nobles et tous les chevaliers. Il prétendait vouloir se familiariser avec
des subordonnés qu’il ne connaissait que comme des noms sur un registre, mais
je crois bien que le but réel de l’opération était de nous impressionner par sa
majesté et sa magnificence. Quand il en eut terminé avec les courtisans, les
nobles, les prêtres, les devins et les sorciers, vint le tour des
Chevaliers-Aigle et je fus convoqué à la cour. Je m’y présentai, resplendissant
et mal à l’aise dans ma tenue emplumée et le laquais qui était devant la porte
de la salle du trône me dit :
    « Le Seigneur Chevalier-Aigle Mixtli veut-il enlever son
uniforme ?
    — Certainement pas, lui répondis-je. J’ai eu bien trop de mal à y
rentrer.
    — Seigneur, reprit-il, visiblement embarrassé, c’est un ordre du
Uey tlatoani en personne. Otez votre casque, votre bouclier et vos sandales et
enfilez ceci sur votre armure.
    — Ces guenilles ! m’exclamai-je en le voyant me tendre un
vêtement informe de cette fibre de maguey qu’on utilise pour faire des sacs. Je
ne viens ni pour supplier, ni pour quémander. Comment oses-tu ?
    — Je vous en conjure, Seigneur, supplia-t-il en se tordant les
mains, vous n’êtes pas le premier qui s’en offense, mais la règle est
maintenant que tous ceux qui se présentent devant l’Orateur Vénéré soient
nu-pieds et vêtus en mendiant. Je ne peux pas vous laisser entrer
autrement ; il m’en coûterait la vie.
    — Quelle folie ! » murmurai-je. Mais pour épargner le
pauvre diable, je déposai mon casque, mon bouclier et mon manteau et m’affublai
de la toile de sac.
    « Et maintenant, quand vous entrerez…
    — Merci, coupai-je sèchement. Je sais comment me comporter devant
les Grands.
    — Il y a un nouveau protocole, poursuivit le malheureux. Je vous
en supplie, Seigneur, n’attirez pas son courroux sur vous et sur moi. Je ne
fais que transmettre les ordres.
    — C’est bon, marmonnai-je.
    — Vous verrez trois marques à la craie sur le sol, entre la porte
et le fauteuil de l’Orateur Vénéré. La première se trouve juste après le seuil.
Là, vous devrez vous incliner et faire le geste du tlalqualiztli – porter les
mains des lèvres au sol – et dire : « Seigneur ». Puis, vous
avancerez jusqu’au second trait, vous embrasserez à nouveau la terre en
disant :

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