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Bombay, Maximum City

Titel: Bombay, Maximum City Kostenlos Bücher Online Lesen
Autoren: Suketu Mehta
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carrière en petit truand et exercé d’abord à Nagpada, au centre de Bombay. À l’époque, la ville était sous la coupe de Haji Mastan, expert incontesté de la contrebande de l’or qui exploitait ce filon depuis qu’un naïf lui avait confié la garde d’un sac plein de pièces d’or. Mastan aidait volontiers les pauvres, et de fil en aiguille cette activité charitable le fit basculer dans la politique et les services sociaux. Il fut remplacé par le clan Pathan, des immigrés afghans emmenés par un certain Karim Lala. La rapide ascension de Dawood au sein de la corporation des contrebandiers l’amena à se heurter à deux des chefs de ce gang, Amirzada et Alamzeb Pathan. En 1981, ces derniers éliminèrent un de ses frères, Sabir. Dawood jura de le venger et commandita de fait l’exécution d’Amirzada, tué à bout portant dans un tribunal au moment où il s’avançait vers la barre des témoins. Traqué par la police, Dawood s’exila en 1984 pour Dubaï où il avait noué de puissants contacts grâce au commerce illicite de l’or. Là, il tira avantageusement parti du fait que le précieux métal, importé sous le contrôle de Delhi, se vendait beaucoup plus cher qu’au Proche-Orient. Ce commerce atteignit des sommets en 1991, année où quelque deux cents tonnes d’or furent introduites en fraude dans le pays. En 1992, toutefois, l’État indien n’eut plus le monopole des importations et les prix baissèrent substantiellement. Dawood se reconvertit dans l’extorsion de fonds, l’immobilier et la production de films.
    À Bombay, il avait pour second un de ses concitoyens de Nagpada, Chotta Shakeel, qui en 1998, à l’âge de trente et un ans, vint le rejoindre à Dubaï pour échapper à la prison. Shakeel fut remplacé en Inde par un revendeur à la sauvette de billets de cinéma, Rajendra Sadashiv Nilkhalje, né en 1960 et surnommé Chotta Rajan (le petit Rajan) pour le distinguer de son guide spirituel, Bada Rajan ; quant à Chotta Shakeel, on l’appelle ainsi parce qu’en effet c’est une demi-portion. Pour son premier coup d’éclat, Chotta Rajan choisit de venger le meurtre de son mentor : il confia un pistolet de fabrication indienne à un tout jeune porteur de thé avec mission de s’en servir pendant un match de cricket auquel assistait le tueur de Bada Rajan. Le gosse descendit ce dernier devant des centaines de personnes, puis, prenant ses jambes à son cou, détala sur six kilomètres pour aller s’abriter en lieu sûr. Par la suite, Chotta Rajan gagna le respect de Dawood en éliminant plusieurs grosses pointures du clan Pathan.
    Dawood coulait des jours heureux à Dubaï. Il y recréait Bombay en organisant des fêtes débridées où il faisait venir les plus grandes stars de cinéma de Bollywood et les joueurs de cricket de la ville ; il avait pour maîtresse une jolie starlette, Mandakini. Dans le pays qu’il avait quitté, son empire s’étendait toujours davantage et l’avenir devait lui paraître radieux. Las, il fallut que les émeutes éclatent. Puis les bombes, en représailles.
    Ajay était alors un brillant officier de police qui, à la différence de la grande majorité de ses collègues de Bombay, avait passé toute sa jeunesse à Bandra. Affecté à Mahim, il y occupait le poste de commissaire adjoint chargé de la circulation et avait donc pour mission de fluidifier le trafic, tâche plus difficile encore sans doute que celle assignée à la brigade antigang. Le 12 mars 1993, une bombe explosa à Dadar non loin du siège du Sena, sur l’aire d’une station-service. Très inquiets, les dignitaires du parti accourus sur les lieux demandèrent à Ajay d’inspecter leurs locaux afin de détecter la présence éventuelle d’autres engins explosifs. Armé d’un simple bâton, Ajay fouilla les moindres recoins sans rien déceler d’anormal. Quinze à vingt minutes plus tard, cependant, une voiture piégée explosait à quelques pas, devant le cinéma Plaza. Comprenant ce qui se passait, Ajay fut le premier à alerter le centre de contrôle à qui il recommanda de bloquer les aéroports et les gares. « C’est une réaction en chaîne, expliqua-t-il en substance. Le but est de pousser les communautés à l’affrontement. »
    Au total, dix bombes de forte puissance fabriquées à partir d’hexogène ébranlèrent la ville ; trois autres, placées dans les quartiers du centre où la foule est particulièrement dense, firent long feu. Les cibles

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